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Lettre des chef·fes de file régionaux aux insoumis·es des Pays de la Loire

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Cher·es camarades insoumis·es,
Cher·es signataires de l’Appel « Faisons causes communes en Pays de la Loire »,

Les élections régionales et départementales auront bien lieu en juin. Elles se dérouleront dans un contexte difficile pour qui veut convaincre par des campagnes populaires comme nous le souhaitons. Les restrictions de déplacement et de rassemblement restent en vigueur, la peur du virus pèse sur les échanges, la crise sanitaire écrase les autres thèmes de campagne. L’abstention menace d’être massive.

Comment faire entendre la voix de la justice sociale, de l’emploi, du service public, de la lutte contre la pauvreté, de l’urgence écologique, de la transition de l’agriculture, de l’intervention citoyenne dans ce contexte ? Quelle stratégie retenir pour La France insoumise dans notre région ? Cette question, nous nous la posons depuis de longs mois dans l’équipe régionale constituée en septembre pour cela, dans les trois assemblées régionales que nous avons organisées en octobre, mars et avril, dans les instances nationales de notre mouvement.

La France insoumise a décidé de participer aux élections régionales en Pays de la Loire dans le cadre d’une coalition dès le 1er tour avec le Pôle écologiste (EELV, Génération·s, Génération écologie). Suite à l’absence de consensus lors de l’assemblée régionale du 8 avril, la coordination des espaces du mouvement a entendu les chef·fes de file régionaux et considéré que l’équipe régionale avait inscrit ses travaux dans le cadre du texte d’orientation national et que son avis favorable à cette option devait être suivi. Ce texte d’orientation, approuvé par un vote des insoumis·es à plus de 90% en septembre, fixait clairement notre stratégie dans la recherche de coalitions autour d’un programme partagé et dans l’opposition à la macronie. La volonté d’une cohérence nationale justifie l’intervention des instances nationales de notre mouvement en cas de débat voire d’absence de consensus régional conformément à ce texte d’orientation. C’est le cas dans notre région.

Ce choix, nous le faisons pour trois raisons qui correspondent à nos objectifs politiques :

  • Arracher la région à la droite LR qui la dirige et à LREM qui espère la gagner, tout en affrontant le Rassemblement national
  • Porter haut un programme qui met l’écologie et la justice sociale au cœur
  • Faire entrer la parole insoumise dans le Conseil régional pendant les sept ans que durera le prochain mandat

Arracher la région à la droite LR qui la dirige et à LREM qui espère la gagner, c’est loin d’être fait mais c’est indispensable. Les cheminots nous disent qu’une victoire LR ou LREM signerait l’ouverture à la concurrence de tous les TER et la casse du service public dans le prochain mandat. Les militant·es des associations de solidarité nous alertent sur l’urgence d’affronter la pauvreté qui explose. Les mobilisations pour le climat nous disent que nous n’avons plus le temps de rester spectateur·rices. Nous sommes sans doute la région où la victoire est la plus atteignable. L’accord avec le Pôle écolo prévoit clairement notre volonté de battre les trois droites dont LREM. Nous voulons prendre toute notre place dans cette bataille. Nous savons qu’en l’état actuel du rapport de force, La France insoumise en peut prétendre l’emporter seule, mais nous savons que la victoire est impossible sans notre apport décisif. Nous pensons qu’une liste conduite par le PS au 2nd tour n’est pas la meilleure option ni politiquement, ni électoralement pour espérer gagner. Nous décidons donc de nous donner les moyens d’un autre scenario en construisant une liste Pôle écolo – LFi qui vise à créer une forte dynamique au 1er tour et être devant la liste du PS, pour l’emporter au second tour.

Nous pensons aussi que la seule manière d’espérer gagner est une liste portant un nouveau projet, autour d’une écologie populaire et de la justice sociale. Le programme a été notre maître-mot pendant toutes les discussions avec les autres forces (y compris le PCF qui a décliné notre proposition d’alliance même derrière une tête de liste communiste). L’accord obtenu avec le Pôle écolo intègre plusieurs de nos combats pour un bouclier social, la transition écologique et l’intervention citoyenne : la création d’un droit au RIC régional, l’augmentation à 50% de la part de produits bio dans les cantines des lycées, un plan de rénovation énergétique des lycées, le refus de l’implantation d’Amazon, le refus de l’ouverture à la concurrence des TER en réaffirmant le choix du service public — l’accord acte clairement que « l’ouverture à la concurrence n’est pas la solution pour atteindre [nos] objectifs » —, l’instauration de la gratuité pour une partie de la population sur les transports régionaux, la « conditionnalité des aides aux entreprises à l’atteinte de d’objectifs environnementaux, d’égalité femmes-hommes, au maintien de l’emploi local » dit encore l’accord. Face à une droite dure néolibérale, productiviste et néoconservatrice, ce ne sont pas des demi-mesures. Ce sont des choix de rupture pour notre région.

