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Université : la France insoumise demande des réponses à la hauteur de la détresse des étudiant·es et de l’épuisement des personnels

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Un article du groupe thématique Enseignement supérieur et recherche de la France insoumise

Dans les universités, les étudiants et étudiantes sont les premières victimes de la crise sanitaire. Ils et elles se trouvent confronté·es à des difficultés d’ordre financier, psychologique, et d’apprentissage.

Nombre d’étudiant·es, dont les revenus dépendent souvent de jobs précaires, se trouvent en difficulté pour subvenir à leurs besoins de base, se nourrir, payer leur loyer. L’enseignement à distance supprime également les liens sociaux, pendant ou en dehors des enseignements, qui sont habituellement au cœur de la vie étudiante. Les étudiant·es se plaignent de cet isolement. Le manque de relations sociales a déjà fait déjà de nombreux dégâts psychologiques allant jusqu’à la dépression. C’est évidemment une situation peu favorable pour se concentrer sur ses apprentissages. Le sentiment de perte de sens, des journées passées devant un écran, passif, dans la même pièce, sans le moindre exercice physique, sans croiser personne, entraîne démotivation, désengagement, et finalement un risque de décrochage massif. Sans réaction à la hauteur, c’est une génération d’étudiant·es qui est sacrifiée.

Pour relever ce défi, les agents administratifs et techniques, les enseignant·es et enseignant·es-chercheur·es font leur possible pour s’adapter mais eux aussi sont mis à rude épreuve et tout manque, les moyens matériels et humains et surtout le temps. Les équipes montrent des signes évidents d’épuisement à force de s’adapter en temps réel à des contraintes variables d’une semaine à l’autre. Elles n’ont pas le temps de se former ou de se concerter sur les moyens à mettre en œuvre pour éviter le décrochage, construire des emplois du temps et des scénarios pédagogiques adaptés, que de nouvelles règles les obligent à tout remettre en question. Dans cette situation d’urgence, il serait logique qu’ils et elles se concentrent sur leur mission première, la formation et la recherche, mais la gestion néolibérale, la compétition des appels à projets, les évaluations comme celles de l’HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) restent d’actualité, les réorganisations structurelles imposées par les fusions et la mise en place d’établissements expérimentaux dérogatoires conduisent à s’épuiser pour répondre à des demandes urgentes au lieu de se concentrer sur l’essentiel.

Pour faire face à cette situation, la France insoumise a de nombreuses propositions :

  • Il est urgent de mettre fin à la précarité étudiante avec un revenu garantissant des conditions dignes de vie et d’études, pour assurer aux étudiant·es leur besoins fondamentaux, logement, nourriture, mais également transport. En effet, la tenue d’examens en présentiel les contraint soit à rester sur des campus désertés, privés de lien social, soit à financer des déplacements à chaque fois que leur présence sur les lieux d’enseignement est requise, notamment pour les examens.
  • Pour rompre l’isolement et accompagner les étudiant·es vraiment, il est urgent de planifier leur retour sur les campus, a minima par roulement. Pour éviter une recrudescence de l’épidémie, ce retour doit être effectué avec les moyens permettant d’assurer le plus haut niveau de prévention des risques : des tests et des masques gratuits pour tous et toutes, des salles équipées de ventilation ou de filtres, dont les jauges sont validées par des mesures de CO2, des solutions de restauration adaptées. Enfin, les personnes à risque qui ne peuvent pas encore revenir sur les campus ne devront pas être oubliées dans cette planification. Planifier implique de prendre le temps de réfléchir à l’échelle de chaque établissement, de chaque composante et de chaque formation, aux meilleures réponses à apporter à ces défis. Planifier implique que le retour des étudiant·es, comme tous les changements de configuration d’enseignement, ne devront plus être imposés par une décision verticale du jour pour le lendemain.
  • Tant que la totalité des étudiant·es ne pourra pas revenir sans risque sur les campus, une partie des enseignements restera à distance. Ces enseignements doivent prendre en compte les difficultés des étudiant·es, tant psychologiques que d’apprentissage, de concentration, de motivation. Beaucoup d’enseignant·es ont déjà réagi en mettant en place des scénarios pédagogiques à distance favorisant la coopération, le travail en petits groupes, les échanges entre pairs et avec les enseignants, l’alternance d’activités en grand groupe et de débat en équipes, de votes, d’activité synchrones et asynchrones. Toutes ces adaptations demandent beaucoup de temps et de ressources en encadrement, pour assurer le suivi des petits groupes, pour se former, expérimenter des scénarios, trouver les outils adaptés.

Pour de nombreux et nombreuses enseignant·es et enseignant·es-chercheur·es, la ressource la plus critique reste le temps. Il est donc plus que jamais nécessaire de réaffirmer le besoin urgent de recrutement en personnel permanent, d’enseignants-chercheurs et de personnels techniques et administratifs, pour que les enseignants puissent se concentrer sur leurs véritables missions, qu’ils et elles aient le temps de les assurer dans des conditions satisfaisantes. La réduction du service d’enseignement à 300 heures pour les enseignant·es et 160 heures pour les enseignant·es-chercheur·es est plus que jamais nécessaire. Si d’autres pays ont su recruter des dizaines de milliers de personnels dans l’éducation, nous pouvons le faire aussi. Enfin, l’investissement pédagogique nécessaire dans cette période ne doit pas être freiné par des tâches secondaires non prioritaires liées à la gestion technocratique néolibérale : les demandes liées aux évaluations individuelles (par le Conseil national des universités pour le mal nommé « suivi de carrière » mené par certaines sections) et collectives (par l’HCERES) doivent être arrêtées, comme les réorganisations liées aux fusions ou aux établissement expérimentaux dérogatoires doivent être suspendues.

Il s’agit de mesures de bons sens, accessibles et urgentes. Il n’est pas envisageable qu’une génération d’étudiant·es soit sacrifiée alors que des solutions existent. La France insoumise exige que les réponses soient à la hauteur de l’enjeu.

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