MARSEILLE - Retour sur les étapes de la caravane santé

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caravane sante Marseille

La Caravane Santé, initiative marseillaise, a été lancée le 1er décembre et sillonne des quartiers populaires de la ville pendant 2 mois. Grande première en France ce dispositif a été imaginé par un jeune médecin, Karim Khelfaoui, qui a à cœur de redonner sa place légitime à la question de l’accès aux soins.


En plus de proposer le désormais classique accès aux droits, cette caravane est enrichie d’un stand santé, qui permet du partage d’information sanitaire ainsi qu’une récolte de témoignages. Concrètement les insoumis·es présents invitent les habitant·e·s du quartier à récupérer de la documentation officielle, ou des dépliants par exemple, et entament un échange sur la base de ces supports. Les discussions s’amorcent alors sur des thèmes variés tels que l’alimentation, la pratique d’un sport ou encore la consommation de drogues. En parallèle les habitant·e·s qui le souhaitent peuvent apporter leur témoignage sur leur expérience de l’accès aux soins et les difficultés qu’ils rencontrent. Ces témoignages sont une source précieuse et pourront servir à nourrir une réflexion nationale sur le thème de l’accès à la santé.


Les groupes d’action locaux sont associés pour préparer chaque passage dans un quartier populaire. Porte à porte, information aux habitant·e·s, prise de contact avec les commerçants… sont autant d’actions réalisées en amont qui contribuent à la réussite de la caravane.


Les premières journées ont rencontré un joli succès. Les habitant·e·s sont intéressé·e·s par cette initiative qui redonne la parole sur un thème essentiel de notre modèle social. 

A la demande de plusieurs groupes d’action, un kit explicatif sera prochainement proposé sur le site afin de permettre à toutes et tous de démultiplier cette action.

Retrouvez quelques témoignages :