Cet accord nous permettra de faire entrer au conseil régional des voix insoumises. En cas de défaite, nous pourrions être en situation de créer un groupe autonome avec trois élu·es possibles. En cas de victoire, avec au moins 5 élu·es sur 50 quand la majorité absolue du conseil régional est de 47 voix, nous formerions un groupe charnière sans lequel aucune majorité ne serait possible. Au-delà du nombre, cela donnera à nos élu·es un rapport de force réel pour faire entendre nos propositions. Dans nos départements, ces élu·es seront autant de points d’appui et de relais pour les luttes dans une région difficile pour La France insoumise et ceux qui l’ont précédée. Cet accord électoral parait à certains insuffisant. C’est un avis entendable. La négociation a été âpre, pourquoi le cacher ? Pour autant, nous n’avons pas construit La France insoumise pour être une machine à cash électoral qui choisit sa stratégie d’abord en fonction du nombre de places qu’elle gagne mais pour faire gagner un programme. Nous avons d’abord insisté sur les contenus et les objectifs politiques. Ce choix, nous l’assumons.

La question de la tête de liste choisie par le Pôle écolo, Matthieu Orphelin, provoque des réticences et même, disons-le franchement, des oppositions. Son élection comme député LREM en 2017 et les votes du début du quinquennat, nous les avons combattus. Nous n’avons pas changé d’avis sur ces sujets comme sur la politique d’Emmanuel Macron. Nous étions contre avant, nous sommes contre aujourd’hui et nous serons contre demain. Matthieu Orphelin lui a changé d’avis. Il a voté contre la confiance au gouvernement Castex et, depuis octobre, contre le budget 2021 de l’État, contre la loi sécurité globale, contre la loi séparatisme. Il dit « je me suis trompé et on m’a trompé ». Nous n’avons aucune naïveté. Mais il nous donne donc raison ! Sachons prendre appui sur cette victoire ! D’autant que l’appel écolo ne se réduit pas à Matthieu Orphelin : il compte aussi EELV, Génération·s, des citoyen·nes membre de la convention citoyenne pour le climat avec qui nous partageons les luttes hier contre Notre-Dame-des-Landes, aujourd’hui contre les autres projets inutiles et imposés ou pour le climat et la solidarité. Comment ne pas voir qu’il y a là un dialogue possible et des convergences réelles ?

Dans ces élections régionales, La France insoumise est alliée dans 3 régions avec le PCF, 3 avec le Pôle écolo, au moins une avec le NPA. La France insoumise fait la démonstration dans ces élections régionales qu’elle est le plus grand dénominateur commun des forces dîtes de gauche. À l’heure d’une offensive des idées d’extrême-droite, la résistance doit être large. Le sectarisme n’est pas chez nous, la tentation hégémonique non plus. Cela nous saurons le dire et le répéter à celles et ceux qui refusent l’hypothèse de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle au seul prétexte de son caractère ou de son image.

Nous voulons croire que ces arguments nous permettront d’entrer en campagne avec force, non derrière un homme mais pour atteindre nos propres objectifs politiques. Nous savons que nous ne serons pas tous d’accord. Ne dressons pas pour autant des murs entre nous. Nous sommes engagé·es ensemble dans les élections départementales, dans les luttes, nous serons côte-à-côte dans la bataille présidentielle et législative pour faire gagner nos candidat·es et notre programme L’Avenir en commun. Nous ne doutons pas, quel que soit les avis, de la sincérité de l’engagement insoumis de chacune et chacun d’entre vous. Soyez assuré·es en retour de notre détermination et de notre fidélité à cet engagement commun.
On ne lâche rien !

Fraternellement,

Sandrine BATAILLE et Matthias TAVEL
Chef·fes de file régionaux

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