Auditions de :
- Sophie Mazas, avocate spécialisée en droit public et en droit des étrangers
- Anne-Sophie Simpere, responsable de plaidoyer à Amnesty International en charge des questions de police/justice
- Laurent Bigot, ancien Directeur de cabinet du Préfet en charge du maintien de l’ordre et désormais vidéaste pour l’agence AB7 Média
Cette vidéo a été réalisée dans le cadre des auditions menées par les députés de la commission des lois Ugo Bernalicis et Danièle Obono
Le mouvement des “gilets jaunes” s’est accompagné d’un durcissement violent du maintien de l’ordre. La répression des mouvements sociaux qui s’exerce depuis le mandat de François Hollande et qui s’est accentuée avec Emmanuel Macron est montrée au grand public. Cette gestion quasi-autoritaire de la contestation sociale oubliant tout dialogue social impose de repenser le maintien de l’ordre en partant de l’objectif premier de cette mission des forces de sécurité : garantir le l’exercice par les citoyennes et citoyens de leur liberté fondamentale de manifester.
Les intervenants nous exposent tour à tour les changements, les évolutions qu’ils ont observé dans la gestion des manifestations. Sophie Mazas, avocate, se demande quand est-ce qu’il sera à nouveau possible de manifester en tong. Elle nous décrit la déconnexion qu’elle ressent entre la justice et la réalité d’un maintien de l’ordre devenu de plus en plus répressif et l’emploi débridé d’armes de guerre. Elle s’inquiète et nous alerte sur les évolutions technologiques qui vont sans doute toucher le maintien de l’ordre notamment les drones.
Anne-Sophie Sempere, chargée de plaidoyer à Amnesty fait un constat similaire, nous rappelant que la France est devenu le pays vers lequel d’autres pays se tournent pour avoir un exemple de mauvaise gestion des manifestations par les pouvoirs publics. D’autres pays européens font face à des problématiques similaires à celles que nous connaissons en France et vers lesquels nous pourrions nous tourner pour échanger des bonnes pratiques. Anne-Sophie Sempere connaît bien le cadre législatif actuel du maintien de l’ordre et s’interroge sur la pertinence de certains délits. Elle est porteuse de nombreuses propositions dont la France Insoumise s’est par ailleurs déjà largement nourri.
Laurent Bigot, ancien directeur de cabinet d’un préfet chargé du maintien de l’ordre, nous parle de son passage d’un “côté” à l’autre du maintien de l’ordre puisqu’il est manifestant gilet jaune. Il nous partage son sentiment d’être perçu par les forces de l’ordre comme un “ennemi” dénonçant le changement complet de doctrine qu’il observe et l’utilisation des forces de l’ordre pour faire de la répression politique. Il décrit les dispositifs illogiques consistant à placer les unités non formées en première ligne et équipées des armes les plus létales, et revient sur le dispositif des nasses et des micro-charges pensées pour physiquement atteindre les manifestants.
Il ressort de l’ensemble des interventions qu’il y a une réelle utilisation politique des forces de l’ordre en manifestation alors que la force doit rester neutre et accompagner les citoyennes et citoyens dans leur exercice de leur liberté de manifester. La stratégie de l’escalade doit cesser au profit d’une stratégie de désescalade. C’est dans ce sens que vont les propositions des intervenants et de la France insoumise.