Communiqué du Groupe thématique Enseignement Supérieur et Recherche de la France Insoumise.
Soutien à Samuel Legris, doctorant de l’université de Pau et des pays de l’Adour, et aux Gilets Jaunes avec qui il était le samedi 10 décembre 2022
Stop aux abus de pouvoir, aux atteintes aux droits fondamentaux et à la liberté académique
Samuel Legris, doctorant en sociologie de l’université de Pau et des pays de l’Adour (UPPA), était en mission de recherche samedi 10 décembre 2022 pour une étude de terrain en lien à la manifestation intitulée « Appel national contre la vie chère » à Montpellier, dans le cadre de sa thèse sur les mouvements sociaux contemporains. Il était accompagné de trois personnes qui comptent parmi ses enquêtés des Pyrénées-Atlantiques, une démarche d’observation participante fréquente en sciences sociales. À peine arrivés aux abords de Montpellier, Samuel Legris et ses trois enquêtés ont été interpellés par la police et placés en « garde à vue préventive » (sic) pendant 24 heures.
Nous nous élevons à la fois contre l’application manifestement abusive à l’égard de ces quatre personnes d’un article de loi restreignant le droit de manifester adopté sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et contre l’atteinte aux libertés académiques que représente cette entrave à l’exercice des activités de recherche d’un agent de la fonction publique en mission.
Bien qu’informée par sa directrice de thèse que Samuel Legris agissait bien dans l’exercice de ses fonctions scientifiques, la police nationale a refusé de le libérer avant la fin du délai légal de garde à vue. Samuel Legris fait état par ailleurs de remarques de mépris répétées de la part de la police au cours de l’interrogatoire à l’égard du statut de chercheur, et de l’enseignement et de la recherche plus généralement.
Samuel Legris et les trois autres personnes sont maintenant poursuivis et convoqués au Tribunal judiciaire de Montpellier le jeudi 19 janvier 2023, pour avoir « participé sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou de dégradations de biens, avec cette circonstance que les faits ont été commis lors d’un déroulement de manifestation sur la voie publique (ART 222-14-2 du Code pénal) ». Le seul « fait matériel » sur lequel se fonde la police est la présence de feux d’artifice dans le véhicule. Les faits reprochés ne sont ni constitués, ni punissables, et n’auraient pas dû conduire à une arrestation, encore moins à des poursuites.
Il est pour toutes ces raisons incompréhensible que la présidence de l’UPPA ait pour le moment refusé la protection fonctionnelle à ce doctorant, logiquement accompagné et soutenu en revanche par ses directions de thèse et de laboratoire. Nous appelons la présidence à revenir sur ce refus, et la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche à réaffirmer et à faire respecter les libertés académiques par une démarche explicite dans ce cas précis comme d’une manière générale.
Le Groupe thématique Enseignement supérieur et recherche de la France Insoumise apporte son soutien plein et entier à ces quatre personnes victimes d’un abus de pouvoir manifeste, et soutient particulièrement Samuel Legris en tant que doctorant qui agissait de surcroît dans l’exercice de sa mission de recherche. En solidarité avec lui et avec ses enquêtés et pour les aider à payer leurs frais de justice, une cagnotte a été mise en ligne à laquelle chacun peut participer.
Dans un contexte national de remises en cause de plus en plus fréquentes à la fois des droits fondamentaux, du droit de grève et des libertés académiques, nous appelons plus largement à un sursaut national pour défendre l’ensemble de ces droits contre les attaques d’où qu’elles viennent.