Le 5 février, Bastien Lachaud interrogeait M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur la situation des personnes LGBTQI au sein de la francophonie. Le milieu de soutien et de mobilisation LGBTQI évolue principalement en anglais, ce qui constitue une entrave aux nombreuses personnes et organisations des pays francophones. Les documents de préventions sont principalement en langue anglaise excluant de fait les LGBTQI francophones. Un réseau francophone, à l’initiative du Québec, pour pallier à ce manque est en cours de formation. M. Lachaud souhaite savoir si le Gouvernement compte participer et soutenir la création de ce réseau.
M. Bastien Lachaud interroge M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur la situation des personnes LGBTQI au sein de la francophonie. Les communautés LGBTQI vivent des réalités différentes d’une région du globe à l’autre. En matière de droits et de reconnaissance des personnes LGBTQI, la situation varie considérablement d’une région francophone à l’autre.
Si la situation s’est améliorée dans certains pays sur les plans social et juridique au fil des ans, elle reste alarmante dans beaucoup d’autres, y compris des pays membres de la francophonie. À l’international, le milieu de soutien et de mobilisation LGBTQI évolue principalement en anglais, ce qui constitue souvent une entrave aux nombreuses personnes et organisations des pays francophones qui œuvrent principalement en français. Par exemple, il existe de nombreuses documentations d’information et de prévention disponibles uniquement en anglais. Les personnes francophones n’ont donc pas accès à ces ressources pourtant indispensables. Il existe très peu de fonds pour traduire et rendre accessibles des documentations adaptées.
Une analyse du travail de recherche de la Global Philanthropy Project nous montre que très peu de ressources financières mondiales appuient les personnes LGBTQI francophones. Selon le rapport sur les ressources mondiales 2015-2016, seulement 0,5 % des fonds internationaux de soutien gouvernemental et philanthropique aux personnes LGBTQI (soit 131 million de dollars) ont été octroyés dans des pays où le français est une langue d’usage. Pourtant, on estime à 274 millions le nombre de locuteurs du français, répartis sur les 5 continents. A cela, on peut ajouter 125 millions de personnes qui apprennent le français. C’est la 5e langue la plus parlée dans le monde, et les projections démographiques montrent qu’en 2050, le nombre de locuteurs s’élèvera à 700 millions, dont 85 % en Afrique, sur une population mondiale estimée à 9,1 milliards.
En août 2017, Montréal fut l’hôte de la toute première conférence internationale sur la diversité sexuelle et la pluralité de genres dans la francophonie. Quelques 225 personnes en provenance de plus de 20 pays ont réitéré le besoin de rassembler, partager et concerter les militants et les organisations LGBTQI de la francophonie. La création d’un réseau francophone est l’une des principales recommandations formulées lors de cette conférence et rejoint ce que des chercheurs, militants LGBTQI et des droits humains, de même que plusieurs experts ont déjà exprimé quant au besoin de fédérer et de créer des espaces de dialogue sécurisés et inclusifs dans le monde francophone. Pour répondre à ces recommandations, le gouvernement du Québec a pris l’initiative et a convenu en printemps 2018 de verser une subvention de 4 millions de dollars sur cinq ans pour assurer le fonctionnement et les activités d’un réseau international francophone en faveur de la protection et l’avancement des droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et trans. Grace à cet appui financier du Québec, le réseau LGBTQI francophone international est en voie de création. Ce réseau aura pour objectif de favoriser l’entraide, la concertation et la mobilisation dans le milieu LGBTQI francophone, créer des espaces de dialogue sécuritaires et inclusifs, soutenir l’action, renforcer les capacités et assurer un accès à des ressources en français.
Face à cette grande disparité dans l’allocation mondiale des ressources, allant massivement en direction de populations anglophones, et laissant très peu de place à la francophonie, il souhaite apprendre de M. le ministre quelles actions il compte faire pour que la France prenne toute sa place pour aider les communautés LGBTQI de l’espace francophone. Il souhaite savoir si la France compte participer et soutenir la création de ce réseau francophone, et quelles actions le ministre compte entreprendre au sein de la francophonie, et notamment au sein de l’organisation internationale de la Francophonie, pour l’amélioration de la situation des personnes LGBTQI.
Voici le texte de la question publiée le 05/02/2019.