Intervention de Michel Larive à la commission des finances | Discussion générale de la deuxième partie du PLF 2019 | Missions « médias, livre et industries culturelles » et « avances à l’audiovisuel public » :
« Le gouvernement accorde à la mission « Médias, livre et industries culturelles » une augmentation de son budget de 3.06% en valeur courante, ce qui est suffisamment rare pour le souligner… Mais dans le même temps, il ampute de 101 millions son avance à l’audiovisuel public.
Vous prévoyez de vider le fond stratégique pour le développement de la presse au bénéfice de Presstalis. L’entreprise est en difficulté, ses salariés également. Mais en sauvant provisoirement Presstalis vous mettez en danger les autres acteurs du secteur et notamment les médias en ligne. Il faut sauver Presstalis et le secteur de la distribution, mais il faut le faire bien.
Nous proposons la création d’une coopérative unique de distribution de la presse, soutenue par l’Etat. Cette possibilité d’organisation intelligente et raisonnée de la distribution de la presse a déjà été proposée par notre collègue Marie George Buffet dans sa proposition de loi de 2013.
Dans la même logique, les aides au portage de la presse doivent être supprimées pour soutenir les médias de proximité. Il faut organiser plus simplement et plus complètement la distribution de la presse en France.
Le projet de loi de finance du gouvernement acte que le budget de France Télévision chute de 68 millions d’euros. A cette forte diminution il faut ajouter la suppression de l’affectation de la TOCE, de 85 millions d’euros. Depuis la création de cette taxe destinée à compenser le manque à gagner dû à la suppression de la publicité après 20h, son affectation au budget de France Télévision se fait de plus en plus discrète.
Cette taxe a une affectation, nous devons la faire respecter. Si le reste du budget de l’Etat est en souffrance alors créons de nouvelles taxes ou faisons de nouvelles économies sur les cadeaux aux nantis dissimulés en niches fiscales. Ce n’est pas le budget de France Télévision qui doit souffrir de l’incapacité du gouvernement à équilibrer les autres postes de dépenses.
Rien ne justifie de telles coupes dans les budgets.
Arte : - 6.9 millions, Radio France : -14 millions, France Média Monde : - 6.12 millions, L’INA : - 2.7 millions, TV5 Monde : -3.2 millions.
Le gouvernement affaiblit, encore une fois, l’audiovisuel public, pour satisfaire à des injonctions budgétaires qui ne feront que dégrader, à la fois les conditions de travail dans le secteur, et la qualité des programmes proposés à nos concitoyens et à nos concitoyennes.
Le gouvernement ne fait pas un budget en fonction d’objectifs qualitatifs, de satisfaction de la population. Le seul objectif c’est de réduire, réduire et encore réduire.
L’audiovisuel public que notre président a qualifié de « honte de la république », mérite, surement, une réforme profonde. Nous devons lui affecter plus de moyens.
Nous souhaitons la titularisation des permittents du service public audiovisuel. On ne travaille pas correctement en situation précaire. C’est un effort budgétaire, c’est vrai, mais une nécessité sociale et d’utilité public pour le bon fonctionnement de l’audiovisuel public.
Pour nous, l’audiovisuel public doit être le garant de la qualité de l’information et des programmes en terme de découverte de nouveaux horizons et donc d’éveil des consciences. Le désengagement de l’État, décidé ces quinze dernières années à travers une politique d’austérité budgétaire et de suppression d’emplois, nuit aux ambitions d’un véritable service public. Le budget global de l’audiovisuel public en France est de 4.3 Milliards, en Allemagne c’est le double ! Nous voulons donner aux entreprises publiques de l’audiovisuel les moyens de devenir des acteurs majeurs du numérique et de la production de programmes de qualité.
De telles ambitions nécessitent des budgets à la hauteur de celles-ci.
Enfin, c’est dans cette mission qu’il devrait figurer, pour nous, le budget du Conseil Déontologique des Médias, dont Francoise Nyssen a encouragé le développement. Nous espérons que le nouveau ministre, cette commission et l’Assemblée Nationale dans son ensemble se rallieront à notre proposition de constitution d’une telle entité.
C’est en redonnant confiance dans les médias, en les rendant plus impartiaux, plus justes et plus honnêtes par l’intervention d’un conseil déontologique de la profession que nous résoudrons la véritable crise qui mine ses fondations.
Assurons l’honnêteté des médias par le conseil déontologique pour redonner le gout aux Françaises et aux Français de s‘informer, soutenons les bibliothèques de proximité, organisons rationnellement le secteur de la distribution de la presse autour d’une coopérative unique, assurons un statut aux travailleurs de l’audiovisuel et pérennisons les budgets pour assurer la qualité des programmes.
Monsieur Riester vient d’entrer en fonction, nous espérons qu’il fera de cette mission un enjeu majeur de la politique nationale. »