L’excellence selon Attal ou l’école de la sélection

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Un article du groupe thématique Éducation

Mardi 5 décembre 2023, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a choisi le jour de la publication des résultats de PISA, des évaluations réalisées dans 85 pays de l’OCDE, pour mettre en œuvre une nouvelle étape de politique de tri social et scolaire à l’école

PISA, des évaluations instrumentalisées par Attal

D’abord, rappelons que ces évaluations sont elles-mêmes problématiques : opacité de la procédure, évaluation qui prend appui sur une vision purement utilitariste des savoirs et qui est devenue l’alpha et l’oméga du pilotage des politiques éducatives des libéraux, sans aucun recul. Ce que ne mettra pas en avant Gabriel Attal, c’est que le rapport révèle que notre système est particulièrement inégalitaire : le pourcentage d’élèves défavorisé·es qui font preuve de résilience scolaire est de 10,2%. Il n’est que de 7,4% en France. De plus, le manque d’enseignant·es est particulièrement élevé : 67% des élèves fréquentent un établissement dont le ou la chef·fe d’établissement estime la capacité d’enseigner assez ou très affectée par le manque d’enseignant·es quand la moyenne de l’OCDE est de 46.7%. 

Enseignement au rabais puis exclusion du système scolaire des élèves en difficulté

Création d’un examen d’entrée au lycée par la transformation de la vocation du brevet, et baisse annoncée du taux d’admission au brevet et au bac : voilà la nouvelle machine à tri social et scolaire créée par la macronie, 5 ans après Parcoursup. Combien d’élèves sortiront du système scolaire sans aucun diplôme, brevet ou bac ? 

Augmentation des redoublements (alors que la France y a davantage recours que la moyenne de l’OCDE), fin du collège unique en renonçant à l’apprentissage de certaines matières pour les élèves en difficulté pour les remplacer par du français et des mathématiques, création de groupes de niveaux qui ne feront que renforcer les écarts entre élèves… Toutes ces recettes éculées, qui ont été abandonnées il y a des dizaines d’années car inefficaces, sont de retour. 

Révisions des programmes en primaire et au collège, resserrés autour des “savoirs fondamentaux”, alors que Jean-Michel Blanquer les avait déjà bouleversés lors de sa nomination. La formation des enseignants est rabougrie à ces deux seules matières. C’est renoncer à une culture artistique et scientifique commune pour limiter les apprentissages aux savoirs utiles sur le marché du travail. Pourtant, ces éléments ne peuvent pas être compensés par les familles des milieux les plus défavorisés. 

Fin de la liberté pédagogique avec un manuel choisi par le ministère et envoyé directement dans les écoles en CP et CE1, labellisation des manuels pour les autres niveaux, méthode de Singapour imposée en mathématiques… Les enseignant·es sont méprisé·es et réduit·es au rôle d’exécutant·es. Comble du ridicule, un programme d’intelligence artificielle est proposé pour remplacer les enseignant·es des élèves en difficulté en classe de seconde.

Nous nous opposerons à la mise en place de ces contre-réformes qui vont exclure de l’école un grand nombre d’élèves défavorisé·es. Notre modèle n’est pas l’excellence pour quelques-uns, mais l’élévation du niveau général. C’est aussi garantir à chaque élève les conditions de son émancipation. Pour cela, il faut mettre fin aux suppressions de postes, recruter massivement des personnels, les former, et leur offrir des conditions de travail et de rémunération décentes. Ainsi, nous pourrons abaisser le nombre d’élèves par classe et accompagner chaque élève afin qu’il soit réellement qualifié. Enfin, restaurer le service public de l’éducation, c’est mettre fin au séparatisme scolaire organisé par l’école privée.

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