Tous les sites

Impôts : aller (vraiment) à la source ! par Matthias Tavel

pARTAGEZ

Edito de Matthias Tavel publié initialement dans l’Heure du Peuple le 10 septembre 2018, voir ici.

 

Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu entrera donc en vigueur en 2019. L’opposition des syndicats et du patronat, les bugs, les risques de cafouillage comme de rupture de confidentialité, rien n’y fit contre cette décision Hollando-macroniste portée par le ministres ex LR Darmanin. La Grande coalition française privatise ainsi une mission régalienne, essentielle, historique : la collecte de l’impôt.

Cette réforme est purement idéologique. Elle n’apportera aucune amélioration du taux de recouvrement de l’impôt dû, celui-ci dépassant déjà les 98%. C’est même l’inverse. Les difficultés informatiques, administratives ou financières des entreprises feront désormais planer un risque supplémentaire. Et cette réforme servant de prétexte à supprimer de nouveaux milliers d’agents dans l’administration fiscale, elle se traduira par une lutte encore affaiblie contre l’évasion fiscale comme en témoigne aussi le famélique projet de loi du gouvernement contre la fraude.

Il était parfaitement possible de faire l’impôt « contemporain », c’est-à-dire payé l’année de ses revenus, sans confier cette tâche à chaque chef d’entreprise comme il était possible de généraliser la mensualisation du prélèvement de l’impôt pour tous les contribuables.

La réforme du prélèvement à la source cache en réalité la terrible continuité dans la politique fiscale : des impôts progressifs affaiblis, des exonérations et cadeaux aux détenteurs du capital et aux grandes entreprises, la hausse des impôts indirects (TVA sous Sarkozy et Hollande) ou non progressifs comme la CSG. Sans oublier le détournement des recettes de la nécessaire fiscalité écologique à d’autres fins que le financement de la transition écologique.

Si une retenue à la source doit s’appliquer, c’est celle qui doit frapper à la source de la richesse ! Les fortunes immobilières et mobilières sont pourtant bien loin de la contribution fiscale qui serait nécessaire pour donner à l’Etat les moyens de son action et agir contre les inégalités. La suppression de l’impôt sur la fortune, le taux unique (flat tax) sur les revenus du capital, la conservation de centaines de niches fiscales inefficaces et coûteuses éloignent l’impôt de la source de la richesse au lieu de l’en rapprocher. Les riches continuent de dévaster notre civilisation par leur sécession démocratique et territoriale, leurs consommations somptuaires et climaticides, leur égoïsme social.

La question fiscale reste entière. Le consentement à l’impôt ne sera rétabli en France que par une révolution fiscale permettant d’en finir avec les niches, de rétablir des assiettes justes et des barèmes progressifs, d’appliquer la tolérance zéro contre les fuyards du fisc, riches comme multinationales. Il faudra donc reprendre le problème à la source.

Matthias Tavel

Rechercher