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Russie-Arabie Saoudite : Macron soutient-il les Saoudiens ?

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A quelques heures du coup d’envoi de la Coupe du Monde 2018 en Russie c’est le grand lancement des Chroniques FiFOOT ! Tout au long de la compétition retrouvez les analyses politico-tactiques de La France insoumise sur les matchs de l’équipe de France mais aussi sur une sélection de rencontres alléchantes…

Le match d’ouverture opposera donc la Russie à l’Arabie Saoudite. Il aura lieu au stade Loujniki, plus grand stade du pays. Celui-ci fut inauguré en 1956 sous le nom de stade Central Lénine à l’occasion d’un match de football entre l’URSS et la Chine. Il fut le théâtre de l’une des tragédies les plus meurtrières de l’histoire du football due à un mouvement de foule lors du match entre le Spartak de Moscou et le club néerlandais de Haarlem en 1982.

Si cette opposition n’est pas la plus enthousiasmante sur le papier et ne devrait pas déchaîner les foules (la Russie est classée au 70ème rang par la Fédération internationale de football alors que l’Arabie Saoudite occupe la 67ème position), elle fait office de symbole pour les deux pays. Pour la Russie, il s’agit de tourner la page du scandale de dopage qui avait entaché les Jeux olympiques de Sotchi en 2014 en démontrant la capacité du pays à organiser cet événement planétaire. Par ailleurs, la victoire est impérative pour l’équipe hôte de la compétition qui devra aller chercher sa qualification pour la phase finale comme le veut la tradition (historiquement seule l’Afrique du Sud en 2010 a échouée avant ce stade en tant que pays organisateur).

Pour l’Arabie Saoudite, la participation à la Coupe du Monde est une manière d’affirmer son hégémonie régionale quatre ans avant l’organisation par le voisin qatari de la prochaine édition. Le pays est en effet engagé dans des conflits locaux, notamment dans une intervention sanglante au Yémen depuis 3 ans. Depuis le début cette opération armée, déclenchée en mars 2015, le conflit a fait au moins 6 000 morts parmi les civils yéménites, selon l’ONU. 75 % de la population a besoin d’aide humanitaire. 8,4 millions de Yéménites sont menacés par la famine et la moitié des hôpitaux et des centres de santé ne sont pas en état de marche.

Pourtant, le président de la République Emmanuel Macron a accueilli en grande pompe le prince héritier Mohammed Ben Salmane en avril dernier. Celui-ci a pu donc parader dans Paris, visitant le musée du Louvre et prenant des « selfies » avec le président français (voir ci-contre). 

Il faut dire que le dirigeant de l’Arabie Saoudite a toutes les raisons d’être satisfait par le silence d’Emmanuel Macron. En effet, alors que Paris a livré un grand nombre d’armements à l’Arabie Saoudite ces dernières années, le président de la République s’est illustré par une absence de position sur la terrible guerre au Yémen, se contentant d’annoncer une conférence humanitaire d’ici à l’été sans jamais hausser le ton pour construire un chemin pour la paix. Mais à l’aube de la plus grande compétition de football mondiale, n’est-ce pas là la marque des vrais supporters ? Une dose de mauvaise foi et un soupçon d’aveuglement pour son favori du moment ?

Ce silence politique contraste avec la pression de plus en plus forte de la justice à l’encontre de Mohamed Ben Salmane. Ainsi, une ONG yéménite a déposé une plainte au Tribunal de Grande Instance de Paris pour « complicité d’acte de torture » à l’encontre du dirigeant saoudien.
Dans ce match d’ouverture de la coupe du Monde, personne ne peut affirmer la préférence sportive du président de la République. Mais il est une certitude, c’est qu’en dehors du terrain, c’est bien le royaume saoudien qui est le terrible gagnant de la politique internationale d’Emmanuel Macron.

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