Edito de Laurent Maffeïs publié initialement dans l’Heure du Peuple à cette adresse
L’américain General Electric annule les promesses d’emplois qu’il avait faites à la France en rachetant en 2014 la branche énergie du groupe Alstom. Cette tromperie n’est qu’une facette d’un pillage plus large des industries stratégiques françaises. Le principal responsable est bien connu : Emmanuel Macron qui avait autorisé le début de ce pillage en 2014 comme ministre de l’économie, et qui l’encourage aujourd’hui encore comme président.
Non seulement General Electric ne créera pas les 1 000 emplois qu’il avait promis en France, mais il veut en supprimer à partir de 2019, dés que ses « engagements » de 2014 seront totalement caduques le 31 décembre 2018. Au-delà des emplois concernés, ce sont des savoir-faire stratégiques que la France risque de perdre dans l’énergie, en particulier renouvelable, puisque Alstom était à la pointe de l’innovation en matière de turbines.
Ce pillage n’est malheureusement pas isolé. Il devient même systématique sous l’impulsion de l’actuel gouvernement. L’autre branche d’Alstom, la ferroviaire, qui produit TGV et TER, est en train d’être vendue à l’allemand Siemens. Alors que Macron avait promis comme ministre que cette branche serait préservée, sa « fusion » a été annoncée à l’automne 2017. Pour la finaliser, le gouvernement vient d’autoriser par décret Alstom à vendre 50 % de son capital à Siemens. Officiellement d’égale à égale, cette fusion place en fait le constructeur ferroviaire français sous l’autorité de Siemens. La preuve : le remodelage discret du conseil d’administration d’Alstom désormais composé de 6 allemands sur 11, dont l’ancien ministre des affaires étrangères d’Angela Merkel, Sigmar Gabriel. Une présence qui ne doit rien à ses compétences en matière de transports mais signale au contraire la stratégie industrielle assumée du gouvernement allemand.
Ce désastre était parfaitement prévisible. Et d’ailleurs prévu : Jean-Luc Mélenchon écrivait ainsi le 16 mai 2014 : « que ce soit avec General Electric ou Siemens, Alstom est condamné à mort. » Cette mise à mort ne doit rien aujourd’hui à la conjoncture difficile, puisque l’entreprise a un carnet de commandes florissant. C’est donc un choix idéologique du gouvernement d’acter ainsi la fin du contrôle de la France sur ses industries stratégiques. Il se prépare aussi à le faire avec d’autres fleurons comme Nexter (fabricant du char Leclerc) promis à l’allemand KMW, ou encore Thales (radars, satellites et transmissions) en cours de fusion avec Gemalto, firme contrôlée par un fonds d’investissement texan ! Ce pillage est organisé dans le dos des citoyens et de leurs représentants, en dépit de la mobilisation des salariés concernés et des élus d’opposition. Seule une protection constitutionnelle du patrimoine industriel stratégique permettrait au peuple de mettre la Nation à l’abri d’un tel pillage dans une nouvelle République.
Laurent Maffeïs