Le premier mai 2017, Emmanuel Macron annonçait dans un discours de campagne qu’en cas d’élection il demanderait à une commission indépendante d’expertiser le traité de libre-échange entre le Canada et l’Europe, le CETA. Cette démarche était pour lui nécessaire car « cet accord [avait] été conçu à l’écart du processus démocratique ». La commission a rendu son travail ce 8 septembre. Ses conclusions sont d’une sévérité nette avec le CETA : s’il entrait en application, cet accord aurait des conséquences sanitaires et environnementales négatives. Il est même, selon les experts missionnés par le gouvernement, incompatible avec les Accords de Paris issus de la COP 21. C’est donc un avis très défavorable qu’a émis la commission sur le traité de libre-échange en question. Le gouvernement a cependant décidé de l’entrée en vigueur provisoire du CETA ce 21 septembre. Poudre aux yeux, artifice et hypocrisie : le gouvernement convoque une commission pour ne pas prendre en compte son avis.
Un traité contre les peuples
Le CETA reste donc tout autant incompatible avec la démocratie qu’en mai dernier, lorsque le Président Macron lui-même en faisait le constat. Les Français.e.s ne sont pas convié.e.s à donner leur avis, alors que les effets d’une telle zone de libre-échange intégrée sont délétères pour les peuples concernés. Ainsi, selon une étude publiée par l’Université de Tufts en 2016, le CETA va entraîner la destruction de 200 000 emplois en Europe, dont 45 000 en France. Côté canadien, les prévisions ne sont pas meilleures : 235 000 emplois disparaîtraient du fait de cet accord. Quand les riches font du commerce, ce sont les pauvres qui souffrent. La logique est claire et sans ambages. Pour FoodWatch, l’Institut Veblen et la FNH, « le gouvernement sacrifie l’environnement et la santé sur l’autel du libéralisme ».
Un traité archaïque : le libre-échange contre la planète
Que des centaines de milliers de personnes puissent souffrir de cet accord ignorant les peuples et leurs besoins, que beaucoup y perdent leur emploi, que d’autres y perdent leur santé, peu importe pour celles et ceux qui vont en tirer profit. Pour ces gouvernants, la cupidité semble faire office de réflexion. Mais il n’est pas possible d’imaginer aujourd’hui qu’un accord de libre-échange, qui vise à faire croître sans fin les échanges commerciaux, soit compatible avec l’impératif écologique d’atténuer le changement climatique. Plus de commerce, c’est plus de quantités transportées, plus de bateaux, d’avions et de camions circulant sur les routes commerciales et, in fine, plus d’émissions de gaz à effet de serre. Le transport maritime pourrait représenter 17% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, si rien ne se produit pour rompre avec cette logique dangereuse pour l’humanité toute entière. Seuls quelques pays bénéficient de cette structuration du commerce très défavorable aux plus pauvres. Et dans ces pays bénéficiaires, ce sont les plus riches qui se servent les premiers.
Pour une politique internationale écologiste
Il faut de toute urgence penser une organisation internationale du travail différente, qui ne repose pas sur les mirages du libre-échange généralisé, dangereux pour l’environnement et pour celles et ceux qui produisent les marchandises. La France insoumise propose dans son programme l’instauration d’un protectionnisme solidaire, qui permette de prendre en compte l’empreinte écologique des biens importés. En d’autres termes, empêcher notre consommation et notre production de détruire nos conditions d’existence. Nous devons inventer un modèle de production apte à nous faire vivre en accord avec les cycles naturels, et produire en France ce que nous pouvons produire dans de meilleures conditions sociales et environnementales qu’ailleurs. Pour la première fois, le protectionnisme devient une idée coopérative, en vue de diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées au commerce mondial. Nous ne pouvons plus attendre. A notre époque, les politiques libérales mettent nos vies et plus généralement la survie humaine en danger.