Stop à la précarité menstruelle : pour que les contraintes biologiques ne soient plus des contraintes sociales

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Un article du groupe thématique jeunesse de la France insoumise

L’acquisition de protections périodiques est a priori un acte banal. Pourtant, nombreuses sont les femmes et personnes concernées qui n’ont pas les moyens de s’en procurer, à moins de renoncer à d’autres besoins essentiels. Cela porte un nom : la précarité menstruelle. Les Jeunes insoumis·es sont à l’initiative d’une campagne pour lutter contre ce phénomène. 

Aujourd’hui encore, les règles demeurent un tabou solidement enraciné dans l’imaginaire collectif : historiquement associées à l’impureté et à l’incapacité des femmes à contrôler leur propre corps, régulièrement affublées d’une panoplie d’expressions plus ou moins abstraites (“les Anglais débarquent”, “les ragnagnas”) et longtemps représentées dans l’univers publicitaire par un liquide bleu flashy, leur acceptation sociale dépend de leur degré de dissimulation. De ce fait, elles sont souvent une source de gêne et de honte pour de nombreuses jeunes filles. La persistance de ce tabou limite la possibilité de tenir un débat ouvert et raisonné sur le sujet. Il s’agit pourtant bel et bien d’une question de santé publique, mais aussi d’un enjeu économique et social décisif, car la précarité menstruelle affecte en priorité les personnes les plus en difficulté : détenues, sans-abris, travailleuses et étudiantes précaires. 

On estime à 1,7 millions le nombre de personnes touchées, pour qui cette somme, difficilement compressible dans un budget, entre en concurrence avec l’achat d’autres produits de première nécessité. La dépense annuelle moyenne totale liée aux menstruations s’élève à environ 500 euros, dès lors qu’on y inclut les protections périodiques ainsi que les achats annexes mais bien souvent indispensables : anti-douleurs, draps et sous-vêtements tâchés qu’il faut parfois remplacer, etc. Toutes les femmes n’ont pas les moyens de faire face à ces dépenses. 

L’accès à des protections périodiques pour toutes relève de la justice sociale la plus élémentaire. Environ 130 000 jeunes filles manquent régulièrement l’école lorsqu’elles ont leurs règles car elles ne disposent pas de protections. Par ailleurs, les protections périodiques non-toxiques et écologiques, telles que les coupes menstruelles, les culottes et les serviettes lavables, à cause du coût que représente l’investissement de départ, sont moins accessibles aux personnes précaires que les tampons et serviettes jetables qui peuvent comporter des substances nocives. Plus encore, l’utilisation de ces protections non-toxiques suppose un accès continu à l’eau qui est loin d’être évident pour des personnes en situation d’extrême précarité. 

Une prise de conscience semble s’être amorcée ces deux dernières années, avec la rédaction de deux rapports parlementaires sur le sujet depuis 2019, dont l’un co-dirigé par la députée insoumise Bénédicte Taurine. L’exemple précurseur de l’Écosse, qui a voté en 2020 la gratuité des protections périodiques, montre qu’une voie ambitieuse est possible en la matière. Plusieurs universités françaises, à l’image de Rennes 2 et de Lille, n’ont d’ailleurs pas attendu les décisions gouvernementales pour organiser de vastes distributions de kits de protection. D’ici le printemps 2021, ce sont également 465 lycées de la région Île-de-France qui doivent être équipés en distributeurs de protections hygiéniques gratuites. 

Ces initiatives, bien souvent permises grâce à la mobilisation exemplaire de collectifs et d’associations féministes, sont bienvenues. Il est grand temps que le gouvernement se saisisse de l’ampleur du phénomène pour enfin éradiquer cette précarité qui mine le quotidien de nombreuses femmes et creuse les inégalités. 

La France a les moyens d’inscrire ses pas dans ceux de l’Écosse en commençant par garantir l’accès à des protections périodiques dans tous les établissements scolaires ou accueillant des jeunes. C’est la raison pour laquelle, conformément aux recommandations du rapport d’information parlementaire sur les menstruations de février 2020, auquel la France insoumise a contribué, nous demandons : 

  • La généralisation de la distribution gratuite de protections menstruelles au sein des universités
  • La multiplication des lieux de distribution de protections menstruelles dans les collèges et les lycées
  • L’assurance que les protections menstruelles soient accessibles dans les lieux d’hébergement de la jeunesse, comme les pensionnats ou les foyers de l’aide sociale à l’enfance

Enfin, comme l’ont proposé les député·es de la France insoumise à l’Assemblée nationale à travers une proposition de loi, nous souhaitons que l’acquisition des protections menstruelles soit prise en charge par la Sécurité sociale et que celles-ci soient soumises à contrôle sanitaire.

Afin de porter ces revendications, nous, Jeunes Insoumis​.es, lançons une campagne de mobilisation autour de la précarité menstruelle et invitons tous les groupes d’action à y participer. Des tracts et des autocollants « Stop à la précarité menstruelle » sont disponibles sur le site de la France insoumise et nous appelons à organiser partout des collectes de protections périodiques afin de les redistribuer aux personnes en situation de précarité. 

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