Éducation prioritaire : il y a urgence

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Un article du groupe thématique Éducation de La France insoumise

Depuis le début du quinquennat, la politique éducative qui est menée s’applique consciencieusement à renforcer les inégalités. Les réformes du lycée, du baccalauréat et de l’accès à l’université pénalisent en effet fortement les enfants des quartiers populaires, qui ne bénéficient plus du sésame offert par un diplôme national pour contrecarrer la réputation de leur établissement d’origine.

La prochaine étape, annoncée par la secrétaire d’État chargée de l’Éducation prioritaire Nathalie Elimas, semble être le démantèlement de l’éducation prioritaire, qui était déjà très affaiblie par un manque chronique de moyens.

Il est indispensable d’alléger les classes

La politique d’éducation prioritaire, apparue au début des années 1980, repose sur une logique de compensation : il s’agit de donner davantage de moyens en heures et en enseignant·es aux établissements scolaires les plus ségrégués, ceux qui cumulent toutes les difficultés scolaires et sociales, afin de leur permettre un indispensable allégement des effectifs par classe.

La situation actuelle n’est pas satisfaisante, de nombreuses classes restent trop chargées et cela d’autant plus que le dispositif de dédoublement des classes de CP et CE1 dans les écoles des réseaux d’éducation prioritaire ne s’est traduit par aucune création de post. Les allègements d’un côté se sont faits aux prix d’alourdissements de l’autre alors que les effectifs doivent diminuer dans toutes les classes. Au total, les moyens affectés sont très loin d’être suffisants pour compenser les difficultés auxquelles les établissements concernés ont à faire face.

Territorialisation et mise en concurrence

La réforme proposée va encore affaiblir davantage l’éducation prioritaire. Le projet, qui va être expérimenté dès la rentrée prochaine dans trois académies (Lille, Marseille et Nantes) est de changer complètement le protocole d’attribution du label qui ouvre le droit aux moyens supplémentaires. Jusqu’à présent, c’était un critère objectif qui permettait de tracer la carte des réseaux d’éducation prioritaire : la composition sociale des établissements. Il est prévu de déplacer au niveau local le choix des écoles et collèges prioritaires, avec la création de contrats d’accompagnement entre les établissements et les rectorats. Il s’agit donc de territorialiser une politique de lutte contre les inégalités, alors même que pour être équitable, elle ne peut être conçue qu’au niveau national. Il s’agit aussi de mettre les établissements en concurrence pour obtenir des moyens, dans une logique de projet dont on sait qu’elle n’est ni efficace ni équitable : plutôt que de cibler ceux qui rencontrent le plus de difficultés, on donnera donc à ceux qui déploieront le plus d’énergie pour réclamer.

Il est urgent de lutter contre les inégalités sociales à l’école, c’est une question fondamentale de justice sociale. Au contraire des choix qui sont faits, nous proposons une politique d’éducation prioritaire ambitieuse, avec une baisse significative des effectifs dans toutes les classes des établissements concernés, et une cartographie de l’éducation prioritaire bâtie à l’échelle nationale, à partir de critères objectifs, et intégrant les lycées.

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