« Cette année encore, bien que le budget du ministère de l’éducation et de la jeunesse passe à 55 milliards, soit une augmentation de 2,49 %, la répartition des moyens n’est pas faite en fonction des besoins réels.
La revalorisation salariale des enseignants est insuffisante. Vous annoncez un budget de 700 millions pour ce poste, mais dans le détail, seuls 400 millions y seront réellement consacrés, le reste correspondant pour 100 millions à la montée en charge des mesures de 2021 et pour 200 millions à la protection sociale complémentaire de tous les personnels, soit 180 euros par an. Loin d’être une fleur accordée, le ministère est contraint de la financer suite à l’adoption de la loi sur la transformation de la fonction publique. En fait, sur ces 400 millions, seulement 260 millions iront concrètement à la revalorisation du salaire des enseignants, à travers une prime d’attractivité, d’un montant de 29 à 57 € selon l’ancienneté.
A ce jour, selon l’OCDE, la France est toujours à la traîne par rapport aux autres pays avec un salaire inférieur de 7 % pour les enseignants en début de carrière et de 18 % pour ceux ayant entre 10 et 15 ans d’ancienneté. En parallèle, le salaire des enseignants a augmenté de 6 à 7 % dans les autres pays.
En ce qui concerne les AESH, les 4 000 ETP supplémentaires en 2022 restent hélas bien insuffisants face aux besoins réels.
15 000 enfants étaient privés d’AESH à la rentrée 2021, dont 1 000 sans aucune solution de scolarisation.
Malgré la nouvelle grille de salaire des AESH, les salaires perçus permettent à peine de survivre, car beaucoup d’AESH sont en temps partiel subi.
La généralisation des PIAL visant à mutualiser les AESH pour économiser des postes face à l’augmentation importante des notifications MDPH n’est pas non plus une réussite. Cela contribue à dégrader les conditions de travail des AESH, qui sont amenés à accompagner plusieurs élèves en même temps, alors que les élèves qui ont des handicaps divers, étaient jusqu’à présent répartis dans des classes différentes. De plus, les AESH sont affectés dans plusieurs établissements, ce qui vous le comprendrez aisément, ne facilite pas leur quotidien.
Enfin, l’accompagnement des élèves s’en ressent également, puisqu’ils sont désormais parfois accompagnés par plusieurs personnes différentes dans la même semaine.
Par ailleurs, vous créez 1 369 postes dans le 1er degré, ce qui est une bonne chose, mais en même temps, dans le 2nd degré vous supprimez 1 354 postes, alors que les effectifs devraient augmenter de 23 900 élèves. Depuis 2017, 9 105 postes ont été supprimés dans le 2nd degré alors qu’il y a eu 96 000 élèves supplémentaires dans la même période.
Pour pallier le manque d’enseignants, ces derniers sont obligés d’accepter deux heures supplémentaires de cours par semaine. Selon la FSU, cela équivaut à 2 500 postes.
Cette année encore, les cadeaux à l’école privée se poursuivent. En effet, le crédit alloué à l’enseignement pré-élémentaire a augmenté de 6,38 % dans le privé mais seulement de 2,32 % dans le public. Le crédit de l’enseignement élémentaire lui a augmenté de 7,21 % dans le privé et seulement de 2,32 % dans le public. Le crédit alloué à l’enseignement en collège a augmenté de 1,87 % dans le privé et de seulement 1,52 % dans le public. Enfin le crédit alloué à l’enseignement général et technologique en lycée a augmenté de 1,71 % dans le privé et de seulement 1,52 % dans le public.
Dans ce budget, sans surprise, les besoins réels de l’école ne sont pas pris en compte, ce qui a pour effet de mettre à mal encore un peu plus l’égalité des chances et de renforcer le déterminisme social.
C’est pourquoi nous voterons contre les crédits de la mission enseignement scolaire. »