PLF 2021 mission média-audiovisuel public : ce texte ne répond pas aux défis que nous devons relever

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Intervention de Michel LARIVE en commission des affaires culturelles à propos de la mission « Médias / audiovisuel public » du projet de loi de finances 2021.

« Les médias doivent avoir des moyens suffisants pour accomplir leur œuvre d’information en toute liberté et en toute responsabilité, sans subir de pressions qu’elles soient politiques ou économiques.

L’augmentation des aides à la presse prévue dans le programme 180 est insuffisante pour permettre un véritable pluralisme, et elle ne saurait compenser les baisses successives observées depuis l’exercice 2018.

Au-delà de la question des montants alloués, c’est notre système d’aide à la presse qui montre ses limites. Car ces fonds subventionnent sans contreparties quelques grands groupes et banques qui possèdent aujourd’hui la plupart des titres de presse.

Il faut repenser les aides à la presse qui devraient s’accompagner de mesures en faveur du pluralisme et contre la concentration des médias.

Concernant le programme 334, nous déplorons le manque d’ambition du texte. La crise sanitaire et la crise économique ne doivent pas servir de prétextes pour retarder les décisions politiques dont les artistes-auteurs ont besoin.

Par ailleurs, les crédits alloués au Centre National du Livre restent constants. Pourtant le CNL aurait bien besoin d’un soutien supplémentaire pour mener son action en faveur de la création littéraire.

Enfin, si nous sommes pour l’élargissement des horaires d’ouverture des bibliothèques, nous n’acceptons pas qu’il soit réalisé au détriment des bibliothécaires, qui sont de plus en plus fréquemment sollicités pour travailler le soir et le week-end.

En ce qui concerne le secteur audiovisuel public, vous nous proposez de poursuivre la cure d’austérité que vous avez lancée il y a deux ans, avec une baisse générale de 2,63%, en tenant compte de l’inflation.

Les conséquences pour France Télévision notamment sont préoccupantes, car à la baisse des crédits proposées s’ajoute une prévision de perte de chiffre d’affaire publicitaire de 55,1M€ par rapport aux prévisions initiales, et d’important surcoûts liés à la crise sanitaire.

De nombreux emplois sont menacés. La CGT France TV rapporte déjà une baisse d’un peu plus de 6,81% des effectifs par rapport au 30 juin 2019. Et il faut s’attendre à ce que les plans sociaux se poursuivent.

Enfin les choix budgétaires proposés par ce Gouvernement paraissent en totale contradiction avec les orientations stratégiques présentées dans le projet annuel de performance.

En effet, comment faire de France TV « une référence en matière de fiabilité, de pédagogie et de mise en perspective des événements », sans lui fournir les moyens nécessaires pour financer le journalisme d’investigation, trop souvent sacrifié sur l’autel de l’immédiateté et du sensationnalisme ?

Tandis que l’objectif affiché est de renforcer l’ancrage de France TV auprès des jeunes publics, pourquoi programmer l’arrêt de France 4 ? Cette chaîne réalise d’excellentes audiences auprès des jeunes. Ca n’a pas de sens.

Enfin, où se trouve la cohérence quand vous dites vouloir tripler le volume horaire consacré aux programmes régionaux à horizon 2022, mais que vous mettez fin à la diffusion des programmes de France Ô début septembre ?

Nous, députés du groupe parlementaire la France Insoumise, ne pouvons pas souscrire à un tel flot d’inepties. Le texte proposé ne répond absolument pas aux défis que nous devons relever et manque clairement d’ambition. Nous voterons contre. »

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