Communiqué du groupe parlementaire La France insoumise-NUPES
Après 16 ans de procédures, les 5 pages d’explications du non-lieu prononcé dans l’enquête sur le chlordécone aux Antilles laissent un goût amer, un goût de honte.
Malgré la reconnaissance du scandale sanitaire et des conséquences humaines, économiques, sociales et environnementale de ce pesticide, il n’est question, au mieux, que d’“imprudence” et de “négligence” de la part des pouvoirs publics à la faveur de la productivité économique. Le “souci” et la “difficulté” pour obtenir la vérité judiciaire et la preuve pénale des faits justifient le non-lieu. Pire, ce sont les victimes qui sont mises en cause pour être restées “longtemps silencieuses”.
La vérité historique est toute autre. Les États-Unis d’Amérique ont interdit le chlordécone dès 1976. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré le pesticide « possiblement cancérogène pour l’homme et perturbateur endocrinien » en 1979. Il faut attendre 1990 pour qu’il soit enfin interdit en France hexagonale, mais il continue d’être autorisé dans les bananeraies par dérogation ministérielle jusqu’en 1993, pour que les planteurs puissent écouler les stocks. Les pouvoirs publics ont sciemment choisi la politique du 2 poids 2 mesures, fermant les yeux sur l’empoisonnement des Antilles. Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique y est contaminée, détenant le triste record mondial de cancers de la prostate. L’INSERM a également démontré l’impact négatif sur les femmes enceintes. Les sols et l’eau sont durablement contaminés, les cultures et les productions animales impactées.
Le verdict, tombé le 2 janvier dans l’ordonnance du tribunal judiciaire de Paris, ne va pas mettre fin à la bataille judiciaire puisque les parties civiles, associations et élu·es locaux, ont annoncé faire appel, jusqu’aux instances européennes s’il le faut.
Le groupe parlementaire LFI-NUPES réaffirme son soutien à toutes les victimes et aux actions citoyennes pour obtenir justice et réparation. Il appelle notamment le gouvernement à répondre aux demandes de reconnaissance comme maladie professionnelle de pathologies issues de ladite contamination pour que les ouvriers et ouvrières agricoles puissent bénéficier de l’indemnisation ; de prévention sanitaire et de dépollution.