Seconde vague et gouvernement inconséquent : La France insoumise soutient le personnel soignant

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Un article du groupe thématique Santé de La France insoumise

Depuis 30 ans, le modèle solidaire de santé en France ne cesse d’être attaqué par les gouvernements successifs. La sécurité sociale, héritage du Conseil National de la Résistance, est passée de caisse collective des travailleur·ses administrée démocratiquement à une institution sous le joug de hauts fonctionnaires coupés des réalités qui acceptent qu’une part croissante des missions soient déléguées au secteur privé. Ces assurances privées ne cessent de croître sur le dos des travailleur·ses, compliquant sans cesse les démarches de remboursement.

La création de l’Objectif National de Dépense de l’Assurance Maladie (ONDAM) en 1995 a renversé le paradigme qui consistait à soigner d’abord et chercher les recettes correspondantes ensuite. Depuis ce moment, le secteur de la santé est sous-financé. Cette austérité s’est fortement intensifiée sous le quinquennat de François Hollande, et s’est poursuivie avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Pour diverses raisons démographiques, nous devons faire 4% de soins en plus chaque année. Cela signifie que pour faire l’ensemble des soins dans d’aussi bonnes conditions, le financement du secteur de la santé devrait également augmenter de 4% par an. Cela n’est jamais le cas. En 2019, la loi de financement de la sécurité sociale a fixé une augmentation du budget de 2,3% pour 2020 mais les 1,7% manquant représentent des dizaines de milliards d’euros. Ainsi, chaque année l’écart se creuse entre les budgets et les besoins.

Les hôpitaux publics, longtemps épargnés par les logiques managériales de réduction des coûts et des effectifs, sont quant à eux devenus des entreprises dirigées par des technocrates n’ayant que la rentabilité en tête. Les travailleur·ses ne contrôlent plus leur outil de travail. Toutes les réformes de « modernisation de l’offre de soin » impliquent des suppressions de postes et un raccourcissement des temps d’hospitalisation. L’hyper-technicité médicale et les séjours ambulatoires remplacent la prise en charge globale des patient·es. Le manque de matériel et le sous-effectif sont devenus systémiques pour augmenter la rentabilité. Les métiers et les salaires sont sans arrêt dévalorisés, poussant les travailleur·ses vers le secteur privé.

La découpe du soin en actes a favorisé l’émergence d’un modèle productiviste en ville comme à l’hôpital, transformant les artisans du soin en automates de la maladie. Les gestes et les cadences sont mesurés, poussant les soignant·es à toujours accélérer. Les métiers de santé se sont déshumanisés, mettant ainsi en souffrance les patient·es comme les soignant·es. En 2019, un mouvement social inédit a secoué le secteur de la Santé. Des mois durant, des centaines de services d’urgence étaient en grève. Les grandes manifestations étaient alors déjà sévèrement réprimées par le gouvernement.

La crise du Covid-19 a frappé ce système de santé très fragilisé et a révélé de grandes failles. En premier lieu, l’absence de stratégie au sommet de l’État, qui s’en remet aveuglément au marché pour régler les problèmes, a conduit à une situation de pénurie de masques, de tests et de médicaments et à de nombreuses incohérences dans la gestion de cette crise.

En second lieu, les politiques de fermeture de lits des hôpitaux nous ont fait frôler une catastrophe d’une ampleur inédite. Au plus fort de la crise, 2400 personnes ont été hospitalisées en réanimation en moins d’une semaine pour une capacité de 5000 lits sur le territoire national. Seul l’arrêt des activités programmées a permis d’augmenter le nombre de lits de réanimation, au prix de retards de prise en charge sur beaucoup d’autres pathologies.

Enfin, l’état des hôpitaux et les conditions de travail du personnel soignant qui souffre du manque de moyens matériels et humains et de la précarisation des postes ont été révélés. Tous les personnels de santé ont pourtant répondu présents. Le gouvernement a parlé de « héros » pour dépolitiser, installer l’image de personnes prêtes au sacrifice plutôt que de professionnel·les de santé exigeant de meilleures conditions de travail.

