Capital vient de se livrer à une nouvelle attaque contre Jean-Luc Mélenchon en qualifiant quatre points phares de son programme économique d’«absurdités ».
Les plus de 160 économistes, dont certains de réputation mondiale, originaires de 20 pays différents, qui viennent de signer une tribune dans Libération soutenant le programme économique et les vues de Jean-Luc Mélenchon apprécieront de soutenir des « absurdités ».
Les quatre points qui cristallisent les critiques sont toujours les mêmes :
- la France serait ruinée en cas d’application d’un plan B monétaire et de transformation de l’euro en monnaie commune ;
- les riches fuiraient devant la réforme fiscale promise par Jean-Luc Mélenchon ;
- la hausse du smic pénaliserait les entreprises ;
- et le plan de relance conduirait à relancer les importations plutôt que la croissance.
Or, ces affirmations reposent soit sur une vision économique contestée qui a mené au désastre actuel, soit sont en réalité contredites par le programme de la France insoumise.
La question européenne
La renégociation des traités européens et la réforme de l’euro sont attaqués au nom de la crainte de l’inflation. Jean-Luc Mélenchon assume non seulement que son programme conduise à une inflation compris entre 4 et 6 %, contre seulement 2 % espéré à l’heure actuelle, mais il cherche également à atteindre cet objectif en pleine conscience. La Banque centrale européenne elle-même se débat d’ores et déjà comme elle peut, avec des outils inadaptés, pour éloigner le spectre de la déflation et redynamiser la croissance. Mais elle n’y arrive pas faute de relais budgétaires suffisants de la part des États.
C’est bien pour cela que Jean-Luc Mélenchon compte obtenir de nouveaux statuts pour la Banque centrale européenne, afin qu’elle se préoccupe d’emploi et de dynamisme économique, pas seulement d’inflation.
Le plan de relance par l’investissement
Quant au plan de relance, Capital s’imagine qu’il ferait augmenter les importations, pour répondre à la hausse de la consommation. Mais le plan de relance contient 100 milliards d’euros d’investissement visant justement à développer l’appareil productif de notre pays de manière ciblée, en particulier sur la transition énergétique. Or, c’est bien le développement de ces capacités énergétiques, basées sur les énergies renouvelables, qui conduira à faire baisser le niveau de nos importations puisque celles-ci dépendent très largement de l’énergie (pétrole et gaz en particulier). En outre, le secteur du bâtiment est le moins exposé à la contrainte extérieure : sur 1 euro investi dans le BTP, seuls 10 centimes partent en importations (contre 32 centimes pour la moyenne de tous les secteurs économiques). Les pauvres, qui verront leur consommation dopée, ne consacrent que 12 % de leur budget dans des importations, contre 15 % pour les plus aisés. Ils participent donc moins à la détérioration de la balance commerciale que les riches. Enfin, Jean-Luc Mélenchon souhaite instaurer un protectionnisme solidaire sur critères environnementaux et sociaux. Ainsi, les produits français pourront davantage résister à la concurrence des pays étrangers.
La hausse du smic et la révolution fiscale
Quant à l’augmentation du smic à 1326 euros nets, elle contribuera pleinement à ce plan de relance de l’activité et remplira les carnets de commande des entreprises. Elle sera compensée par une baisse de l’impôt sur les sociétés à 25 % (contre 33 % aujourd’hui) et par une hausse de la contribution additionnelle sur les dividendes. La finance paiera la revalorisation du smic et non l’appareil productif. Capital semble oublier que les Portugais ont récemment relancé l’activité en augmentant le salaire minimum, ce qui a in fine réduit leur déficit.
Enfin, l’éternelle menace de fuite des plus riches en cas de réforme fiscale ne tient pas non plus la route. Rappelons que tous les Français qui gagnent moins de 4 000 euros par mois paieront moins d’impôts. Mais si Jean-Luc Mélenchon est élu, l’impôt universel s’appliquera et tout français devra s’acquitter de la différence entre ce qu’il a payé à l’étranger et ce qu’il aurait dû payer en France. C’est ce que font aujourd’hui les États-Unis ! Finalement, Capital va finir par dire du mal de ses propres modèles anglo-saxons, tant son obsession de discréditer le programme de Jean-Luc Mélenchon est forte.