L’édito de François Cocq
On savait depuis quelques jours M. Macron être un adepte de la provocation. On constate qu’il assume désormais une logique de confrontation à tout-va avec le peuple.
Alors que les ordonnances sur la loi travail seront présentées le 22 septembre en conseil des ministres, voilà le président et sa bande qui tapissent le front social d’annonces incendiaires : le chantier des retraites est rouvert pour instituer des pensions flottantes, donc sans garantie pour le bénéficiaire ; la baisse de 5€ des APL n’était qu’un avant-goût avant celle à venir de 50€ des APL des locataires de HLM ; la transcription de l’état d’urgence dans le droit commun va placer les 2/3 de la population du pays à la merci de contrôles d’identité hors l’autorisation d’un juge ; les 16 millions de Français•es qui possèdent un PEL vont se faire faire les poches ; les retraités vont subir de plein fouet et sans compensation l’augmentation de la CSG…
La stratégie du pouvoir est claire : profiter du coup de force des ordonnances de la loi travail comme d’un bélier pour faire feu de tout bois dès le début du mandat et casser les reins de ceux qui oseraient résister. Cette stratégie du coup d’état social a été éprouvée en leur temps par Ronald Reagan ou Margareth Thatcher. Mais aussi en France par Alain Juppé en 1995 ou Nicolas Sarkozy en 2007. Avec des destins radicalement inverses.
C’est que le peuple français a ceci de particulier qu’il est avant toute chose un peuple politique. Lors de la mobilisation réussie du 12 septembre, les « fainéants » avaient clairement identifié par leurs slogans l’obstacle à lever que représente la politique de M. Macron. Et c’est pourquoi à sa suite s’inscrivent non seulement la journée d’action du 21 septembre et la marche populaire du samedi 23 septembre, mais désormais aussi l’action des routiers le 25 septembre, celle des retraités le 27 septembre, des fonctionnaires le 10 octobre…
Là où M. Macron cherche à tétaniser le peuple par une guerre éclair, sa politique agrège pourtant déjà contre elle non pas simplement des luttes mais un sens commun de la période : laissez-nous vivre en paix, ne venez pas semer la pagaille dans nos vies, arrêtez de nous pressurer pour satisfaire ceux dont vous êtes l’obligé, respectez notre dignité !
La marche nationale du 23 septembre contre le coup d’État social de M. Macron aura ceci de singulier que ce jour-là, par la nature de cet évènement, le président ne pourra pas se soustraire à la lecture qui sera faite de la fédération populaire autour d’aspirations communes. Là où le président Macron comptait sur la résignation et la sidération, il trouvera cohésion et détermination. À gérer la France comme s’il était toujours en campagne électorale, M. Macron et sa guerre éclair se fracasseront sur la prise de position naissante du grand nombre.