Il est urgent d’oeuvrer à la construction d’une nouvelle protection sociale étudiante !

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Intervention de Michel LARIVE dans le débat sur les moyens de remédier aux effets de l’épidémie de Covid-19 sur la jeunesse.

« En juin dernier, nous avions un débat similaire grâce à notre collègue Marie-George BUFFET et sa proposition de revenu étudiant. Aujourd’hui, c’est à l’occasion de la semaine de contrôle qu’un débat « sur les moyens de remédier aux effets de la Covid-19 sur la jeunesse » est posé. Depuis des semaines, la précarité grandissante des étudiants fait la Une des journaux, des chaînes de solidarité - parsemées sur le territoire - se créent pour pallier aux difficultés sociales que les jeunes rencontrent. La jeunesse souffre ! Elle est au cœur de l’actualité et doit être au centre de nos préoccupations. 

Tous les indicateurs en attestent : les conditions d’existence des jeunes en France se dégradent. Notre pays compte aujourd’hui un étudiant sur 5 sous le seuil de pauvreté. Près de la moitié des jeunes doivent désormais, quand cela est possible, travailler en parallèle de leurs études, pour faire face à l’augmentation du coût du logement et de la vie étudiante.

Cette précarité a été particulièrement accentuée par la crise du Covid-19. Certains étudiants ont été confrontés à l’incapacité de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, face à l’augmentation des dépenses courantes. D’autres se sont retrouvés confinés dans des logements parfois insalubres.

Cette paupérisation est dénoncée depuis de nombreuses années par les syndicats étudiants et les sociologues. D’abord, les réformes de l’enseignement supérieur et du marché du travail ont produit une montée des inégalités et de la pauvreté. Puis, les gouvernements successivement au pouvoir ont diminué considérablement le montant des dotations publiques allouées aux CROUS et aux établissements d’enseignement supérieur. En outre, depuis 2017, les Aides Personnalisées au Logement sont constamment revues à la baisse.

Un désengagement de l’Etat qui a poussé nos jeunes à la « débrouillardise », à travailler dans des emplois précaires et à être particulièrement exposés aux risques psycho-sociaux. Malgré les alertes et les mobilisations étudiantes, l’Etat n’a jamais saisi ce problème à bras le corps.

En 2017, avec la France insoumise, nous avons pourtant proposé l’instauration d’une allocation d’autonomie de 800 euros par mois pour les jeunes de 18 à 25 ans, pour une durée de trois ans, dans le but de garantir aux étudiants des conditions d’existence décentes.

Tout au début la crise sanitaire, nous avons établi un plan en direction de la jeunesse proposant une série de mesures d’urgence susceptibles d’apporter une réponse à l’insécurité économique sur le court et moyen terme. Nous demandions notamment la prolongation des bourses durant les 2 mois d’été, le gel immédiat du paiement des loyers pour les résidents en cités universitaires et l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans.

Mais, restant sourd à ces préconisations, pourtant élaborées en concertation avec les premiers concernés, le Gouvernement n’a pas tenu compte de nos propositions. Il s’est contenté, pendant la crise sanitaire, d’octroyer une aide ponctuelle et insuffisante de 200 €, pour moins de la moitié des étudiants…

Aujourd’hui, de nombreux jeunes risquent de payer le prix fort de la crise sanitaire et de cette inaction. La récession économique à venir n’augure en effet rien de bon en ce qui concerne l’avenir des plus précaires. Et déjà la période estivale s’annonce, pour la deuxième année consécutive, particulièrement délicate pour trouver un stage, un premier emploi ou un emploi alimentaire.

Dans ce contexte, il nous impose d’œuvrer urgemment à la construction d’une nouvelle protection sociale étudiante. Le Gouvernement doit donner les moyens de l’indépendance matérielle à ceux qui contribueront, une fois diplômés, à bâtir l’avenir de notre pays. Cette mobilisation de l’État, urgente et indispensable, est la seule garantie de perspectives émancipatrices pour notre jeunesse. »

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