Un article du groupe thématique Santé
La santé mentale en France est une préoccupation majeure, en particulier depuis l’avènement de la pandémie de Covid-19. Les rapports officiels soulignent de manière constante que la santé mentale des français·es se détériore, exigeant ainsi une réforme urgente des soins psychiques. Pourtant, la profession des psychologues clinicien·nes, des expert·es qualifié·es dans ce domaine, reste largement sous-reconnue et mal comprise.
Le dispositif Mon soutien psy, boycotté par 93 % des psychologues libéraux, en est un parfait exemple. Cette désertion massive souligne des préoccupations majeures concernant le fonctionnement de ce dispositif.
Tout d’abord, le dispositif établit une discrimination incohérente des patient·es en excluant les troubles sévères. Cette approche écarte de nombreux et nombreuses patient·es. Ensuite, il exige que ceux-ci et celles-ci passent par leur médecin généraliste pour être orienté·es vers un·e psychologue. Cela crée une étape supplémentaire dans le processus d’obtention de soins, frein supplémentaire pour de nombreuses personnes sans médecins traitants.
De plus, ce dispositif impose un nombre de séances annuelles standardisé et insuffisant, procédé inapproprié pour traiter de manière satisfaisante la plupart des troubles psychiques. En conséquence, il existe un risque significatif de rupture dans la continuité des soins, pouvant devenir un facteur aggravant de la maladie.
Enfin, les psychologues libéraux qui acceptent de participer au dispositif Mon Soutien Psy sont confrontés à des tarifs conventionnés ridiculement bas, sans possibilité de dépassement d’honoraires. Cette situation les condamne à un dilemme financier : soit ils sacrifient la qualité de leur travail en réduisant la durée de leurs séances pour survivre financièrement, soit ils travaillent à un tarif insoutenable. La précarisation de la profession est un effet indésirable majeur de ce dispositif.
Dans le même temps, les centres médico-psychologiques, qui jouent un rôle fondamental dans l’offre de soins psychiques, souffrent d’un sous-financement chronique. Les listes d’attente s’allongent, et des patient·es en détresse doivent attendre des périodes excessivement longues pour obtenir des soins adéquats.
Face à ces constats, également partagés par la mission d’évaluation sur le sujet portée par les députés Éric Alauzet (Renaissance), Pierre Dharréville (GDR - NUPES) et Sébastien Peytavie (Écologiste - NUPES), le groupe de La France insoumise a proposé un amendement crucial lors de l’examen du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2024 (PLFSS24), qui avait pour objectif de contraindre le gouvernement à réaliser un rapport complet sur l’efficacité du dispositif Mon Soutien Psy. Ce rapport devait également explorer les possibilités de réorienter les fonds alloués à ce dispositif vers les centres médico-psychologiques et les centres publics afin de mieux répondre aux besoins des patient·es. Le rejet de cet amendement en commission des affaires sociales montre une fois de plus que la stratégie du gouvernement vise davantage à apaiser l’opinion publique qu’à résoudre efficacement les problèmes.
Les psychologues restent mobilisés sur le terrain avec le collectif #Manifestepsy regroupant près de 8700 psychologues, pour la sauvegarde de soins psychiques de qualité et éthiques, ainsi que pour la construction de l’avenir des psychologues clinicien·nes psychothérapeutes en France.
La France insoumise exhorte le gouvernement à réagir urgemment face à la crise de santé mentale qui frappe le pays. La reconnaissance des psychologues clinicien·nes et la réorientation des ressources vers des services publics de santé mentale sont des étapes indispensables pour répondre à cette crise.