PLFSS : le gouvernement fracture notre solidarité nationale

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Explication de vote de Michel LARIVE dans le cadre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021.

« Après tout ce temps passé à vouloir discuter, proposer, reconstruire notre système de santé et de protection sociale il nous faut aujourd’hui voter pour un texte qui est, quoi qu’il en coute, à côté de la préoccupation principale des Français.

Votre gouvernement a souvent tendance à penser qu’il a raison seul et que l’opposition de son peuple n’est pas légitime. 

Mais dans notre République française, doté d’un pouvoir législatif séparé du pouvoir exécutif, d’une représentation nationale sensée être l’expression du Peuple souverain, cela ne se peut pas.

Les ors de la république ont-ils alourdis à ce point les horloges du temps législatif ?

Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir tout tenter pour remettre à l’heure les maîtres du « en même temps ».

Sur la situation sanitaire du pays, depuis la première vague, vécue de l’intérieur pour avoir remis la blouse en service réanimation Covid, ma collègue Caroline Fiat alerte avec mon groupe sur les manques cruels de moyens pour nos soignants, sur les pénuries d’équipements de protections individuelles, sur les pénuries de médicament, sur la détresse de nos Ehpads, de nos ainés, qui s’éteignent dans l’indifférence, et la solitude.

Le cri d’alerte a été lancé les 13 et 14 juin, après combien d’autres cris, ceux de la rue remplie de soignants pendant près de 2 ans, ceux de votre opposition qui pourtant, année après année, vous propose laborieusement des améliorations des textes successifs des projets de loi de financement de la sécurité sociale.

Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre et c’est bien de cela dont il s’agit.

Monsieur le Ministre Olivier Veran, vous n’avez rien voulu entendre, faisant de la réalité du pays une fable qui ne tient pas dans vos tableaux comptables.

Bien avant cette crise, que nous vivons tous, mais qui statistiquement touche quand même les plus faibles d’entre nous, nos hôpitaux étaient en tension extrême par manque de moyens, de personnels, de reconnaissance, sacrifiés sur l’hôtel de la rigueur budgétaire que vous imposez à tous, sans pour autant devoir la subir vous-même. 

Et qu’avez-vous fait ? Encore des suppressions de lits, encore des regroupements de services, un peu plus de moyens au privé lucratif.

Pour patienter et pour calmer les demandes de l’opposition, vous avez accepté quelques rapports, dont la lecture ne vous a pas plu et qui vous ont conduit à en commander d’autres, plus consensuels, plus lisses, moins humains, plus comptables.

Voilà pour votre gestion, indissociable de celle de votre prédécesseur Agnès Buzin.

La différence monsieur le Ministre absent de ces bancs, Olivier Veran, c’est que vous, vous êtes au cœur de la crise Covid.

Nous nous faisons les porte-voix de cette assemblée pour dire que vous êtes au front tous les jours et que personne ne peut vous le contester.

Et vous êtes au front bataille après bataille, vague après vague, et vous continuez à regarder cela à travers vos lignes et vos colonnes, vos chiffres et vos budgets, vos courbes et vos trajectoires sans jamais prendre en compte la souffrance de ceux qui soignent et celle de ceux qui ne peuvent être soignés.

Ce PLFSS aurait pu être le budget de l’honneur retrouvé, de la grande communion nationale que vous appeliez de vos vœux, mais vous ne mettez rien en œuvre pour que nous puissions nous retrouver. Au contraire, vous fracturez notre solidarité nationale.

Pour la première fois depuis 75 ans, la sécurité sociale sera financée majoritairement par l’impôt et non plus par la cotisation sociale.

Tous les sujets ayant trait aux dysfonctionnements avérés de notre système de santé ont été balayés d’un revers d’article 45, prétexte facile de celui qui refuse le débat sur des choses dont il n’a rien à dire !

Votre PLFSS est cette année, encore plus douloureux que les autres années, tant il résonne d’indifférence et de mépris, de mensonges et d’aveuglements, et du sentiment amer que plutôt que d’améliorer les choses, le pire est à venir.

La sécurité sociale, la solidarité nationale, l’hôpital public, sont des biens communs qui méritent bataille, hors nous faisons le constat d’une capitulation en rase campagne, que nous combattrons de toute nos forces, en résistant partout où nous le pourrons, dans cet hémicycle ou sur le terrain de nos hôpitaux sinistrés.

Parce que nous refusons cet abandon au dogme comptable qui vous tient lieu de feuille de route, Monsieur le Ministre Olivier Véran absent de nos bancs, nous voterons contre ce projet de loi de financement de la sécurité sociale. »

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