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Riche en évènements politiques, ce week-end a été l’occasion d’un grand chassé-croisé entre l’ancien monde et le nouveau.

D’un côté, l’agonie de celui d’hier se propage tandis qu’elle se prolonge. En Allemagne, où les résultats des élections fédérales sont éclairants en même temps qu’ils sont inquiétants avec la poussée de l’extrême-droite. Les vieilles institutions qui cogéraient le pouvoir alternativement puis ensemble dans un gouvernement de grande coalition s’effondrent à leur tour. Le SPD et la CDU-CSU ne recueillent à eux deux plus que 53 % des suffrages exprimés, une première depuis 1949. Le dégagisme se propage et atteint donc désormais jusqu’au centre géographique et politique d’émission de la politique qui corsète les peuples européens. Tout cela ne sera pas sans conséquences jusque chez nous.

En France également, où au même moment le Sénat se renouvelait à moitié. Du moins numériquement. Car dans les faits, plus de 40% des élu-e-s sont des sortants ; la moyenne d’âge reste inchangée à 61 ans ; la parité plafonne à 29%. Pire, le seul ouvrier de la chambre précédente a disparu comme deux des quatre employés qui y siégeaient. Pouvait-il en être autrement quand on a affaire à une élection au scrutin indirect qui abandonne la démocratie à l’entre soi ? Plus que jamais cette sénatoriale a été une caricature d’élection hors-sol dont l’effet d’amortisseur de l’irruption populaire qui a eu lieu en 2017 n’a d’égal que la capacité à recycler ceux qui ne s’en sont éloignés qu’en apparence. Voyez M. Macron. Il a subi là son premier revers électoral. Mais aussitôt le porte-parole du gouvernement en tirait l’enseignement qu’il allait falloir nouer des alliances pour gouverner, avec la droite s’entend, celle-ci étant de loin le groupe majoritaire au Sénat. Les galopins rentrent au bercail.

Et pendant ce temps ? La marche contre le coup d’Etat social de M. Macron rencontrait ce samedi 23 septembre un incontestable succès populaire. Elle donnait à voir la disponibilité des gens et la force vive qui les anime. Par les 150.000 personnes qui se sont déversées sur la place de la République à Paris bien sûr. Par l’élargissement et l’agrégation de tous ceux qui, nouveaux venus, se sont rangés derrière la bannière de l’humanisme émancipateur et de la transformation radicale de la société pour mettre un coup d’arrêt à la politique de M. Macron. Mais aussi par la résolution, la tranquillité sereine, la détermination de ceux qui en se retrouvant se transforment en une force matérielle et morale qui oriente la société.

Dès lors, c’est un élan propulsif qu’a délivré la marche du 23 septembre. Avec la proposition faite aux syndicats d’un grand rassemblement, fort et dense, tous ensemble, aux Champs-Elysées. Avec l’appel à la jeunesse lancé par Jean-Luc Mélenchon, pour que celle-ci se saisisse de la construction de notre devenir commun, devenir qui est d’abord le sien. Et avec la part que chacun-e prendra au combat : dans les mobilisations syndicales, dans celle de ce 28 septembre avec les retraités ou avec les fonctionnaires le 10 octobre ; face à Edouard Philippe comme le fera Jean-Luc Mélenchon ce jeudi à la télévision ; avec les « casserolades » qui auront lieu samedi. Forts de cette dynamique, nous pouvons lever le verrou que représente la politique de M. Macron car, dans l’attente de la ratification des ordonnances par le Parlement, le combat n’est pas terminé.

Deux mondes se sont croisés sans se rencontrer ce week-end. Mais déjà la politique de l’un et celle de l’autre se font face.

François Cocq

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