70 ans d’OTAN, ça suffit !

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L’Organisation du traité de l’Atlantique nord fête aujourd’hui son 70e anniversaire. 70 bougies, dont beaucoup sont de trop. En effet, cette organisation militaire est ratifiée le 4 avril 1949 par les signataires du Traité de l’Atlantique Nord, qui se promettent ainsi secours mutuel en cas d’agression. Mais dès l’année suivante, en 1950, le Conseil de l’Atlantique Nord qui la chapeaute décide d’instituer une organisation militaire intégrée permanente. Immédiatement, l’OTAN passe sous tutelle exclusive des États-Unis d’Amérique, dont de nombreux éléments stationnent dans les pays membres.

Face à l’impérialisme nord-américain en Europe et à l’intensification de leurs bombardements sur le Vietnam, Charles de Gaulle décide en 1966 le retrait de la France du commandement militaire intégré. La France demeure alliée des pays signataires du Traité de l’Atlantique Nord, mais quitte son commandement et décide seule de ses menées militaires : aux yeux du président De Gaulle, « l’évolution de sa propre situation et de ses propres forces ne justifient plus, pour [la France], les dispositions d’ordre militaire prises après la conclusion de l’Alliance. » Il exige le retrait des troupes de l’OTAN du territoire national et entend « recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamé par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation habituelle qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements intégrés et de ne plus mettre de forces à la disposition de l’OTAN ». Face à lui, une presse pro-américaine hurle que « les Blancs et leur civilisation » sont en danger !

Depuis 1966, les éléments à charge contre l’OTAN sont encore plus nombreux. Créée pour affronter la menace soviétique, l’OTAN n’a plus d’ennemi identifié. Les blocs internationaux ont disparu. Ses dirigeants cherchent éperdument des ennemis, alternant entre « le terrorisme », la Libye, la Russie, la piraterie… Une variété de missions sans queue ni tête.

A partir de la guerre d’ex-Yougoslavie, l’OTAN et son chef étasunien ont commencé à grignoter des missions réservées à l’ONU, c’est-à-dire à l’institution de représentation de tous les pays du monde, en charge des opérations de sécurité collective. Rappelons que sur les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité, deux sont extérieurs à l’OTAN (Russie et Chine). En effet, dès 1995, l’OTAN s’est chargée de l’application de l’embargo sur les armes et de raids aériens, dessaisissant l’ONU pour y substituer les USA comme gendarme du monde. Dans le cadre de l’OTAN, un neuvième de la population mondiale s’est arrogée le droit de maintenir un ordre militaire qui lui convient. L’OTAN n’hésite plus à intervenir sans accord de l’ONU, à violer le droit international ou à interpréter à sa guise les mandats ONUsiens comme lors de l’intervention libyenne de 2011, rapidement hors de contrôle. Lorsqu’elle fait face à des contestations, l’OTAN n’hésite pas à déclencher de vastes appareils à propagande afin d’intoxiquer les opinions publiques et les faire consentir à des interventions militaires. L’intervention au Kosovo est un moment d’une rare intensité concernant les mensonges médiatiques commandés par l’OTAN.

Depuis les années Bush, l’OTAN n’a plus aucune limite territoriale. Elle se targue de pouvoir intervenir partout et se fait menaçante, en disposant des bases militaires tout autour des frontières russes. Malgré l’engagement pris auprès de Gorbatchev de ne pas s’étendre à l’Est, les responsables de l’OTAN profitent de l’affaiblissement russe lors de la chute de l’URSS pour engager une expansion fulgurante jusqu’à leur porte. Nous payons encore aujourd’hui cette trahison, rappelée dans le discours rageur de Vladimir Poutine annexant la Crimée : « ils nous ont menti à plusieurs reprises, ils ont pris des décisions dans notre dos, ils nous ont mis devant le fait accompli. Cela s’est produit avec l’expansion de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord vers l’est, ainsi qu’avec le déploiement d’infrastructures militaires à nos frontières. »

Les interventions contestables se sont ainsi multipliées, avec participation française. L’exemple de la guerre en Afghanistan est éclatant. Les forces de l’OTAN y sont désormais depuis plus longtemps que les Soviétiques au temps de leur intervention, vertement critiquée par toutes les chancelleries occidentales. La France s’est engagée 11 ans dans cette guerre américaine, sous tutelle américaine et sous décisions américaines. Et gare aux officiers français qui critiqueraient la prééminence des USA : ils sont immédiatement convoqués et sanctionnés.

Cette acceptation française de la prééminence étasunienne a conduit à inverser le choix initial de Charles de Gaulle. En la matière, ses héritiers proclamés l’ont trahi sans vergogne. Sous Jacques Chirac, en 1995, la France a réintégré le conseil des ministres et le comité militaire de l’OTAN. Puis, Nicolas Sarkozy signe la fin de l’exception française en 2009. Il réintègre la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN et la ramène dans le giron américain. Désormais, la France est solidaire de toute aventure militaire collective. Démarche d’autant plus absurde qu’elle contredit la doctrine stratégique française. La doctrine de l’OTAN est la « riposte graduée », alors que celle de la France est « la dissuasion nucléaire » : qui nous frappe disparaît.

À l’heure de Donald Trump, l’avenir de l’OTAN est plus qu’inquiétant. Depuis son accès au pouvoir, l’investissement français résonne comme un racket, car Trump a exigé une rallonge de 100 milliards en 2020 de la part des Européens et des Canadiens pour entretenir l’alliance qu’il dirige ! Il tente avec l’OTAN la même opération qu’avec le mur à la frontière mexicaine… mais nos dirigeants cèdent.

Pire, l’OTAN tente d’annexer la politique européenne de défense. La plupart des Etats-membres de l’Union européenne sont membres de l’OTAN et nombre d’entre-eux plaident pour intégrer toute défense européenne dans ce cadre. Autant nommer directement Donald Trump responsable de la politique de défense européenne. Mais n’oublions pas que 15 des 28 Etats-membres de l’Union européenne ont accompagné la folie américaine en Irak. Ces pays pèsent encore pour beaucoup dans le sens d’une union militaire étroite entre l’Union européenne et les USA. Au mépris des pays non-membres de l’OTAN (Irlande, Autriche, Malte, Chypre, Suède ou Finlande), les traités européens alignent toute politique extérieure sur les orientations de l’OTAN. En effet, l’Union « respecte les obligations découlant du traité de l’Atlantique Nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) » et les engagements qu’elle propose « demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord » (art.42 TUE). Les missions militaires américaines sont s’imposent donc aux Etats-membres de l’Union européenne via les traités !

Sortir de l’OTAN ? Oui, plus que jamais en 2019. Pour retrouver une voix française indépendante et respectée sur toute la planète, pour favoriser la sécurité collective et le droit international, pour raffermir l’ONU et pour envisager une défense européenne indépendante de Donald Trump. Autant d’objectifs qui requièrent la dissolution de cette organisation archaïque qu’est l’OTAN – ou la reconquête française de sa souveraineté militaire, comme en 1966.

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