Rayan a 17 ans
Il ne veut pas aller voir le médecin quand il est malade. Il dit qu’il « a la flemme » parce que c’est « trop loin ». Du coup quand il est malade, il prend « tout seul des médicaments » qu’ils ont à la maison. Pour lui, « la vie est dure » et il pense qu’il faudrait proposer « plus d’activités aux jeunes », des « trucs d’éducation, qu’on les aide à réfléchir » et qu’on devrait plus « vérifier que les jeunes vont à l’école ». Il dit : « C’est bien ce que vous faites. C’est bien de venir nous voir. » 
Charo a 18 ans
Il n’a pas encore de médecin traitant déclaré, il savait pas qu’il fallait en avoir. Il dit qu’il « fume du cannabis depuis qu’il a 11 ans », qu’il a fait ça pour « faire comme les autres ». Aujourd’hui ça lui coûte cher, il a dépensé « 10 € ce matin » et ça lui coûte 50€ par semaine. Il fume pour « calmer la colère » parce qu’il pense « qu’on les abandonne » et ça le dégoute. Il est content de pouvoir prendre le « guide d’aide à l’arrêt du cannabis ». Il pense qu’il faudrait plus de médecins et qu’il faut « monter les aides » parce que des fois, « ils doivent payer et c’est trop cher. »
Jean-Claude a 69 ans
Il paie une mutuelle mais la trouve trop cher et n’est « pas assez couvert ». Pour son dentier, on lui a remboursé 400€ mais il a dû payer 1500€ « de sa poche. » Pour les lunettes, « c’est pareil » : le remboursement est trop faible. Il trouve ça « trop difficile » de se faire rembourser par la mutuelle. Il a demandé la CMU mais son dossier a été refusé parce qu’il « touche trop de pension ». Pourtant il assure qu’il n’est pas riche. Il est content de pouvoir voir son médecin traitant facilement et il pense qu’il faut mettre plus d’argent dans la recherche « surtout le VIH ». 
Moulaika a 27 ans
Il a eu très peur il y a quelques mois parce que son frère a dû être « greffé du cœur » mais « les médecins ont été super et ils l’ont bien soigné ». Lui aussi a dû être opéré du cœur en urgence et là encore il a trouvé l’équipe soignante « très gentille même s’ils ont beaucoup de travail ». Il pense que ça serait bien qu’ils soient « plus nombreux à l’hôpital. ». Il pense qu’il faudrait faire plus de sensibilisation sur « l’alimentation, le tabac, le SIDA ». Il dit aussi que le bio « c’est trop cher » et qu’il faudrait comme une « banque alimentaire » pour donner de la « nourriture saine » à tous ceux qui ne peuvent « pas payer ».
Alexis a 25 ans
Il ne travaille pas et n’a plus de mutuelle depuis 2015 parce que « son dossier a été refusé ». « Depuis quelques mois », il n’a plus du tout de « couverture maladie » et se dit perdu « avec les démarches ». De toute façon, il ne va pas « voir le médecin » parce qu’il n’en a « pas besoin ». Il trouve qu’il y a « trop d’attente à l’hôpital ».
Bourhane a 48 ans
Il travaille dans le BTP a deux enfants. Son salaire suffit juste à « payer le loyer, la nourriture et la voiture ». Il a déjà renoncé « plusieurs fois » à des soins « à cause de l’argent ». La dernière fois qu’il a vu son médecin traitant c’était en Août, « c’est difficile de le voir en semaine » parce qu’il doit « poser une journée de congés ». Pour lui, il faut « commencer par augmenter les salaires et les protections sociales ». « Les mutuelles, c’est trop cher et ils mettent trop de temps à rembourser. » « Dans les quartiers Nord », il n’y a « pas assez de médecins ». Il dit qu’il faut « plus de personnels aidants », « simplifier les démarches administratives , améliorer « l’orientation ».
Jocelyn a 47 ans 
Il pense qu’on a un bon système de santé en France « par rapport aux autres pays ». Il a vu son médecin traitant vendredi et le voit « tous les mois pour le renouvellement d’ordonnance ». Il est aussi suivi par un spécialiste « régulièrement » et n’a pas de problème pour les délais de rendez-vous ou la distance. Il pense que les mutuelles ont un « prix raisonnable » et que les « remboursements sont bons ». Il a plusieurs « le 100% » pour plusieurs maladies et il dit que « c’est mieux de pas avancer » les frais. Pour lui, la « Télé et internet » sont de bons outils « pour faire passer les informations », il faut « plus les utiliser ». 
Armande a 46 ans
Son « médecin part à la retraite en 2018 » et elle ne « sait pas s’il sera remplacé ». Elle est inquiète par rapports à ses enfants. car « elle ne sait pas s’il y a un pédiatre » à proximité et un de ses fils a une phobie scolaire, il ne va à l’école qu’un jour sur deux. Pour améliorer les choses, il dit qu’il faut « stabiliser la situation des gens » en « embauchant plus d’assistants sociaux » pour améliorer « l’aide aux démarches qui sont très compliquées ». Elle pense également qu’il faut plus de lieux collectifs pour que les gens se retrouvent.
Abdou Djae a 29 ans
Elle est enceinte « de 5 mois » et « cherche un gynéco pour la suivre ». Heureusement, son « médecin généraliste est facile à voir ». Elle a fait son « dossier pour la sécu » mais « attend une réponse depuis 2 mois ». 
Bjouhairia a 19 ans
Elle ne va pas souvent chez le médecin parce qu’elle n’est pas malade. Elle a la CMU et son médecin traitant n’est pas loin même s’il y a un peu d’attente. En revanche, elle dit qu’il n’y a qu’un seul dentiste et qu’il y a un délai de « 2 semaines pour le voir » ce qui est « un problème quand on a très mal ». Elle pense qu’il faudrait « beaucoup plus de médecins ». 
Abasse a 23 ans
Il a un médecin traitant et comme il est en CDI : il est couvert par la mutuelle du travail, cependant pour « voir le dentiste, c’est compliqué ». Il constate qu’il y a trop de gens qui ont du mal avec les papiers et qui ne sont pas à jour. Il pense qu’il faut « plus de gens pour les aider ». Il en est arrivé au stade où il « ferme les yeux sur tout » et « ne croit plus en rien ». Il vit dans « un monde d’hypocrites » avec des « milliardaires qui volent tout le monde » et des « politiques qui touchent 6000€ » par mois mais qui les « montrent du doigt ». Quand on lui parle de « manifester », il répond « pour quoi faire ? » et ajoute qu’il ne veut même plus se rebeller. 
Salma a 24 ans
Elle n’a plus « de mutuelle depuis un an » car son dossier n’a pas « été pris avec celui de son père » et elle assure que « ce n’est pas un problème de prix ». Elle voit son « médecin traitant environ deux fois par an » et en est satisfaite. En revanche, elle trouve « le délai trop long pour voir le dentiste » et dit qu’elle attend « environ un mois » quand elle prend rendez-vous-même si elle dit qu’elle « connait des gens qui ont pas ce problème ». Pour améliorer la santé des habitants du quartier, elle pense qu’il faut « d’abord rénover les bâtiments » car c’est « une source de maladies tellement c’est sale » et « il faut des mesures d’hygiène ».
Sophie a 39 ans.
Elle a un fils de 8 ans qu’elle fait suivre « par son médecin homéopathe » parce que le « délai pour voir le pédiatre » est « de deux mois ». Une fois, ils ont dû « attendre 5 heures aux urgences pour son beau-père ». Elle précise qu’il y a « un cabinet d’urgences à Saint-Loup » mais qu’il faut « faire l’avance ». Elle « paye une mutuelle » qu’elle trouve « très cher » et qui met « plus de deux semaines à rembourser ». Son « gynécologue » pratique un « dépassement d’honoraires » et elle « paye 67 euros pour 5 minutes de consultations » et pense donc qu’il faut les « interdire ». Elle n’a « qu’un salaire » et « un crédit en cours », elle a donc « du mal à payer certains soins » et elle a déjà « plusieurs fois renoncer » à se soigner ou attendu « 1 mois » pour son fils.
Martine a 52 ans
Elle fournit aussi « une aide alimentaire à sa mère » mais regrette « de ne plus pouvoir aider son fils qui est doctorant ». Elle a dû récemment « consulter un gynéco en urgences » et a dû « payer 70€ », elle trouve qu’il y a « trop de dépassements ». Son compagnon « a fait un AVC » et il « nécessite beaucoup d’aide ». Heureusement grâce « à l’AMDPH », il est « bien entouré ». Elle dit qu’on devrait pouvoir « choisir sa fin de vie » et ajoute : « Si demain j’ai Alzheimer, faite-moi une piqure ». 
Claude a 45 ans
Il est greffé et doit donc «  se rendre souvent à l’hôpital ». Il pense qu’en France, « on est bien soigné » mais même si le « personnel est dévoué », ils ne sont « pas assez nombreux et manquent de moyens ». Pour lui, « moins il y a d’humains » dans les hôpitaux et « plus il y a de souffrance mentale ». Il a vu des choses « choquantes » comme par exemple « des draps qui sont pas changé le week-end » alors « on demande aux patients de pas salir ». Pour lui c’est parce qu’on « gère les hôpitaux comme des entreprises » mais que « l’humain, c’est pas une marchandise, ça ne peut pas marcher comme ça ».
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