La ferveur des Gilets jaunes est loin d’être retombée, nous entrons dans la 12ème semaine du mouvement et les esprits ne semblent pas s’être apaisés malgré le Grand Débat. Personne n’est dupe. Ce Grand débat est en réalité la grande tribune politique de La République En Marche qui mène sa campagne pour les européennes. Ma saisine du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) a d’ailleurs été approuvée par d’autres élu·e·s et citoyen·ne·s, et le CSA réfléchit désormais au décompte du temps de parole de la majorité présidentielle lors des prochains mois. En effet, les prises de paroles interminables du Président de la République pendant les discussions avec les maires, retransmises en direct et souvent en intégralité sans retour plateau, par les chaînes d’information en continu, lui ont permis de faire la promotion de son projet politique et ce, à peine quelques mois avant les élections européennes. Des questions orientées pour un débat qui s’annonce stérile ; voilà comment monsieur Macron répond aux attentes légitimes des françaises et des français ! Ce stratagème politique vise à donner une légitimité aux choix politiques qu’il souhaite mettre en place depuis le début de son quinquennat, puisque comme lui et sa majorité aiment à le répéter : ils ne changeront pas de cap malgré le désaveu qui ne cesse de se faire entendre dans le pays. L’écran de fumée mis en place par le Grand débat ne satisfait personne, comme en témoigne le rassemblement intersyndical d’hier, qui a réuni les Gilets jaunes, les Gilets rouges, des retraité·e·s, des enseignant·e·s, des élu·e·s, derrière les mêmes revendications : plus de démocratie et de justice sociale. En Ariège, avec ma collègue Bénédicte Taurine, nous avons réceptionné la semaine dernière plus de 41.500 signatures pour une pétition qui réclame la destitution du Président et plus de 4000 en faveur du RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne). Nous remettrons officiellement ces documents à Richard Ferrand, en espérant que la majorité en fasse bon usage.
Toute proportion gardée, une crise politique et sociale est également à l’oeuvre au Venezuela. Et puisque la France insoumise ne cesse d’être questionnée à ce propos, je me dois de faire un point sur notre position à ce sujet.
Tout d’abord, il ne s’agit pas ici d’approuver ou de désapprouver l’action de M. Maduro, mais de dénoncer l’ingérence étrangère dans les affaires internes d’un pays souverain au mépris de toutes les règles du droit international.
J’aimerais revenir sur la réaction du Président Macron qui a approuvé à son tour, après Jair Bolsonaro et Donald Trump, l’auto-proclamation de Juan Guaido comme Président du Venezuela par intérim. En se joignant aux américains et au groupe de Lima pour reconnaître Juan Guaido nouveau Président du Venezuela, Emmanuel Macron a eu un comportement complètement irresponsable et dangereux. Il cautionne ici un coup d’état en contradiction frontale au droit international. Vingt-et-un des vingt-huit pays de l’Union Européenne reconnaissent M. Maduro comme Président de la République au Venezuela. L’ONU réprouve ce coup d’état et considère M. Maduro comme chef de l’état légitime. La position inconsciente de notre Président de la République fragilise de façon terrible la crédibilité de la diplomatie française, pourtant reconnue dans le monde entier.
De plus M. Macron se livre à un deux poids deux mesures insensé : quand les Gilets jaunes sont vus comme séditieux, les partisans du MUD sont salués pour leur courage. Dans un tweet du 24 janvier dernier, le Président Macron déclarait : “Après l’élection illégitime de Nicolás Maduro en mai 2018, l’Europe soutient la restauration de la démocratie. Je salue le courage des centaines de milliers de Vénézuéliens qui marchent pour leur liberté.” Par ce message, notre Président se range derrière les positions belliqueuses de Donald Trump, dont la politique de sanctions et de blocus financier asphyxie déjà littéralement le Venezuela et qui n’exclut désormais plus l’option militaire pour se débarrasser définitivement de Nicolas Maduro. Il est primordial que le sommet prévu demain, jeudi 7 février à Montevideo, où seront présents tous les acteurs de la crise vénézuélienne, résolve de façon démocratique le conflit dans ce pays, afin d’éviter à tout prix le conflit armé, civil ou militaire. Pro Maduro, anti Guaido ou inversement, la question n’est pas là. La France devra se montrer exemplaire demain, afin de favoriser l’émergence de solutions politiques pacifiques au Vénézuela, en toute impartialité et dans le respect du droit international qui veille aux équilibres fragiles des relations internationales.