Edito de Charlotte Girard, publié initialement dans l’Heure du Peuple le 29 octobre 2018 à cette adresse.
C’était bien l’opposition politique qui était visée. L’opposition la plus inquiétante pour le pouvoir macronien. C’est pourquoi il lui fallait taper fort. Le raid judiciaire d’Octobre a fait des dégâts. Comme après un déluge. Il faut écoper. Il faut réparer. Regardez nos compatriotes de l’Aude comme ils se relèvent : des coups de main, des collectes, des idées pour reprendre le fil. D’ailleurs les insoumis audois sont à pied d’œuvre. Malgré tout. Touchés et déjà sur le terrain.
C’est la voie à suivre.
Poursuivre en attaquant. Parce que la procédure exceptionnelle qui a servi à surprendre l’opposition a joué avec le feu. Pas de juge d’instruction et une autorisation d’agir sans le consentement des perquisitionnés. Pas de faits graves et concordants donc pas d’information judiciaire, mais une enquête préliminaire décidée par le Parquet subordonné – comme on le sait – au Gouvernement. Pas d’égard pour les biens ni les personnes, fussent-elles parées de l’immunité parlementaire. Des plaintes sont déposées en conséquence.
Poursuivre en expliquant. Parce que les mystifications médiatiques jouent à plein leur rôle délétère. Pourquoi relayer la colère et jamais la raison, si ce n’est pour enfumer une atmosphère déjà irrespirable ? Les faits sont pourtant têtus.
Poursuivre en militant. Parce que le temps presse et que notre camp n’est jamais plus fort que lorsqu’il parle à l’intelligence des gens. Comment ? En reprenant les activités militantes par lesquelles on permettra à nos concitoyens de s’inscrire sur les listes électorales pour en finir, élection après élection, avec un pouvoir décidément prêt à tout.
Les Européennes approchent et le débat dérive vers une simplification abusive du paysage politique – progressistes contre nationalistes et populistes – à laquelle visiblement le Président Macron tient plus que tout. Et pour cause, c’est sa seule stratégie de campagne. C’est celle qui l’a fait gagner en 2017. Son vrai projet est la mise en œuvre scrupuleuse de ce que les libéraux imposent au niveau de l’Union européenne et dont les peuples ne veulent plus. La ruse est donc de ressortir l’épouvantail Le Pen. Le tweet présidentiel du 26 octobre qui la désigne officiellement comme opposante idéale est édifiant : « Qui a gagné les élections européennes en France ? Le Front National. Qui était au deuxième tour de l’élection présidentielle en France ? Le Front National. Ils sont là les nationalistes.(…) » D’ailleurs, ces derniers en profitent : la hausse du prix du diesel tombe à pic. Si la protestation populaire est légitime, il n’en fallait pas plus pour raviver la flamme.
Il faut relever le défi comme le propose la France insoumise avec le soutien aux luttes (retraites, emplois,…) ou la reprise du combat écologique (climat, glyphosate, …), mais aussi avec ces rencontres nationales des quartiers populaires le 18 novembre : un processus d’implication inédit pour faire ressurgir la République.
Charlotte Girard