Il y a quelques semaines, une inspectrice du travail a été suspendue de ses fonctions dans l’attente d’une commission disciplinaire qui se tiendra le 14 décembre à Paris. La fonctionnaire a été mise à pied à titre conservatoire parce qu’elle s’est exprimée par la voie médiatique, au nom de son syndicat, pour dénoncer les suppressions de postes, les nouvelles méthodes de management public et l’absence de dialogue social au sein du ministère du travail. L’interview a été filmée lors d’un rassemblement qui s’est tenu au Bois de Boulogne le 12 octobre, à l’occasion d’un congrès de DRH dans un restaurant gastronomique, auquel Muriel Pénicaud devait participer.
Pour mettre en œuvre cette répression syndicale, la ministre s’appuie sur le Code de déontologie de l’inspection du travail voté sous la contrainte du 49-3, comme l’ensemble de la Loi El Khomri, sous le gouvernement Valls. Ce Code est pourtant dénoncé par les organisations syndicales du Ministère du travail comme pouvant porter atteinte aux libertés syndicales.
Par cette procédure disciplinaire inédite, Muriel Pénicaud cherche à affaiblir celles et ceux qui dénoncent sa politique.
En s’attaquant aux syndicalistes de son ministère, Muriel Pénicaud lance un avertissement à l’ensemble des syndicalistes de tous les secteurs professionnels et encourage les employeurs et leurs représentant.e.s à s’attaquer eux aussi aux représentant.e.s des travailleurs, comme la Fédération française du bâtiment l’a fait avec un syndicaliste qui avait jeté des confettis.
En sanctionnant ceux qui portent la voix des agents de son ministère, la ministre cherche aussi à faire taire les agents publics qui seraient tenté.e.s d’alerter l’opinion publique sur le plan social qu’elle est en train de mener au Ministère du travail. Sans fonctionnaire pour dénoncer publiquement les conditions dans lesquelles les pouvoirs publics leur demandent d’exercer leurs fonctions, il n’y a pas de véritable démocratie.
La prise de parole des fonctionnaires sur leurs conditions de travail est essentielle à la démocratie. Comment comprendre les effets du vote du budget de l’Etat et des suppressions de postes qu’il entérine sans connaître ses conséquences concrètes sur les conditions de travail des agents de la fonction publique et leur prise en charge des citoyen.nes ? Or, les agents de l’Inspection du travail dénoncent le manque de moyens de leurs services depuis des années. Ils doivent faire en sorte que le droit du travail soit correctement appliqué dans plus de 2 millions d’entreprises, alors que les protections collectives prévues par le Code du travail ont été détruites par la Loi El Khomri et les ordonnances Macron. Ils doivent ainsi protéger la santé et la sécurité de plus de 18 millions de salarié.e.s alors que leurs effectifs ont baissé de 20% en dix ans et que leur Ministère perd encore 239 postes dans le cadre du budget d’austérité du gouvernement Philippe. C’est au nom des alertes portées par ces agents et par les salarié.e.s et employeurs qui saisissent l’Inspection du travail au quotidien que le groupe parlementaire La France Insoumise fait le choix de s’opposer à toutes les mesures qui affaiblissent ce service public essentiel à la vie en société.
La ministre du travail multiplie les sanctions contre les syndicalistes de son ministère, à l’image de ce que font certains employeurs qui cherchent à éliminer toute forme de contradiction au sein de leurs entreprises. Depuis le mois de septembre, deux autres syndicalistes du ministère du travail ont été sanctionnés pour leur participation à une action de soutien aux travailleurs sans-papiers dans le cadre de la campagne « Contre le travail dissimulé, régularisation de tous les sans-papiers ! ». Ce sont pourtant ces actions qui ont permis l’ouverture de négociations entre le ministère d’un côté et les collectifs de travailleurs sans-papiers et les syndicats de l’autre. Plusieurs autres syndicalistes du ministère du travail ont été menacé.e.s de sanction pour leur action syndicale dans différents départements de France.
La France Insoumise se tient aux côtés de celles et ceux qui lancent les alertes nécessaires au quotidien. Elle soutient aussi les fonctionnaires qui, chaque jour, tentent de faire vivre l’idéal de solidarité en France. A ce titre, elle condamne la stratégie de répression syndicale au ministère du travail et demande la levée des sanctions engagées contre les syndicalistes.