Audition en commission Culture/Education sur le rapport au gouvernement concernant l’obligation de formation des jeunes de 16-18 ans.
« Dans un premier temps, je tiens à vous remercier pour la qualité de votre rapport.
La volonté affichée de garantir, par l’action des pouvoirs publics, une formation aux jeunes de 16 à 18 ans est un objectif que je partage.
La question est de savoir comment ! Vos propositions laissent transparaître une logique partenariale, celle des « alliances éducatives ». Cela me laisse perplexe.
Cette orientation est au cœur des politiques éducatives depuis le programme « Nouvelles Chances » de 1999. Et pour quel bilan ?
En France, le taux d’insertion professionnelle pour les moins diplômés est en chute libre depuis une vingtaine d’année ! On ne saurait se satisfaire du léger rebond observé depuis 2016, qui s’explique par le développement de « petits boulots » déqualifiés et précarisés.
De plus, le décrochage scolaire touche encore près de 100 000 élèves par an en France. Ce phénomène massif n’est pourtant pas une fatalité. Ces « décrocheurs » sont le produit de la politique éducative menée par les différentes réformes de l’Education Nationale, depuis de nombreuses années.
Ce sont les laissés pour compte de l’école, ceux qui sont les principales victimes des mesures austéritaires, du recul de l’ambition éducative. Les professionnels de l’Education nationale n’ont aujourd’hui plus les moyens d’être leurs interlocuteurs privilégiés, à l’heure où un conseiller d’orientation a aujourd’hui à traiter, en moyenne, le cas de 1500 élèves.
Comment penser alors que le « partenariat », la « décentralisation » ou l’« accompagnement en dehors du cadre scolaire » donneront des moyens mieux adaptés et pourront faire en sorte de mieux régler ce problème ?
Ne craignez-vous pas que cette politique partenariale renforce les inégalités éducatives, notamment en matière d’insertion professionnelle, comme on a pu le constater ces vingt dernières années ? »