Le constat est le même pour les professionnels du secteur médico-social, comme les professionnels des EHPAD qui prennent en charge une population plus âgée et plus malade sans que les moyens nécessaires ne leur aient été donnés.

Le Ségur n’a rien réglé

Le Ségur de la santé n’a été qu’une fumisterie de communication, comme l’avait été le grand débat pour éteindre les gilets jaunes. Un cadrage général gouvernemental et des semaines de débats pour un résultat très insatisfaisant :

  • Le fonctionnement du système public hospitalier reste dans le cadre des réformes néolibérales mise en œuvre depuis 30 ans
  • Les restructurations continuent, les fermetures de lits également
  • Sur le plan des salaires, les syndicats qui n’ont pas signé le protocole parlent d’un montant tout à fait insuffisant et d’un accord inadapté aux demandes et revendications des personnels
  • Des contreparties ont été introduites avec le développement d’une prime d’intéressement, la possibilité d’accord locaux sur l’organisation du temps de travail pouvant aller sur l’annualisation et la mise en place de pools d’heures supplémentaires, ce qui ouvre la voie à la remise en cause des 35 heures

L’arrivée de la seconde vague, qui souligne l’échec des mesures sanitaires prises depuis le déconfinement, n’empêche pas le gouvernement de poursuivre sa politique d’austérité. Si le ministre de la Santé reconnaît que le principal marqueur de la gravité de la situation sanitaire est le taux de remplissage des réanimations par des malades Covid (critères pour qualifier la zone d’alerte d’un territoire), il n’a toujours pas pris les mesures nécessaires pour limiter les conséquences catastrophiques à venir, et continue au contraire à détruire le secteur de la santé :

  • Il n’a pas ouvert de lits supplémentaires en réanimation ni dans aucun service hospitalier
  • Au lieu de proposer l’ouverture de postes supplémentaires, il a fait passer un décret pour encadrer de futures suppressions de postes dans la fonction publique hospitalière
  • Rien n’est fait pour rendre l’hôpital public plus attractif et l’empêcher de se vider de son personnel soignant qui ne supporte plus les conditions de travail
  • Enfin, dans son projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021, l’exécutif prévoit 900 millions d’euros d’économie dans les établissements de santé

La France insoumise soutient les revendications des syndicats

C’est pourquoi nous nous joignons aux mobilisations à venir et soutenons les revendications des syndicats en exigeant :

  • L’ouverture massive de lits pour désengorger les Urgences partout où cela est nécessaire.
  • Un plan d’embauche massif dans le secteur de la santé
  • La reconnaissance sans condition en maladie professionnelle de tous les personnels de santé et d’action sociale atteint par le Covid-19
  • L’arrêt de la déréglementation possible sur le temps de travail prévu par le protocole d’accord du Ségur de la santé
  • L’abrogation du décret sur les licenciements dans la Fonction publique hospitalière
  • La revalorisation significative des salaires et l’amélioration des conditions de travail pour l’ensemble des personnels
  • La suppression de l’ONDAM. Les recettes doivent être recherchées en fonction des dépenses effectuées et non l’inverse

L’espoir de retrouver un système de santé d’excellence est bien là et ne dépend que de choix politiques. Le système de santé publique, à l’image de tous les services publics ne doit plus être vu comme un coût mais une richesse.

  • L’État doit reprendre ses responsabilités de financeur, notamment auprès des hôpitaux
  • L’annulation totale de la dette illégitime des hôpitaux doit être prononcée
  • Les modes de financements dans la santé doivent être revus afin de favoriser le retour à une prise en charge globale des patient·es plutôt qu’à des actes déshumanisants
  • La gouvernance de l’ensemble du système de santé doit être revue pour le rendre plus démocratique dans sa gestion
  • Les métiers, les carrières et les salaires doivent être très largement revalorisés pour l’ensemble des personnels afin que le secteur de la santé publique redevienne attractif
  • Enfin, la France doit retrouver une souveraineté dans la santé avec par exemple la création d’un pôle public du médicament, redéployer une industrie productive en matériel de santé

Gardons en tête que notre pays ruiné après la seconde guerre mondiale a su mettre en place un système de santé solidaire et efficace, il n’y a aucune raison qu’il n’y parvienne pas aujourd’hui.

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