Discours sur la guerre et la paix – 11 novembre 2013

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Le 11 novembre 2013, Jean-Luc Mélenchon prononçait un discours sur la guerre et la paix à Barbaste (Lot-et-Garonne). Il a évoqué les mutins de la Première Guerre Mondiale et a appelé à leur réhabilitation pleine et entière. Concernant les causes de la guerre, il a fait sien les mots de Jean Jaurès et critiqué le capitalisme qui « porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Des mots qui résonnent avec les tensions que contient notre époque. Jean-Luc Mélenchon a conclu son discours par les mots écrits dans l’Humanité par son fondateur le jour de sa mort, le 31 juillet 1914 :

« C’est à l’intelligence du peuple, c’est à sa pensée que nous devons faire aujourd’hui appel si nous voulons qu’il puisse rester maître de soi, refouler les paniques, dominer les énervements et surveiller la marche des hommes et des choses, pour écarter la race humaine de l’horreur de la guerre. Le péril est grand, mais il n’est pas invincible si nous gardons la clarté de l’esprit, la fermeté du vouloir, si nous savons avoir à la fois l’héroïsme de la patience et l’héroïsme de l’action. La vue nette du devoir nous donnera la force de le remplir. Ce qui importe avant tout, c’est la continuité de l’action, c’est le perpétuel éveil de la pensée et de la conscience ouvrière. Là est la vraie sauvegarde. Là est la garantie de l’avenir. »

Quelques extraits :

Retranscription des extraits :

« La guerre de 1914-1918 n’a pas d’origine dans un intérêt général. Elle a une origine dans la compétition entre les capitalismes européens. C’étaient des années de surexploitation. Et ce capitalisme de cette époque, il faut l’appeler par son nom, c’est lui qui a provoqué la guerre. Jean Jaurès a eu la formule, indépassable depuis : « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». C’est à cette cause profonde qu’est due la guerre.

Il n’y a aucune fatalité à la guerre mais il faut y réfléchir car la paix n’est pas l’état de nature. La paix est une construction politique dont les conditions doivent être réunies pour qu’elles puisse être durable. Et la guerre aussi est un résultat politique. Ce n’est pas un état de nature. Le capitalisme de cette époque est différent de celui de la nôtre. Mais les traits similaires s’observent très facilement. A-t-il cessé d’être régulièrement en crise ? Non : il l’est davantage qu’avant. Les crises du capitalisme s’accélèrent. Leur violence s’approfondit. Et les oppositions qu’elle met en scène sont sous nos yeux. Sous nos yeux !

Le chef de l’État lui-même dit : « ce ne sont plus des compétitions militaires dorénavant, ce sont des guerres économiques ». A-t-il pesé ses mots ? A-t-il oublié qu’il n’y a jamais eu autre chose que des guerres économiques pour des raisons d’intérêts ? Mais surtout, si ce sont des guerres économiques, alors que fait-on pour préparer la paix ? Car la guerre n’est pas l’objectif, n’est pas la situation que nous acceptons. Qu’il s’agisse d’économie ou qu’il s’agisse de forces armées. C’est bien pourquoi on voit qu’une nouvelle fois la question posée, c’est celle de la compétition entre les personnes et entre les nations, ou de la solidarité et de la coopération. Ce sont deux modèles politiques différents, avec des objectifs, des méthodes, un vocabulaire et des gouvernements différents.

La guerre économique qui se livre sous nos yeux, quelle est-elle ? C’est le dumping social. Pourquoi peut-on payer des ouvriers moins cher à tel endroit qu’à tel autre ? Et en répétant tous les jours à tout le monde que nous sommes en compétition avec le monde entier, comment s’étonner qu’après, tout naturellement, les gens pensent que l’ennemi c’est l’autre ? Celui qui vous prend votre pain, le plombier polonais, l’ouvrier de l’arsenal qu’on fait venir de tel ou tel pays, les travailleurs délégués qui viennent aujourd’hui, comme vous le savez, mettant à profit la directive service, dite « Bolkestein », si vous vous en souvenez, qui est en application. On fait venir en France des travailleurs qui sont payés à des tarifs qui ne sont pas ceux des travailleurs français.

Alors, en dressant les uns contre les autres sans cesse et en expliquant qu’en plus de tout ça, parmi vous, il y a des suspects de religion musulmane, alors on crée toutes les conditions de tensions entre les peuples et dans notre peuple. Et on exagère ce rôle merveilleux qu’auraient premièrement le libre-échange, deuxièmement la libre compétition, troisièmement l’ouverture des frontières. Fadaises qui sont censées produire des miracles qui n’ont pas lieu, des bienfaits que l’on ne voit jamais, tandis qu’on voit s’empiler les malheurs.

Les politiques du pire ne conduisent jamais à rien d’autre qu’au pire. Il faut donc que ce que nous incarnons dans le temps et dans l’Histoire soit d’abord un message fondamentalement universel, valable en toute circonstance. En toute circonstance, nous disons que la paix est préférable à la guerre. »

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