Carrefour : la Bourse contre les salariés

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Pendant qu’Emmanuel Macron s’étend sur les 700 emplois créés par le groupe Toyota en France, on ne l’entend pas sur les 2400 suppressions d’emploi à Carrefour. Pourtant, 700 créations pour 2400 suppressions équivalent bien à 1700 suppressions ! Ce plan social d’ampleur a été préparé dans le plus grand secret par la direction de Carrefour, sans inclure à aucun moment les représentants des salariés, et annoncé brusquement mardi 23 janvier. Les trois grands syndicats, CGT, CFDT et FO, ont protesté contre cette annonce réservée en avant-première à la presse ! Il y a une volonté de la direction d’empêcher les syndicats de préparer et discuter un contre-projet.

De quoi s’agit-il à Carrefour ? Nous faisons face à « plan de départs volontaires », concernant 2400 postes sur les 10.000 de l’administration du groupe. Soit un sur quatre ! Cette réduction des effectifs accompagne une stratégie de centralisation et rationalisation administrative du groupe. Jusqu’alors présent sur plusieurs sites, donc assurant de l’emploi à plusieurs endroits, il sera maintenant centralisé. Le chômage va encore toucher les mêmes territoires : le siège de Boulogne et le projet de nouveau siège dans l’Essonne sont sacrifiés. Cette suppression n’est que la face émergée de l’iceberg. En même temps, le groupe réduit de 100.000 m² la surface de ventes des hypermarchés, et veut céder les supermarchés Dia (273 magasins). Sans repreneurs, ces derniers vont également fermer. Il y a donc en réalité un second plan social déguisé. Au total, d’après la CGT, ce sont 10.000 emplois qui sont menacés.

L’offensive est tout azimut à Carrefour. Des sites sont déjà en grève aujourd’hui (par exemple à Château-Thierry) contre leur basculement en statut de location-gérance. Grâce à ce statut, Carrefour exclut ses salariés des avantages liés aux accords d’entreprise, en les plaçant formellement sous la direction d’un nouvel employeur. D’après les premières estimations, la perte de salaire atteindrait 2 mois par an ! Cela concerne pour l’instant cinq sites, mais quarante sont visés.

Ce plan social est notamment lié à la montée dans l’actionnariat de nouveaux porteurs. Les actionnaires historiques sont de moins en moins nombreux, et les banques étasuniennes Bank of America ou JP Morgan détiennent désormais 12% du capital. C’est-à-dire que pour 1€ d’achat redistribué en bénéfice aux actionnaires, 12 centimes filent directement dans les caisses de ces groupes financiers. Et ces acteurs font pression pour accroître encore leur rendement, au prix des emplois. Cela s’ajoute aux pratiques d’optimisations fiscales du groupe Carrefour, qui vole ainsi les contribuables français.

Les syndicats ont appelé à une journée de grève le 8 février. Mais depuis l’annonce ce matin, l’action Carrefour en Bourse a pris 6%. Entre deux sommets « choose France » où il glorifie des prédateurs de la finance et des évadés fiscaux, le président de la République compte-t-il agir concrètement pour sauver les emplois ?

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