Question N° 9298 publiée au Journal Officiel le 12/06/2018 page : 4948
Mme Mathilde Panot alerte Mme la ministre des solidarités et de la santé concernant la situation alarmante de la gynécologie médicale dans le pays.
Elle appuie par cette question les constats et demandes du comité de défense de la gynécologie médicale. La spécificité de la gynécologie médicale, c’est le cycle menstruel et les problèmes de la puberté jusqu’à la pré-ménopause et la ménopause, le traitement des stérilités conjugales, le couple, les contraceptions difficiles adaptées à chaque cas, l’éducation à la sexualité, les maladies sexuellement transmissibles, l’identification des facteurs de risque de cancer et toute cette activité de prévention, dépistage, suivi des femmes qui fait que les diagnostics sont faits tôt, tant pour les maladies infectieuses que le cancer.
C’est grâce au suivi gynécologique personnalisé tout au long de la vie qu’en France le nombre de cancers du col de l’utérus a été divisé par quatre en 20 ans et que les femmes sont beaucoup moins nombreuses à être privées d’utérus à 50 ans (6,7 %) qu’aux États-Unis (40 %) et dans beaucoup de pays d’Europe (20 à 30 %). Pourtant l’accès à la gynécologie médicale est menacé.
Au 1er janvier 2017, six départements n’ont aucun gynécologue médical, seize n’en ont plus qu’un. Ce phénomène s’accélère fortement puisque 62 % des médecins formés à cette spécialité ont 60 ans et plus et vont donc partir à la retraite dans les prochaines années. En 2012, les effectifs de gynécologues médicaux ne permettaient déjà plus qu’à un quart des 28 millions de femmes en âge de consulter d’avoir accès à ces spécialités.
Les conséquences de la pénurie de gynécologues médicaux sont déjà réelles, ruptures de suivi, diagnostics retardés et pour la jeune génération un problème d’accès aux soins gynécologiques qui se traduit par une perte d’habitude d’aller consulter et donc des impacts très forts sur la santé de plusieurs générations de femmes.
En 2017, seuls 64 postes d’internes ont été ouverts en gynécologie médicale, soit 6 de moins qu’à la rentrée 2016 alors que l’ouverture de postes était en constante augmentation depuis 2003.
Il faudrait au moins 3 000 gynécologues pour répondre aux besoins des femmes en âge de consulter.
Mme la ministre décidera au mois de juin 2018 du nombre de places à ouvrir pour les internes dans cette spécialité. Madame la Députée appelle donc à une augmentation du nombre de gynécologues médicaux formés pour permettre à toutes les femmes de pouvoir consulter un gynécologue indispensable à leur santé. L’égalité femmes-hommes est la grande cause du quinquennat, il faut plus que jamais assurer la pérennité et le droit des femmes à accéder à une médecine faite pour elles. Elle souhaiterait donc connaître ses intentions sur ces questions.