Un an et demi après les Panama Papers, voici venus les Paradise Papers. Le principe est toujours le même : des fuites d’informations, qui permettent de mettre des noms et des visages sur les milliards cachés dans les paradis fiscaux. C’est toujours le Consortium international des journalistes d’investigation (400 journalistes dans 67 pays) qui est à la manœuvre, grâce à des sources anonymes. Ce travail journalistique est effectué sous haut risque, en témoigne l’assassinat de la blogueuse et journaliste Daphne Caruana Galizia, spécialiste de la corruption des élites maltaises (un paradis fiscal membre de l’Union européenne) le 16 octobre 2017.
Ces Paradise Papers révèlent qui se livre à des montages financiers opaques, à la limite de la fraude. Ils montrent que les plus riches se livrent à un détournement de fonds à vaste échelle, qui coûte des sommes phénoménales au budget de chaque Etat. Plus on leur donne d’argent, plus cet argent s’échappe vers des zones où il n’est ni investi, ni consommé. Chaque euro remis aux super-riches qui profitent des paradis fiscaux disparaît pour le pays qui l’a concédé. La richesse est aujourd’hui un moyen de vivre en-dehors des lois. Ce qui est encore plus scandaleux lorsque les plus riches influencent les lois ! Ainsi, nous vivons dans des sociétés où les classes moyennes financent toutes les dépenses fiscales, tandis que les très riches dissimulent leurs revenus en zone offshore.
Comment cela fonctionne-t-il ? La plupart des Etats, comme la France, imposent à leurs contribuables de déclarer ce qu’ils possèdent (revenus, actions, patrimoine…). Mais de l’argent peut être placé dans une société dite offshore. Une société offshore a son siège dans un territoire qui assure aux non-résidents des privilèges fiscaux, par exemple une imposition presque nulle, voire inexistante, en échange d’une taxe annuelle fixe. Ces territoires s’enrichissent en prélevant des sommes dérisoires sur des fortunes colossales, qui échappent ainsi aux impôts de leur pays d’origine. S’il est illégal pour une personne d’avoir des comptes dissimulés en « offshore », une entreprise n’a aucune obligation de faire connaître ses comptes bancaires. Les privilèges fiscaux des entreprises sur les particuliers permettent aux particuliers de dissimuler leur fortune derrière des entreprises qui ne servent qu’à ça !
Ces personnes qui refusent toute solidarité nationale ont des patronymes connus. La reine d’Angleterre Elisabeth II a ainsi placé de l’argent offshore. Autour du président Donald Trump (USA), on trouve le secrétaire d’Etat au commerce Wilbur Ross, le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères Rex Tillerson ou le conseiller économique Gary Cohn. Du côté canadien également, le premier ministre Justin Trudeau est conseillé par Stephen Bronfman, impliqué par ses avoirs offshores. Comment croire des gouvernements truffés de millionnaires frauduleux ? Chez les multinationales, Nike, Apple, Facebook, ou Twitter sont incriminés pour leur utilisation des sites offshore afin de ne pas payer d’impôts. Et nous laissons de côté le show-business, avec l’implication de Keira Knightley, Madonna ou Bono.
Pendant ce temps, Emmanuel Macron impose un budget national dans lequel les plus riches et les grandes banques sont gâtés. Au lieu de réguler sérieusement le secteur financier, le président et son parti leur laissent encore plus de marge pour s’adonner à des transferts de fonds. Ce budget a été voté en rejetant chaque piste que les élus de La France Insoumise ont proposé à la représentation nationale, bien avant que n’éclate ce nouveau scandale. Emmanuel Macron et son parti ont refusé de créer un délit d’incitation à la fraude fiscale – proposition de La France Insoumise. Emmanuel Macron et son parti ont refusé la suppression du « verrou de Bercy » qui protège les fraudeurs – proposition de La France Insoumise. Emmanuel Macron et son parti ont refusé d’interdire aux banques d’exercer dans les paradis fiscaux – proposition de La France Insoumise. Emmanuel Macron et son parti ont refusé d’interdire l’embauche d’administrateurs complices des paradis fiscaux – proposition de La France Insoumise. C’est à cause de l’inaction et de l’obstruction du gouvernement que les paradis fiscaux continuent à prospérer !
Quelles sommes d’argent sont ainsi dissimulées ? D’après les calculs de Gabriel Zucman, l’économiste le plus en pointe sur le sujet, cela s’élève à 350 milliards par an au niveau mondial, dont 20 milliards au niveau de la France. Que représente cette somme pour notre pays ? De nombreux investissements auxquels se refuse le gouvernement ! Le contre-budget de la France insoumise nous le rappelle. Une récupération vigoureuse de la somme permettrait de lancer plusieurs chantiers proposés par notre mouvement. Une première année, 20 milliards financeraient le plan Négawatt de développement des énergies renouvelables. Une seconde année, l’ouverture de 500.000 places en crèche. La troisième, un chantier de construction de 200.000 logements publics et de rénovation générale des prisons, des tribunaux, des commissariats, des universités et des lycées. La quatrième, la mise en œuvre d’un grand Plan Handicap et la préparation 100.000 places en maisons de retraite. La cinquième, enfin, l’isolation thermique de 700.000 logements. Ces chiffres rappellent que notre avenir dépend de l’argent détourné : la transition écologique ou l’urgence sociale peuvent être financés, à condition que tout le monde participe selon ses ressources !
20 milliards représentent cinquante fois le prix des APL diminuées par le gouvernement, ou vingt fois les contrats aidés supprimés. C’est donc aux super-riches de rendre l’argent au Trésor public et aux contribuables !