La précarité étudiante et la transphobie tuent

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Un article du groupe thématique « Droits nouveaux et LGBTI » de La France insoumise.

Mercredi 23 septembre, Doona, étudiante transgenre à Montpellier, a été poussée au suicide. Plusieurs rassemblements ont eu lieu partout en France. Son geste a ému des milliers de personnes, comme en témoignent les nombreux partages et tweets comportant le hashtag #soutienDoona. Comme des milliers d’étudiant·es, Doona logeait en résidence universitaire à la Cité Vert-Bois à Montpellier. Ses proches ont témoigné de sa situation précaire.

Aujourd’hui, accéder à ses droits sociaux quand on étudie relève du parcours du combattant. Les CROUS sont saturés faute de financement suffisant. Cette rentrée la situation s’est largement aggravée du fait de l’arrivée massive de jeunes dans l’Enseignement Supérieur avec 48 000 bachelier·es supplémentaires. L’attente d’une réponse pour les bourses et logements dure plusieurs mois, et des heures d’attentes sont nécessaires pour pouvoir prendre un rendez-vous avec une assistante sociale, plusieurs semaines plus tard.

Les personnes LGBTI sont plus fréquemment en situation de précarité. Cette précarité s’est encore aggravée du fait de l’épidémie de Covid19 et du confinement. Les LGBTIphobies entraînent parfois un certain l’isolement, et la faiblesse des liens amicaux et familiaux rendant les personnes plus vulnérables face aux difficultés de la vie. Leur santé mentale s’en trouve très souvent affectée. Mais le gouvernement n’a pas pris la mesure de la crise sociale pour les étudiant·es, ni des violences LGBTI.

La précarité de Doona venait ici s’ajouter aux violences transphobes qu’elle subissait quotidiennement. De nombreux témoignages font état d’un mégenrage (s’adresser à elle et parler d’elle comme si elle était un homme, sciemment ou non) constant de ses voisin·es et interlocuteurs quotidiens. Doona avait aussi indiqué qu’elle avait fait face à de la transphobie à l’hôpital de la part des soignants, ce qui l’avait empêché d’y retourner lorsque sa santé mentale s’était dégradée. Des proches de Doona et des syndicats accusent aussi le CROUS de l’avoir menacée d’expulsion si elle faisait une tentative de suicide.

Les personnes LGBTI ne sont pas responsables de ce qu’elles subissent. La question du suicide des personnes LGBTI est une responsabilité collective. Le rapport annuel de SOS Homophobie rappelle la violente réalité d’être une personne LGBTI aujourd’hui en France. Agressions, violences rejet, abandon, etc. : le nombre de témoignages évoquant des suicides ou des tentatives de suicide est accablant.

Les étudiant⋅es doivent pouvoir étudier sans avoir à se soucier de leur situation financière, grâce à une allocation d’autonomie. Les personnes trans, comme tout le monde, doivent pouvoir accéder aux soins de manière gratuite et en étant accueillie dignement. Pour améliorer la prise en charge, l’État doit se tourner vers les associations représentant les personnes trans, et rendre pleine et entière la liberté de choix des praticiens.

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