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Décrypter le discours d’Emmanuel Macron à la conférence des ambassadeurs

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Emmanuel Macron

Le 27 août, la veille de son départ au Danemark, où il a insulté les Français, Emmanuel Macron a tenu un long discours aux ambassadeurs. Il a abordé, souvent avec un grand flou, un ensemble vertigineux de thématiques pour mieux faire oublier l’essentiel : rien ou presque ne va changer dans l’action internationale de la France. Certes, les problèmes internationaux se prêtent bien aux « discours guimauve » alternant les petites mesures concrètes et les grandes formules floues. Mais certaines réalités appellent pourtant des alternatives claires : par exemple les transformations de l’ordre des puissances et du système international, dans des conditions qui minent ce qui reste de la sécurité collective. I

Le Président a commencé par rappeler que « le multilatéralisme traverse […] une crise majeure qui vient percuter toutes nos actions diplomatiques, avant tout, en raison de la politique américaine. Le doute sur l’OTAN, la politique commerciale unilatérale et agressive conduisant à une quasi-guerre commerciale avec la Chine, l’Europe et quelques autres, le retrait de l’accord de Paris, la sortie de l’accord nucléaire iranien en sont autant de marques. Le partenaire avec lequel l’Europe avait bâti l’ordre multilatéral d’après-guerre semble tourner le dos à cette histoire commune ». Mais quel multilatéralisme regrette-t-il ? Le club atlantiste qui vient heurter la diplomatie universelle et le multilatéralisme ? La question se pose adepuis que, le 14 avril dernier, Emmanuel Macron a piétiné la légalité internationale en Syrie, engageant la France – une première – aux côtés de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis dans une intervention militaire sans mandat de l’ONU ni accord de défense avec le pays visé. Intervention qu’il avait dans la foulée qualifié de « légitime » car menée « dans un cadre multilatéral ».

Emmanuel Macron déduit qu’il « nous faudra donc prendre de nouvelles initiatives, construire de nouvelles alliances, porter les débats au bon niveau si nous souhaitons appréhender tous les défis contemporains et le bon niveau est bien celui d’un débat de civilisation pour nos valeurs et la défense de nos intérêts ». Certes…Mais dans quelles directions iront ces « nouvelles alliances » ? Question d’autant plus importante que l’ensemble de notre stratégie internationale officielle reste basée sur la croyance d’une « communauté de valeurs et d’intérêts » avec les États-Unis de Donald Trump. Cet axe a été maintenu dans la Loi de Programmation Militaire 2019-2025 promulguée en juillet dernier. Pourquoi avoir refusé tout débat sérieux à ce sujet lors de sa préparation ?

Tout s’éclaire quand le Président relie la « crise du multilatéralisme » à la « crise de l’Europe ». L’Europe, pourtant mal en point de son propre aveu, va nous sauver ! L’heure est à la « souveraineté européenne » ! Emmaniel Macron annonce travailler « dans les prochains mois », à un « projet de renforcement de la solidarité européenne en matière de sécurité » : « la France est prête à entrer dans une discussion concrète entre États européens sur la nature des liens réciproques de solidarité et de défense mutuelle qu’impliquent nos engagements aux termes du traité. L’Europe ne peut plus remettre sa sécurité aux seuls États-Unis. C’est à nous aujourd’hui de prendre nos responsabilités et de garantir la sécurité et donc la souveraineté européenne ». Est-il prévu, par exemple lors de la campagne européenne, de demander au peuple français si il est d’accord pour que des moyens de la défense française soient mis au service de pays ne partageant ni les mêmes principes ni les mêmes intérêts que la France, et totalement obsédés par une « menace russe » volontairement surévaluée ? La présence de 300 de soldats français positionnés en Lituanie s’inscrit-elle dans ce « projet de renforcement de la solidarité européenne » ? Ou s’inscrit-elle dans la soumission généralisée de l’Europe à l’OTAN, comme en témoigne le dernier sommet de cette organisation ? Rappelons que les États-Unis s’y sont fermement opposés à « l’émergence d’accords de sécurité intra-européens qui saperaient l’OTAN ». Bref, prétendre que le vieux cadre d’une Union Européenne atlantiste corresponde de quelque manière que ce soit à la nécessité de former de « nouvelles alliances », relève de l’arnaque pure et simple.

Le reste du discours est à l’avenant. Sur l’écologie, la démission de Nicolas Hulot le lendemain vaut toutes les analyses. Concernant le Proche-Orient, Emmanuel Macron a promis tout et son contraire. Sur l’accord à propos du le nucléaire iranien, dont aucune des conditions de sauvetage n’est réunie, Emmanuel Macron a promis « des initiatives » qui seront totalement inaptes à sauver quoi que ce soit, à moins de s’émanciper de la tutelle des USA. Sur le conflit syrien ou sur le dossier israélo-palestinien, saura-t-il faire preuve de courage et placera-t-il réellement la France en position de médiatrice, facilitant la paix en toute indépendance ? Certains indices laissent d’ores et déjà craindre le contraire, comme le silence sur le massacre du peuple yéménite par nos « alliés » saoudiens et émiratis, qui mènent une guerre avec appui français, alimentant la résurgence des djihadistes..

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