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Mensonges du pouvoir et pouvoirs du mensonge

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Un des acquis du mouvement des gilets jaunes est d’avoir fait croître l’incrédulité publique à un niveau encore jamais atteint. Je prends ce terme d’incrédulité dans tous les sens possibles.

De la sidération à la méfiance

Bien sûr,  on est incrédule quand on voit avec quelle arrogance, avec quel aplomb même,  Emmanuel Macron et son gouvernement annonce un grands débat qui exclut d’avance tout changement de politique. On est incrédule devant la morgue dont Emmanuel Macron - toujours lui - fait preuve devant tout le monde.

Mais surtout, on est incrédule au plein sens du terme : on ne croit plus personne. Journalistes, gouvernements,  opposants, intellectuels, tout le monde est aujourd’hui englobé dans la même méfiance. Il faut dire que le gouvernement a lui-même beaucoup fait pour semer le doute. Il a tant crié à la manipulation chaque fois qu’un événement lui déplaisait !

Rappelons-nous la loi « fake news ». Rappelons-nous encore le contre-feu pathétique des macronistes devant l’affaire Benalla : une manipulation russe. Dernièrement,  le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer a répondu que les professeurs en grève samedi 30 mars étaient victimes d’intoxications. Le même avait appelé son projet de loi « Pour une école de la confiance ». Quelle ironie ! La confiance règne en effet…

Les manipulateurs craignent les manipulations

A force de voir partout des manipulations et des complots, la majorité montre en réalité sa propre obsession et sa propre pratique. Les dernières semaines l’ont montré crûment.

L’affaire Benalla a encore rebondi. On savait déjà que le « conseiller spécial » d’Emmanuel Macron, Ismaël Emelien, avait manoeuvré secrètement pour obtenir indûment des images de la Contrescarpe le 1er mai 2018… Désormais on sait que celui-ci a en plus commandé un montage vidéo bidon pour dédouaner Bénalla.

Ce Monsieur Emelien pourrait n’être, après tout, qu’une brebis galeuse. Seulement, voilà : une fois sorti du cabinet d’Emmanuel Macron, le voilà qui squatte les antennes et les plateaux de télévision pour faire la promotion d’un livre qu’il a co-signé. Le voilà en quelque sort idéologue en chef de la macronie, chargé d’expliquer l’essence du « progressisme » qu’il prétend incarner. Manifestement, sa doctrine ne se soucie absolument pas de la vérité.

C’est un des enseignements qu’on peut retirer aussi des réactions du pouvoir à l’agression de Geneviève Legay, la militante niçoise d’Attac, renversée du fait d’une charge de CRS… On connaît la réponse d’Emmanuel Macron : il s’est cru en droit de donner des leçons de « sagesse » à une dame hospitalisée ! Une militante engagée depuis cinquante ans, avant même la naissance de Macron ! Mais il faut noter aussi la façon dont le pouvoir a menti au sujet de cet événement, prétendant que Geneviève Legay était tombée… toute seule ! Pour essayer de faire avaler son bobard, le gouvernement a employé les grands moyens : il a embrigadé le procureur de Nice, trop heureux de faire la preuve de sa docilité. Fort heureusement, des enregistrements très clairs montrent dans quelles circonstances Geneviève Legay a été bousculée et par qui !

Alors que depuis des semaines, l’appareil judiciaire est employé pour réprimer le mouvement des gilets jaunes d’une manière qui bafoue très souvent les droits élémentaires des prévenus, ce nouvel événement discrédite encore davantage la justice. Depuis l’épisode des perquisitions menées contre la France insoumise, le nombre de celles et ceux qui pourraient prétendre faire sereinement confiance à la justice s’est encore effondré.

Le mensonge couronné

Mais tout cela était encore peu de choses tant que les menteurs éprouvaient un minimum d’embarras de leurs mensonges… Un mince fil de moralité les retenait au reste des humains, pour qui dire la vérité est encore considéré comme le minimum qu’on peut exiger d’autrui et en particulier de responsables politiques. Mais le comble est atteint lorsqu’on revendique de mentir.

La nouvelle porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye entre précisément dans cette catégorie. Encore conseillère en communication d’Emmanuel Macron, elle avait affirmé « j’assume parfaitement de mentir pour protéger le président ». Désormais chargée de « porter la parole » du gouvernement, on imagine quel genre de scrupule retiendra madame Ndiaye si elle doit « mentir pour protéger le président ».

En agissant ainsi, évidemment, le pouvoir macroniste nourrit puissamment le sentiment dégagiste dans la société. Contrairement à ce que les commentateurs avaient pu dire, le macronisMe n’est certainement pas la manifestation du nouveau monde. Il est plutôt le dernier avatar de l’ancien. Incapable de susciter loyalement l’adhésion des citoyen.ne.s, il se survit par la force et le mensonge. 

Seule une remise à plat intégrale du système politique, en convoquant une assemblée constituante, pourra restaurer la possibilité d’une vie démocratique normale.

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