« Le budget de la mission “Recherche et Enseignement Supérieur” qui s’élève cette année à 29,24 milliards d’euros n’est pas à la hauteur malgré vos effets d’annonce.
Concernant la recherche, dans la dynamique de la LPPR et au détriment des crédits récurrents, l’ANR à travers l’Action 2 du programme 172 voit le principe d’appel à projet renforcé avec un budget en hausse de 17,44% atteignant un montant de 884,35 millions d’euros.
Le financement de la recherche par appels à projets est coûteux en temps pour les chercheurs, accroît la compétition entre eux, et les établissements, limite les thématiques scientifiques ainsi que la liberté des chercheurs.
Fidèle à votre crédo selon lequel la compétitivité à outrance, le sous-financement et la précarité stimulent la recherche, le CNRS voit son plafond d’emploi baisser de 128 ETPT dans ce PLF 2022, suite à une baisse de 41 ETPT l’année dernière. En même temps le nombre d’emplois hors plafond explose, avec 995 ETPT en plus, après une augmentation de 485 ETPT l’année dernière, laissant le champ ouvert à la précarité des chercheurs, aux CDI de missions et aux chaires de professeurs juniors.
Et que dire du CIR cette niche fiscale offerte aux entreprises qui représentera en 2022, 7,43 milliards d’euros, soit un quart du budget de l’ESR, alors qu’il n’a jamais prouvé son efficacité. C’est à peine moins que l’ensemble des crédits alloués au programme 172, dont le budget est de 7,48 milliards d’euros, qui sert à financer notamment le CNRS, l’INSERM ou l’INRAE.
Pour ce qui est de l’Enseignement Supérieur, vous annoncez fièrement une augmentation de 1,48% du programme 150 dédié à la dotation des universités qui atteint cette année 14,21 milliards d’euros. Or, ce budget, une fois de plus, ne prend pas en compte les besoins réels des universités, ni l’augmentation du nombre d’étudiants qui étaient 59 400 de plus à la rentrée 2021. Ce qui crée un manque de places et une baisse de dotation par étudiant.
Au lieu de mieux doter les universités, vous continuez la sélection via Parcoursup et à l’entrée des Masters. Ce sous-investissement chronique a notamment pour conséquence d’orienter les étudiants vers les établissements privés. En effet, depuis 1998, les inscriptions dans le privé ont doublé tandis qu’elles n’ont augmenté que de 17 % dans le public.
Par ailleurs, la précarité des étudiants explose. Malgré la situation très critique des étudiants, le budget 2022 marque la fin de l’éphémère « quoi qu’il en coûte ». Ainsi, vous avez stoppé les aides exceptionnelles comme le repas à 1€ pour les étudiants non-boursiers et les bourses ne sont revalorisées qu’à hauteur de 1% alors que le coût de l’inflation est estimé à 1,8%.
De plus, les CROUS qui sont un acteur essentiel de la vie étudiante ont joué un rôle crucial pendant la crise sanitaire notamment par l’action sociale. Or leurs personnels sont actuellement en grève pour dénoncer les conditions de travail qui se détériorent et un manque de moyens humain et financier. Le Gouvernement devrait investir massivement dans les CROUS, ce qu’il ne fait pas.
Finalement, ce budget reflète bien votre vision de l’ESR : sélection, compétition, employabilité, marchandisation du savoir, désengagement de l’État, privatisation et vision à court terme. Nous avons, vous le savez, une vision de l’ESR accès sur l’émancipation, l’égalité des chances effective, et une vision à moyen et long terme de la recherche. C’est pourquoi nous voterons contre les crédits alloués à la mission ESR. »