« Madame Ressiguier alerte Monsieur le ministre de l’éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur les nombreuses heures de cours perdues pour les élèves du primaire et du secondaire dues aux absences non remplacées de leurs enseignants.
En France, le code de l’éducation inclut le droit à l’éducation. Bon nombre d’établissements scolaires du primaire comme du secondaire font face à des absences d’enseignants non remplacés. Or, la continuité du service public implique le remplacement des enseignants absents.Le manque récurrent d’enseignants remplaçants n’est pas une nouveauté, mais la crise sanitaire met en exergue ce problème que vous ne pouvez plus occulter.
La FCPE met à disposition une plateforme appelée “Ouyapacours” qui permet aux parents d’élèves de déclarer le non remplacement d’un ou de plusieurs enseignants. Au 15 avril 2021, on dénombre sur cette plateforme 29 168 heures de cours perdus pour les élèves. Le département des Yvelines comptabilise à lui seul 1 604 heures suivie par la Vendée avec 1 418 heures. Le département de l’Hérault, lui, comptabilise 755 heures perdues.
Lors de l’absence d’un enseignant, les élèves du primaire sont répartis dans d’autres classes pas toujours du même niveau que le leur. Que fait un élève de CM2 de ses journées quand il se retrouve pendant une dizaine de jours dans une classe de CE1 ? Pendant ce temps, le programme scolaire continue d’être enseigné dans les classes dont l’enseignant est présent.
Lors du premier confinement les enfants ont perdu de nombreuses heures de cours et beaucoup se trouvent en situation de décrochage scolaire. Les parents les plus à l’aise financièrement se tournent de plus en plus vers le privé ou financent des cours particuliers à leurs enfants. Dans le même temps, les foyers les plus précaires subissent ce manque sans pouvoir le compenser.
Un rapport de monsieur Daniel Bloch « Pas de classe sans enseignants » datant de 1998, notait que le temps de présence des enseignants, au lycée et au lycée professionnel était inférieur de 12% environ au temps théorique, en raison d’absence justifiées des enseignants, de 8 à 9% dans les collèges et de 7 à 8% dans les écoles. Dans une interview le 19 mars 2021 vous affirmiez que 94% des professeurs absents étaient remplacés à ce moment-là. Les chiffres sont hélas difficilement accessibles, mais le taux que vous annoncez ne correspond pas au quotidien vécu par les élèves. Être transparent sur la question et rendre les chiffres par académie accessible à tous est nécessaire.
Si la problématique n’est pas nouvelle, elle s’aggrave et peut être désastreuse pour les élèves les plus défavorisés, l’éducation nationale doit assumer son rôle émancipateur et permettre l’égalité des chances. L’école doit contribuer à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire, éducative et lutter contre le déterminisme social.
La baisse des DHG a contribué à supprimer environ 1 880 postes d’enseignants lors de la rentrée scolaire 2021 dans les collèges et lycées au nom du “rééquilibrage premier et second degré ». Il faut partir des besoins et donner plus de moyens à l’Education nationale, notamment créer des postes d’enseignants.
Monsieur le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports que comptez-vous mettre en place pour pallier dès à présent aux absences des enseignants non remplacés y compris pour les absences de moins de quinze jours ? Avez-vous conscience que votre politique non seulement ne règle pas le problème, mais l’accentue, notamment à la rentrée prochaine ou vous demandez de compenser la baisse des DHG via des heures supplémentaires dans le secondaire ? »