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Une caravane des droits

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Au départ, l’idée de cette caravane est venue du collectif d’animation de la campagne. Je ne cache pas que si l’idée paraissait excellente, il n’empêche que quelques nez se tordirent aussi. Car la perspective d’embrayer après six mois de campagne en tension permanente sur une opération qui occuperait tout l’été faisait peur. Comme souvent dans ce genre de situation, mieux vaut se dire les choses franchement plutôt que de prendre des engagements qu’on charge les autres de réaliser…

Ce n’est qu’en voyant Mathilde Panot prendre la conduite des opérations en main que je fus certain que tout se ferait. Je dis son nom parce qu’il faut dire que les responsables sont si souvent à la peine ! Mais tant d’autres se sont joints à elle avec efficacité et fidélité ! Intendance, logistique, déploiement militant : c’est tant de choses à prévoir et à coordonner ! Le plan de l’organisation nationale doit se combiner étroitement avec les acteurs locaux, non seulement ceux de notre mouvement mais aussi ceux du terrain où l’on se rend. Car ensuite c’est vers eux, collectifs locaux, associations de quartier que l’on renvoie ceux qui ont besoin de davantage de contacts de toute nature.

J’ai déjà décrit ici les méthodes et les objectifs de cette campagne. Si l’on devait résumer on dirait : opération reconstitution du peuple citoyen. Comment ramener à la citoyenneté des personnes que tout en a éloigné ? Il faut partir du départ : qu’est-ce que concrètement un citoyen ? Réponse : un sujet de droits et un participant à la décision sur la direction de la cité. Revenir à la citoyenneté c’est donc redevenir sujet de droits et revenir à la participation, c’est-à-dire au vote.

La campagne est donc double. D’un côté il s’agit de faire connaître ses droits à chacun. C’est très concret. À l’aide d’un simulateur on vérifie ce à quoi chacun a droit. On a vite des bonnes nouvelles, sachant quels niveaux incroyables atteignent les « taux de non recours », c’est-à-dire le nombre de ceux qui devraient bénéficier d’une prestation et l’ignorent. Vient la question du vote et du préalable : l’inscription sur les listes électorales.

Sur le terrain, les volontaires de « La France insoumise » ont pu confirmer le diagnostic : l’immense sentiment d’abandon des populations va de pair avec leur indifférence hostile à la participation au vote. En effet celui-ci est vu comme une façon de cautionner le système et les élus qui les méprisent. Ici, les slogans de la campagne font mouche. Si nous étions venus faire une leçon de morale civique de plus, quand même serait-elle motivée par de nobles préoccupations « citoyennes », les oreilles et les esprits se seraient fermés. La question de l’inscription sur les listes électorales se joue en quelques mots : il faut s’inscrire pour les faire dégager. Sinon « eux », ceux de la caste et du système n’oublieront pas d’aller voter. « Vu comme ça », disent plus d’un, « ça vaut la peine ! ».

Voilà donc au bout du bout et sur le terrain comment se concrétise le processus d’auto-dissolution du peuple et la méthode pour sa reconstitution. Voilà ce que j’aimerai faire entendre à toutes ces personnes qui me reprochent la « dureté » du ton de nos slogans et « la stratégie de la conflictualité ». Voilà la leçon : les gens qui nous parlent considèrent que voter c’est cautionner l’ordre injuste qui les accable. Ni plus ni moins. Ce n’est que dans l’idée de chasser les responsables de cette situation que leur regard change. Je n’y reviens que pour souligner auprès de mes lecteurs les plus attentifs le lien entre théorie et pratique dans la lutte politique quand on voudrait nous faire croire que tout est affaire de « communication ».

Sur le terrain les volontaires « insoumis » continuent leur travail jusqu’à fin août : présence du stand, porte à porte, tractage et surtout dialogues partout. La caravane s’est partagée en deux, l’une cheminant à l’ouest et l’autre vers le sud-ouest. Souvent, la presse locale signale ce passage la veille et en traite le lendemain. C’est une intervention précieuse car souvent on y lit des échos de la parole des gens eux-mêmes et c’est déjà une façon de les rendre visibles. Une autre utilité est qu’elle rend compte aussi des tentatives des petits potentats locaux qui parfois veulent nous interdire de faire halte et évoquent les arguments les plus éculés pour éviter la contagion de l’insoumission. Ils sont ainsi bien montrés pour ce qu’ils sont. Et, bien sûr, on complète leur portrait sur les réseaux sociaux car la caravane en images et brefs récits est suivie sur Facebook et sur le site JLM 2017.

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