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Courrier adressé à Yannick Jadot par Adrien Quatennens, coordinateur du mouvemens insoumis, Mathilde Panot, responsable de l’action parlementaire du mouvement insoumis, Eric Coquerel, chargé des relations unitaires de la campagne Nous Sommes Pour, Manon Aubry, chargée des relations unitaires de la campagne Nous Sommes Pour.

Cher Yannick Jadot,

Tu as proposé une réunion commune de la gauche traditionnelle, d’EELV et des Insoumis. Nous avons approuvé l’idée et décidé d’y participer. Nous souhaitons une rencontre utile et motivante.

Pour cela, nous avons besoin d’y voir clair. Voici comment nous avions compris ton intervention sur France inter. Il s’agissait de nous accorder pour cesser les polémiques entre nous et faire front commun contre la dérive autoritaire du régime macroniste et l’offensive de l’extrême-droite et de ses relais.

Mais l’objet de cette réunion est devenu plus confus à mesure que les jours ont passé. Il a été question de législatives pour 2022 et même de candidat commun à la présidentielle.

Dans le même moment, ton parti EELV et toi-même avez refusé de participer le 7 avril à une réunion proposée par une dizaine d’organisations avec nous pour la défense des libertés. Cela semblait pourtant aller dans le sens de ta proposition. Nous n’avons pas compris pourquoi ce refus.

Nous sommes certains que tu partages avec nous le goût de ce qui se comprend clairement et peut donc faire l’objet d’engagement collectif. Nous croyons que la confusion ne sert pas la cause que nous voulons tous servir : mobiliser en faveur d’une alternative à la politique liberale-autoritaire sous laquelle vit notre peuple. Soyons donc bien clairs entre nous.

S’agissant de l’élection présidentielle, nous avons noté que ton parti procéderait à une primaire en septembre prochain pour designer son candidat. Le secrétaire national de ton parti, Julien Bayou, a confirmé après ta proposition que cette primaire aurait bien lieu. Le PS a dans ses statuts la même procédure interne et le PCF discute de présenter un candidat. De notre côté nous sommes en campagne depuis novembre dernier autour d’un programme que nous mettons en discussion dans la société et auprès des associations, syndicats, partis. Enfin rien n’est venu nous convaincre qu’une candidature commune au premier tour puisse se faire dans la clarté qui seule motivera la mobilisation et les votes. Pour porter notre candidature notre intention est de constituer un pôle populaire de rupture écologique et sociale avec le système. C’est sur cette orientation que nous avons été largement en tête en 2017. Nous avons bien compris que tu ne vois pas l’avenir de cette façon. Nous ne comprenons pas quel message positif pourrait être envoyé par une réunion dont l’aboutissement serait de refaire le constat de tout cela.

Quel serait alors l’ordre du jour pour que cette réunion soit utile au débat public et à nos concitoyens ? Nous voudrions connaitre ton intention à ce sujet.

Dernière interrogation. Nous avons vu dans la presse une liste de tes invités. Elle est faite d’un assemblage de personnalités, de partis et de mouvements, avec une proportion d’invités pour chacun dont nous voudrions comprendre la clef. Eric Piolle et Sandrine Rousseau, candidats écologistes déclarés à l’élection présidentielle sont-ils conviés ? En toute hypothèse et sans préjuger de ce que serait sa réponse nous pensons qu’une invitation large comme celle que tu as prévue ne saurait exclure par a priori le NPA, avec qui nous sommes allié en région Nouvelle Aquitaine comme nous le sommes avec vous et le Parti communiste dans plusieurs autres régions. Peux-tu nous dire pour finir qui est invité ?

Ces questionnements et précautions émis, et puisque l’ordre du jour est incertain, nous voulons t’informer de celui que nous proposerons à cette réunion à laquelle évidemment nous participerons.

Nous proposons d’abord, dans le fil de ton intervention, de nous accorder pour faire une déclaration commune qui aurait deux objets :

1/ Etablir une règle de respect mutuel, une sorte de « pacte de non agression »

2/ Lancer un appel commun à marcher pour les libertés à une date dont nous pourrions convenir collectivement ainsi qu’avec les associations et syndicats qui sont déjà mobilisés sur ce terrain. Cet appel devrait inclure les partenaires qui ont été les nôtres lors de la réunion du 7 avril. Nous pourrions d’ici là participer ensemble aux mobilisations sociales du 1er mai, à l’heure où les destructions d’emplois se succèdent.

Ensuite nous pourrions décider d’engager un débat public contradictoire sur les divers points de nos programmes respectifs. De tels débats existent déjà. Il est prouvé qu’ils sont utiles. Leur mérite serait de nous permettre d’échanger sur le fond, d’une part pour s’accorder sur les questions à discuter et d’autre part pour créer de la mobilisation chez nos sympathisants respectifs et plus largement intéresser les électeurs et électrices qui apprendraient à connaitre les positions de chacun. Pour nous, la clef de la victoire sur Macron et Le Pen passe en effet par la défense de propositions claires susceptibles d’entraîner une adhésion populaire et de faire reculer l’abstention.

Si nous faisons cela, ce serait un bon départ pour une campagne présidentielle fondée sur l’adhésion consciente à des idées plutôt que sur la peur et le rejet. Pour nous, là est l’essentiel : nous croyons que notre principal adversaire est la résignation et l’abstention.

La mobilisation populaire est impossible avec des accords de façade sans contenu clair et précis sur les grandes questions écologiques, sociales et démocratiques qui sont en jeu a ce moment de l’histoire. Sans doute en conviens-tu.

Dans l’attente de ta réponse et avant de te retrouver en réunion reçois nos salutations républicaines et insoumises les plus amicales.

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