Pass culture : entre consommation de masse et marchandisation de la culture

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Intervention de Michel LARIVE en commission des affaires culturelles à propos de la mission « Culture » du projet de loi de finances 2021.

« Même si, de prime abord, le budget de la Culture connait une augmentation certaine, permettez-moi d’émettre de sérieuses réserves quant à ses orientations politiques.

Tout d’abord, concernant le Pass culture. Votre gouvernement s’obstine à le maintenir, bien que le constat de son inefficacité soit aujourd’hui assez largement partagé. Pire, vous augmentez ses crédits ! Présenté comme un moyen permettant « aux jeunes d’avoir accès à toute l’offre culturelle existante et de découvrir de nouvelles activités culturelles », il s’agit en réalité de délivrer un chèque de 500 euros à destination des jeunes âgés de 18 ans. 

Or la médiation culturelle ne peut se réduire à un simple catalogue d’activités ou de produits culturels ! Un accompagnement, une médiation sont nécessaires, au risque de voir s’amplifier les pratiques culturelles dominantes existantes au détriment d’une diversification nécessaire et souhaitée. Pour l’heure, votre pass profite essentiellement aux entreprises qui véhiculent une culture de consommation de masse et participe de la marchandisation de la culture. Nous avons tant d’artistes et d’auteurs en difficulté, sans parler des nombreux lieux de culture menacés de disparition. C’est un énorme gâchis !

Vous semblez vous borner à une approche consumériste de la culture, alors que ce dont nous aurions besoin c’est de nouveaux outils pour soutenir la création et la diffusion culturelle. Des outils susceptibles de repeupler les déserts culturels et surtout d’ouvrir de nouveaux horizons pour nos jeunes, et pour les catégories de population qui en ont le plus besoin. 

Dans la période particulièrement difficile qui touche de plein fouet les acteurs du milieu culturel notamment, il aurait été de bon ton, et j’avais déjà sollicité votre prédécesseur à ce sujet, de supprimer le Pass culture dans le but de venir en aide aux professionnels du secteur culturel. Madame Bachelot, lors de votre conférence de presse en juillet dernier, vous annonciez qu’un bilan était nécessaire avant sa généralisation. Ce bilan semble en effet indispensable, tant le Pass culture se révèle être un échec. Je souhaiterais vous entendre à ce sujet s’il vous plait.

Par ailleurs, votre volonté d’instaurer pléthore de labels, ancre un peu plus votre vision mercantile de la culture. D’un côté, des labels publicitaires, de l’autre des labels derrière lesquels se cachent des opérations marketing. Vous favorisez la mise en compétition des collectivités entre elles, sous couvert de valorisation et de soutien au dynamisme culturel des territoires et des villes moyennes, fortement impactées par la crise sanitaire.

Enfin, concernant l’archéologie préventive : après des années de baisse budgétaire, les crédits alloués augmentent enfin. Mais parallèlement, vous prévoyez que seuls 6 à 8% des dossiers d’aménagement devront faire l’objet de diagnostics, et que le nombre de fouilles ne devra plus concerner qu’entre 1,5 et 2% des dossiers. Pourtant en 2016, malgré un budget nettement plus contraint, ce sont 10,5% des dossiers qui avaient fait l’objet de diagnostics et environ 2,4% avaient fait l’objet de fouilles préventives. 

Les objectifs sont donc revus à la baisse, et les emplois sous plafonds stagnent, sans revalorisation non plus pour ces métiers. Vous savez le manque de reconnaissance dont souffre la profession. Il existe un écart significatif entre le niveau de formation d’une majorité d’archéologues et leur rémunération. L’enquête publiée en mars de cette année dans la revue « Les nouvelles de l’archéologie » dresse un tableau inquiétant de l’état de précarité dans lequel se trouve une grande partie de la profession. En dépit de cela vous prolongez cette précarité déjà dramatique.

Au regard des éléments que je viens d’énoncer et sans inflexions budgétaires lors de la discussion des amendements, le groupe de la France insoumise votera contre les crédits de cette mission. »

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