La capitulation nucléaire

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Nouvelle annonce fracassante du porte-parole gouvernemental du renoncement écologique, M. Nicolas Hulot. La France Insoumise prend acte du partenariat définitif du gouvernement avec tous les lobbies, derrière une communication de façade qui s’en va donner des leçons au monde entier.

Après une série catastrophique de renoncements environnementaux, le gouvernement s’autorise lui-même à ne pas respecter la loi de transition énergétique 2015 qui prévoit de passer à 50% de nucléaire en 2025. Avec un premier ministre ancien lobbyiste en chef d’Areva, et un Président de la République ayant pratiqué les banques d’affaires, nulle surprise que le lobby nucléaire français dicte une fois de plus la loi.

Le gouvernement avance que cette difficulté de réduire la part du nucléaire à 50% en 2025 était connu sans avoir été révélé. Alors pourquoi Macron l’a-t-il annoncé dans son programme présidentiel ?

Le gouvernement considère que cette baisse du nucléaire à 50% en 2025 ne peut se faire sans hausse des émissions de CO2 du fait du maintien voire de la relance de centrales thermiques (charbon et gaz), car les énergies renouvelables ne pourraient pas suppléer. Cette équivalence est fausse si on agit sur une baisse de la consommation. Mais cela implique pour le gouvernement de renoncer à la conversion tout électrique du parc automobile et de limiter l’usage des technologies. Par ailleurs, s’il existe des freins juridiques et de capacités techniques au déploiement des énergies renouvelables, pourquoi le gouvernement ne s’attaque pas frontalement à ces points plutôt que de baisser les bras ?

Si le gouvernement se plie à ce scénario biaisé, de multiples promesses de campagne seront rompues. Soit il revient sur son annonce faite dans le cadre du plan climat qui table sur la fin de la production électrique à partir de charbon d’ici à 2022. Soit il attend pour rendre ses décisions stratégiques sur le prolongement des centrales que l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) rende ses conclusions d’ici 2021, au lieu de 2018 comme prévu initialement. Si le gouvernement repousse d’autant sa décision, n’importe quel scénario se complique mécaniquement. Et avec le temps qui passe, sa promesse de fermer des réacteurs nucléaires et de doubler la capacité de production en énergies renouvelables également.

Parmi les 58 réacteurs nucléaires français, 75% auront quarante ans de vie d’ici 2027. Repousser leur fermeture est un écocide. Le gouvernement déclare « préférer le réalisme et la sincérité à la mystification. » La France Insoumise dénonce le triple mythe autour de la sécurité d’approvisionnement, de la propreté et de la sûreté du nucléaire.

Le nucléaire fait de la France une puissance dépendante d’approvisionnements extérieurs puisque le sous-sol français ne contient pas d’uranium. De plus, son extraction et son transport polluent et rejettent des gaz à effet de serre. Les problèmes de sécurité d’approvisionnement liés aux réacteurs nucléaires eux-mêmes sont connus. Comme le mentionne le rapport RTE : « le système électrique demeure sensible à des épisodes d’indisponibilité longue et simultanée de plusieurs réacteurs nucléaires durant l’hiver. » Par ailleurs personne ne sait que faire des déchets ultimes. Enfin, quel que soit le risque évalué, tout dysfonctionnement d’une centrale nucléaire engage des dangers d’une ampleur inimaginable. Le nombre d’accidents évités de justesse plaide pour prendre au sérieux l’hypothèse : en 1969, une mauvaise manipulation cause entraîne un fusion d’uranium dans la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux ; en 1980, dans la même centrale, de la tôle coupe le circuit de refroidissement, d’où des rejets de plutonium dans la Loire pendant des années ; en 1999, une inondation causée par des vents violents s’accompagne d’une panne des circuits de sauvegarde et de refroidissement à la centrale du Blayais… Ces scénarios improbables se produisent régulièrement, et leurs conséquences sont majeures. Récemment, le nuage radioactif qui a déferlé sur l’Europe montre que chaque installation est dangereuse, car toute erreur ou panne prend des proportions inégalées pour un accident industriel. Le nucléaire n’est donc ni une énergie propre, ni une énergie sûre, ni une énergie sécurisée.

La sortie du nucléaire est une nécessité absolue. L’état des centrales se dégrade et l’ensemble du parc nucléaire ressemble chaque jour davantage à un puits sans fond pour les finances publiques. Pire, les dépenses induites par l’entretien des centrales seront engagées au détriment de la transition énergétique. Le nucléaire est une énergie en réalité autant voire plus chère que le renouvelable. Le coût  nucléaire dit « historique », c’est-à-dire celui dont l’investissement est déjà amorti depuis longtemps, est à 42 €/MWh . Si on devait procéder au « grand carénage des centrales », c’est de l’ordre de 100 milliards d’euros que demande EDF, le prix de la production nucléaire devrait augmenter fortement. Au Royaume-Uni par exemple, où les pouvoirs publics garantissent les prix des investissements dans le renouvelable, les nouveaux investissements renouvelables n’exigent que 50 à 60 EUR /MWh, soit deux fois moins que la centrale de Hinkley Point.

Faire traîner le désengagement du nucléaire c’est être le fossoyeur des emplois de la transition énergétique. La plateforme emploi-climat table sur la création d’un million d’emplois dits « climat » et des investissements conséquents, en cohérence avec le programme de l’Avenir en Commun.

Notre réalisme est celui de l’urgence écologique. Nous préférerons toujours la règle verte à la règle d’or. Le Macronisme est une énergie fossile. Et l’horizon de ses promesses se résume à sa définition : « une ligne imaginaire qui recule au fur et à mesure que l’on avance. »

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