Edito de Rhany Slimane, candidat France insoumise aux élections européennes.
Le rôle des citoyen·ne·s dans la prise de décision politique est discuté depuis toujours, mais rarement de manière effective. Les hommes politiques ont toujours perverti les envies du peuple d’exercer sa souveraineté promise depuis la fin de l’Ancien Régime.
La nouvelle irruption du peuple français dans sa propre histoire politique, sous la forme des gilets jaunes, souligne à nouveau sa soif de liberté et de contrôle sur son destin. Le référendum d’initiative citoyenne (RIC) est l’expression d’une forme de démocratie directe et de contre pouvoir populaire.
Pourtant, à tous les échelons de l’Etat, des formes de participation populaires ont été mises en place. Ces initiatives furent un échec. Les promesses de démocratie renouvelées se sont heurtées à l’incapacité des initiateurs à maintenir la participation populaire. Ce genre d’initiative demande une véritable réflexion et une mise en œuvre de moyens facilitant la participation, en particulier celle des milieux les plus populaires, mais surtout par le manque de place laissé à l’expression citoyenne réelle ‚et ce, à tous les niveaux.
Le gouvernement et sa majorité ont refusé la proposition de notre groupe parlementaire instaurant le RIC. Ils bloquent ainsi la traduction à l’Assemblée de la volonté populaire qui s’exprime tous les samedis en France depuis novembre, dans le souhait de voir l’instauration d’un contre-pouvoir populaire qui « hérisse » le Premier ministre.
Toujours agiles face au blocage de la caste au pouvoir, nous devons, nous citoyen·ne·s, à l’échelon local, contourner le blocage institutionnel et irriguer par le bas la nation et permettre l’irruption de la volonté du peuple dans les institutions.
Un élément fort serait l’instauration d’un RIC municipal (ainsi qu’aux autres échelons), encore plus facile à mettre en place qu’au niveau national. La question de la remise en cause des droits qui ferait (soit-disant) débat, ne se pose pas. Il dépend seulement du courage politique des élu·e·s qui mettraient le droit de révocation et le veto populaire sur des décisions d’une majorité municipale ainsi qu’une capacité d’impulser des votations populaires sur les problématiques de la ville. La liberté communale peut se retrouver vivifiée, mais plus qu’idéologique, cette proposition se veut pragmatique. Si ce n’est pas par le haut que peut émerger un contre pouvoir populaire, alors, ce sera par le bas…
Il serait une erreur de penser que cela ne serait qu’une victoire au rabais ou un combat gadget. Selon le rapport du GIEC sur le changement climatique, 70 % des mesures se prennent au niveau local. De plus, elle serait une expérience pour convaincre l’idée de la nécessité du RIC au plus haut niveau de l’Etat et permettrait à des milliers de citoyen·ne·s de participer à la vie de la Cité et de gagner en pouvoir d’agir.
Nous devrions également, sans attendre d’avoir différents leviers de pouvoir, évaluer et dénoncer les supercheries mises en place par le pouvoir ayant pour but de faire croire à un partage de la souveraineté.
Dans la ville de Montpellier, l’exemple est parlant. Le maire de la ville, Philippe Saurel, soutien de la première heure du président Macron (après avoir trahi son ami Manuel Valls), s’est fait élire sur un programme épais de 7 mesures.
Il lui fallait un cheval de bataille. Il choisit la « démocratie participative », devenue un poney de fête foraine une fois au pouvoir. Bien sûr, il y a des réunions de « concertation ». Des centaines paraît-il, mais ce ne sont que des concertations, à aucun moment le peuple n’est souverain.
Mais attention, ce n’est pas seulement un accroissement de la souveraineté de ces structures et de ces participant·e·s qui seraient la panacée. La capacité à impliquer les catégories sociales les plus éloignées de la vie de la cité est déterminante, les politiques se cachent bien de proposer des solutions concrètes. Pour cela, des pistes de réflexions existent, elles sont connues, apparaissent dans multiples rapports et elles sont volontairement non appliquées par nos gouvernants locaux.
La question est comme toujours politique. Celles et ceux qui sont au pouvoir accepteront-ils·elles un nouveau contre-pouvoir, qui est cette fois-ci est directement l’expression du peuple ? Car comme le disait Jean Luc Mélenchon à l’Assemblée lors de la proposition du RIC : « Aucun pouvoir n’est au-dessus du peuple »
Alors nous allons les contraindre…