Le samedi 22 mars, près de 300 000 personnes ont défilé partout en France contre toutes les formes de racisme et contre l’extrême droite. Dans la continuité des manifestations pour les droits des femmes du 8 mars dernier, cette mobilisation a été marquée par la forte présence de jeunes et de femmes dans des cortèges dynamiques et à l’image du pays.
La même marche, il y a un an, était loin d’avoir eu le même succès. Cela montre combien les consciences ont mûri depuis et comment elles ont pris la mesure du danger en cours dans le pays. Une foule de personnes très diverses ont ainsi donné une force considérable à cette manifestation aux côtés des cortèges des organisations qui appellent chaque année à cette journée d’action contre le racisme. Nous remercions en particulier les militants et militantes de La France insoumise qui ont pris une place décisive dans la préparation de ce rendez-vous, distribuant près d’un million de tracts pour en assurer le succès.
Cette démonstration de force et d’unité populaire, combative et consciente, est indispensable face à la gravité du moment. Inspirées par la victoire de Donald Trump aux États-Unis et la mise en œuvre de son programme ultra-libéral, raciste, réactionnaire et liberticide, les droites et extrêmes droites sont partout à l’offensive. On a ainsi vu des groupuscules nazis parader aux cris de « Paris est nazi » après avoir poignardé un syndicaliste. Sous l’impulsion du Rassemblement National et des médias Bolloré, chaque semaine donne lieu à une nouvelle offensive politique contre les étranger·es ou les musulman·es. Les actes racistes, islamophobes et antisémites notamment, se multiplient. Le ministre de l’Intérieur stigmatise des millions de binationaux en engageant une escalade contre l’Algérie au service de ses ambitions politiques nationales. Le duo Darmanin / Retailleau multiplie les remises en cause de nos libertés fondamentales et réprime des syndicalistes, étudiant·es ou manifestant·es pour la paix ou le climat. Alors que l’extrême droite a été battue dans les urnes en juin dernier, le pouvoir est d’ores et déjà en voie de trumpisation.
C’est à l’aune de cette évolution que l’on doit analyser le pilonnage qui a entouré l’organisation de cette manifestation. Les accusations en antisémitisme ou la diffusion de fausses informations à propos de slogans ou de pancartes anti-juifs n’avaient pour objectif que d’empécher la réussite de cette mobilisation et d’en détourner le sens. Nous regrettons fermement que des voix de gauche se soient jointes à cette campagne dans un objectif détestable et politicien de diabolisation des insoumis. Pour nous, la solidarité des antifascistes doit être la règle en toutes circonstances.
Dans ce contexte oppressant et délétère, la réussite de ces mobilisations marque un moment de riposte populaire. Elles doivent être le point de départ d’un vaste mouvement populaire contre les coups de boutoir d’un gouvernement qui reprend les thèses de l’extrême droite pour mieux diviser le peuple face à sa politique sociale dévastatrice.
Après avoir passé en force le budget le plus austéritaire depuis 40 ans, le Premier ministre François Bayrou profite du répit que lui ont offert le Parti socialiste et le Rassemblement national en refusant de le censurer. Englué dans le scandale Bétharram, il prend désormais prétexte de la situation internationale pour propulser une politique d’« économie de guerre » transférant une part toujours plus grande de la richesse du pays vers l’industrie de l’armement et les profits capitalistes qu’elle génère. Il déclare ainsi une véritable guerre sociale contre le peuple, faite de coupes claires dans les budgets et d’offensives sans précédent contre les droits sociaux, les services publics ou l’écologie. Nous ne confondrons jamais la nécessité d’une défense efficace avec cette dérive organisée vers l’« économie de guerre » !
Déjà, sous ce prétexte, le Premier ministre écarte toute possibilité d’abrogation de la retraite à 64 ans et met un terme à la mascarade du « conclave sur les retraites ». Déjà, le Président de la République, en engageant le pays sur le chemin de l’« économie de guerre », tourne le dos à l’urgence sociale et à la crise écologique qui devraient pourtant être les priorités absolues du pays. Ce gouvernement doit plus que jamais être censuré. Nous proposons donc aux député·es écologistes et du groupe GDR de déposer ensemble une motion de censure, dès lors que les députés socialistes se seront engagés à la voter.
Avec l’arrivée de Trump au pouvoir, la France doit sortir enfin de son alignement atlantiste et garantir son indépendance. Nous dénonçons les paroles sans conséquence d’un pouvoir qui prétend agir pour notre souveraineté mais accepte la destruction de nos filières stratégiques, la perte des savoir-faire et des compétences dans l’automobile, la chimie ou le spatial, ou de notre souveraineté alimentaire. Nous sommes comme toujours aux côtés des travailleurs et travailleuses en lutte pour sauver leurs outils de travail.
Ni Trump, ni Poutine ! La France doit adopter enfin une diplomatie indépendante et non-alignée au service de la paix. Elle doit faire primer en toutes circonstances le droit international sur la loi du plus fort. Elle doit refuser l’agression russe en Ukraine, les menaces sur le Canada ou le Groenland, agir enfin pour mettre un terme au génocide en cours à Gaza ou aux massacres en République Démocratique du Congo. Elle doit agir véritablement pour la paix. Mais le redéploiement du capitalisme sous la férule des États-Unis, comme l’organise Trump, n’y conduit certainement pas.
Nous refusons donc les discours de guerre inconséquents et irresponsables du Président de la République et de son gouvernement. Nous savons qu’ils visent avant tout à justifier des politiques austéritaires qui détruisent nos droits fondamentaux, nos acquis sociaux, notre souveraineté économique et nos capacités à faire face au changement climatique. À l’heure où la pauvreté atteint des records et alors que les catastrophes climatiques se multiplient, la macronie nous fait perdre notre temps. La 6e République est donc non seulement une urgence démocratique mais aussi une urgence sociale, écologique et pour la paix : c’est le sens de la campagne que mènera le mouvement insoumis dans les prochaines semaines sur ce thème.
Ayant tout cela à l’esprit, un nouveau rendez-vous de manifestation générale et de mobilisation populaire est nécessaire. Les insoumis·es veulent donc donner une nouvelle impulsion à leur participation traditionnelle au 1er mai. Nous souhaitons que notre peuple s’empare de ce rendez-vous plus largement que jamais. C’est pourquoi nous appelons à manifester le 1er mai partout en France aux côtés des syndicats. Contre la guerre sociale et l’économie de guerre. Pour la paix dans le monde et le droit à une vie digne.