Cette semaine dans un article pour Capital, Philippine Robert estime que la politique économique de la France insoumise, et la relance de l’activité par l’investissement plus particulièrement, est vouée à l’échec.
Dix ans d’austérité ont porté l’investissement public à son plus bas niveau de l’histoire en 2016.
Pourtant, pour répondre à la demande sociale, il faut construire 350 000 places en crèche, 2000 centres de santé, 200 000 logements publics par an… Restaurer le capital public est la première raison de sortir de l’austérité et de relancer l’investissement public.
Mais il faut aussi engager la bifurcation écologique de notre système de production et de consommation : nous investirons massivement dans les énergies renouvelables et dans la rénovation thermique des logements.
Ainsi, un Plan d’investissement d’envergure est nécessaire pour répondre aux grands défis de l’humanité. Toute autre politique serait irresponsable.
Faire un choc d’investissement est urgent mais en plus c’est efficace économiquement. Selon le modèle Mésange du ministère des Finances, 1 euro d’investissement public génère 1,3 euros de PIB à horizon de 3 ans. Il se traduit certes par une hausse des importations de 50 centimes, mais elle bénéficie notamment à la production nationale, qui augmente de 1,8 euros.
Or, l’Avenir en Commun ne propose pas n’importe quelle relance de l’investissement.
Nous allons investir dans des secteurs non délocalisables. La construction jouera un rôle primordial (construction de logements publics et rénovations thermiques). Selon le Ministère des Finances, 1 euro d’activité dans le BTP induit seulement 10 centimes d’importations. En revanche, 1 point d’activité dans l’ensemble de l’économie se traduit par une hausse de 32 centimes des importations. Les fuites vers les importations seront ainsi maîtrisées. La redistribution des richesses diminue aussi le poids des importations puisque les classes populaires consomment moins de produits importés que les plus riches. Enfin, l’amélioration de l’efficacité énergétique allègera la facture énergétique qui plombe la balance commerciale française.
La mobilisation de l’emprunt est le seul moyen rationnel de financer un plan d’investissement dont les bénéfices vont s’étaler dans le temps. S’endetter pour acquérir des actifs n’appauvrit pas l’État ! Les gouvernements successifs ont raté la fenêtre des taux d’intérêts nuls, ils ont une responsabilité historique. Les taux restent à un niveau historiquement bas. Ceux qui critiquent la mobilisation de la BCE pour financer des investissements à fort rendement social et écologique, oublient que la BCE a acheté 282 milliards d’obligations du Trésor français dans le cadre du Quantitative Easing, qui n’ont servi qu’à financer les déficits générés par la politique de l’offre (qui a échoué à remplir ses objectifs selon France Stratégie) et à préserver la solvabilité du système financier. Mobilisons la BCE pour financer des investissements qui bénéficient à tous et pour sortir de la crise !
Enfin, les effets sur la compétitivité des entreprises de la hausse des salaires seront compensés pour les TPE-PME grâce au Fonds de Solidarité Interentreprises. Elles bénéficieront aussi du soutien du pôle public bancaire et un taux d’escompte à taux zéro.