Tribune du mouvement européen “Et maintenant, le peuple”

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Tribune des député·es de la France Insoumise, avec Pablo Iglesias de Podemos, Catarina Martins du Bloco de Esquerda et Søren Søndergaard de l’alliance Rouge-verte au Parlement national du Danemark du 25 octobre 2018.

 

La semaine passée, le Conseil européen s’est réuni à Bruxelles. C’est le premier sommet européen depuis que le gouvernement autrichien d’ultra droite, conduit par Sebastian Kurz, a pris la Présidence de l’Union européenne. Au total le paysage politique européen évolue vers l’extrême droite, avec la formation du gouvernement italien entre 5 étoiles et Lega, ainsi que le virage autoritaire dans des pays comme la Hongrie ou la Pologne, qui ont ouvertement tourné le dos, entre autres, au droit international des réfugiés.

Au niveau actuel de polarisation, des voix comme Salvini et Macron ne sont pas rivales. En fait elles se révèlent être parfaitement complémentaires. Et c’est précisément l’absence de solidarité européenne qui, combinée avec les politiques d’austérité, a alimenté la xénophobie à travers l’Europe entière au cours des dernières décennies et qui permet maintenant à Salvini d’agir contre les migrants en Italie. La présidence de Kurz marque un approfondissement des tendances réactionnaires en Europe. Elle renforce la concurrence entre les opprimés. Leurs refrains, créés et alimentés par le néolibéralisme, unissent les forces réactionnaires du “centre extrême” de Macron à l’extrême droite de Salvini.

En tant que forces progressistes, nous nous opposons aux solutions de l’Union européenne quand elle souffre d’un aussi grave manque de solidarité et d’un manque de considération pour les droits de l’homme. Les soi-disant solutions des derniers mois pour répartir les migrants sauvés en Méditerranée dans quelques pays ne suffisent pas si elles ne s’appuient pas sur une politique d’accueil effective et durable. À la lumière de cela, nous voulons dire haut et fort que nous nous opposons à la politique frontalière de l’UE menée par Frontex, qui condamne à mort des milliers de personnes en Méditerranée et permet aux voix autoritaires comme Salvini de se développer. Nous nous opposons également fermement à la politique de cette Europe forteresse, fondée sur l’externalisation des frontières, qui viole la souveraineté des pays tiers et rend l’Union européenne responsable des morts, des viols et des tortures perpétrés contre les demandeurs d’asile en Libye et dans l’ensemble de l’Afrique, tout en ouvrant la voie aux mafias de passeurs. Ce non-respect des principes des droits de l’homme et du droit des réfugiés est également un grave danger pour les peuples d’Europe eux-mêmes.

De plus, l’Union européenne assume des responsabilités de taille en ce qui concerne la part de ces mouvements migratoires : exportations d’armes, pillage des ressources, politiques de confiscation des richesses par les multinationales, accords de libre-échange, ouverture de vastes champs de corruption. En réalité, en focalisant le débat uniquement sur la migration, Macron et Salvini tentent conjointement de dissimuler les véritables problèmes des gens.

En Europe, nous refusons la fatalité de l’exil forcé de centaines de milliers de jeunes Européens, notamment d’Europe du Sud, contraints de quitter leur pays ravagé par le chômage provoqué par les politiques d’austérité. Dans le monde, nous ne pouvons accepter l’idée que nous serions impuissants face à la montée des tensions internationales et à la multiplication des conflits armés entraînant de nombreux morts et des migrations forcées. Cela nous pousse également à ne pas abandonner la lutte pour une transformation écologique profonde. Des territoires entiers de notre planète deviennent inhabitables. Ce n’est pas une évolution naturelle des choses, mais une résultante du réchauffement climatique généré par nos modes de consommation et de production actuels.

Nous défendons une politique d’accueil et de défense des droits fondamentaux, pour une Union Européenne qui ne se soustrait pas à ses responsabilités. Comme nous l’avions déclaré au mois de juin, l’Europe n’a jamais été aussi riche, et en même temps aussi inégale. La mise en œuvre des politiques d’austérité n’a résolu aucun des problèmes structurels à l’origine de cette crise. La politique qui sauve les banques en blâmant la population doit être abandonnée.

La réunion du Conseil européen d’octobre a été le spectacle des extrêmes droites tentant de s’emparer de l’avenir de l’Europe. Macron et ses amis libéraux feindront de s’y opposer tout en continuant d’organiser l’externalisation des frontières et l’augmentation des expulsions. La solution doit porter autant sur les droits sociaux et les droits des travailleurs que sur la défense de nos institutions démocratiques et des principes féministes, LGBTQ et antiracistes. Nous pensons fermement que la solution doit être basée sur une politique d’accueil digne et décente répartie entre tous les pays européens, et sur une véritable politique de coopération qui remplace les accords de libre-échange actuels. Si l’on nous dit que cette alternative n’est pas possible dans les traités et les institutions européennes, alors nous répondrons que la réponse contre l’injustice et la volonté démocratique et organisée des peuples ont toujours été le moteur qui a permis de changer les choses. C’est notre priorité : construire une alliance internationale qui place la solidarité et les droits sociaux au centre de la politique et au-dessus de tout.

Tribune publiée sur le site du Huffington Post le 25/10/2018. A lire ici :

https://​www​.huffingtonpost​.fr/​j​e​a​n​-​l​u​c​-​m​e​l​e​n​c​h​o​n​/​f​a​c​e​-​a​-​m​a​c​r​o​n​-​e​t​-​s​a​l​v​i​n​i​-​u​n​e​-​e​u​r​o​p​e​-​p​o​u​r​-​l​e​-​p​e​u​p​l​e​_​a​_​2​3​5​7​0​6​30/

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