Édito | L’urgence climatique requiert bien plus que des promesses

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Alors que les pourparlers internationaux du G7 n’ont débouchés que sur de timides engagements concernant la lutte contre le réchauffement climatique, la mobilisation citoyenne sur ce thème ne cesse de s’amplifier. Quelques jours avant le sommet Action Climat organisé le 23 septembre à New-York, sous l’égide de l’ONU, des millions de jeunes du monde entier ont à nouveau défilé dans les rues, en guise d’avertissement au pouvoir en place dont l’inaction n’est plus tolérable. En France, ce sont plus de 120 événements qui ont été recensés le 20 septembre. En Ariège, c’est le 21 septembre qu’avait lieu au Parc Bouychère à Foix un rassemblement pour élaborer collectivement une stratégie de lutte contre le réchauffement climatique et envisager des actions concrètes à l’échelle individuelle et collective.Lors du sommet du 23 septembre, de nouvelles annonces ont été faites : neutralité carbone d’ici à 2050, respect des objectifs fixés par l’accord de Paris, transition de l’économie grise à l’économie verte, etc. Mais comme l’a déclaré lui-même le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, dans son discours de clôture : « Nous devons élaborer des projets plus concrets et inciter d’avantage de pays et d’entreprises à intensifier leurs efforts. Il est indispensable que toutes les institutions financières, qu’elles soient publiques ou privées, fassent définitivement le choix de l’économie verte. » Je rejoints complètement M. Guterres. L’urgence climatique requiert bien plus que des promesses. Nous avons besoin de mesures politiques fortes et immédiates. Malheureusement pour notre pays, et en dépit du fait que l’ONU l’ait sacré « Défenseur de la Terre », le Président français se paie de mots et n’entreprend guère mieux que quelques manœuvres dilatoires… Les exemples de ses contradictions ne manquent pas. En septembre 2018 devant l’Assemblée Générale de l’ONU, il déclare qu’il ne conclurait aucune entente commerciale avec des pays dont les politiques contreviennent à l’Accord de Paris. Moins d’un an plus tard, sa majorité vote l’adoption du Ceta, l’accord commercial avec le Canada, un pays qui ne respecte pas, notamment, les objectifs de réductions de gaz à effet de serre. Ou encore lors de son passage à Konbini le mois dernier, le Président déclare qu’il faut mettre un terme au processus de déforestation et qualifie d’écocide la déforestation en Amazonie. Pourtant un mois plus tôt, à l’usine Total de Mède, débute la production d’agro-carburant à base d’huile de palme, production autorisée par son gouvernement. Enfin, lorsqu’il installe le Haut Conseil pour le Climat le 27 novembre 2018, Monsieur Macron déclare que nous devons sortir des énergies fossiles. Mais cette année encore, en 2019, notre pays « subventionne » le pétrole à hauteur d’au moins 11 milliards d’euros, par l’intermédiaire de différentes niches fiscales (kérosène, gazole non-routier, exonération partielle pour les entreprises de transport). La mobilisation générale pour le climat se poursuit, et il le faut, car la pression doit impérativement être maintenue sur toutes les chancelleries si nous voulons que cette énième grande messe internationale à l’ONU se traduise en actes concrets. Les ariégeois·e·s font eux aussi leur part. Les Couseranais notamment, ont rassemblé plusieurs centaines de personnes à Saint-Girons le vendredi 4 octobre, un véritable succès !

Aux manifestations pour le climat s’ajoutent les nombreux rassemblements qui s’organisent pour la défense de notre système de retraites par répartition. Fin du monde, fin du mois, même combat ! Non content de piller et de détruire l’environnement, les tenant du capitalisme néo-libéral cherchent toujours de nouveaux moyens de faire les poches aux plus démunis. Le président Emmanuel Macron, qui est décidément bien plus le champion des nantis que le défenseur du climat, a lancé une grande consultation qui doit lui permettre de justifier sa réforme des retraites.Comme à son habitude, le Président ne propose rien d’éminemment nouveau. Il s’agit d’une nouvelle tentative de déboulonner notre Sécurité Sociale que les libéraux ont toujours eu en horreur. L’argumentaire est bien huilé. La Droite nous l’a assez répété ces dernières décennies…Que nous propose En Marche comme solution miracle ? Ils veulent instaurer un système de retraite par points, qui n’est rien d’autre qu’un système par capitalisation. Dans ce nouveau système, chacun saura ce qu’il paie chaque mois, mais n’aura aucune garantie concernant ce qu’il recevra plus tard, lorsqu’il prendra effectivement sa retraite. Tous ceux qui nous dirons le contraire cherchent uniquement à nous tromper. Comme le disait Alain Juppé, homme de Droite, lors d’un discours à la Fondation Concorde en mars 2016 : « Le système par point en réalité ça permet une chose, qu’aucun homme politique n’avoue, ça permet de baisser chaque année le montant des points, la valeur des points, et donc de diminuer le niveau des pensions. » A la France insoumise, nous soutenons qu’il est possible et nécessaire de maintenir un système de retraite par répartition, avec un âge de départ à 60 ans à taux plein. Nous pouvons financer pour tout le monde des pensions de retraites avec un seuil minimum au niveau du SMIC pour une carrière complète. Il faut pour cela mettre à contribution les revenus financiers des entreprises, par l’augmentation du nombre de cotisants et de l’assiette des cotisations (créations d’emplois, hausse des salaires, recul de la précarité, égalité salariale homme/femmes, etc.) et de leur taux. Il faut en finir avec les exonérations fiscales pour les régimes de retraite par capitalisation. Notre groupe parlementaire produira prochainement une contre-proposition de réforme pour le démontrer.

L’actualité a aussi été marquée par un important accident industriel à Rouen. Le 26 septembre vers 2h40, un incendie d’origine inconnue se déclare à l’usine Lubrizol. Classé Seveso, le site produit différents types d’additifs chimiques. Des milliers de tonnes de produits dangereux, stockés dans un hangars coiffé d’amiante, partent en fumée. Le panache de fumée, dont la composition exacte demeure inconnue, s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres, déposant au passage une importante quantité de suie noire sur la végétation, les maisons, les voitures et le mobilier urbain. L’incendie est maîtrisé en fin de journée le 27 septembre, mais l’incident soulève de sérieuses questions qui restent en suspend. De nombreux habitants déclarent souffrir de maux de tête et de nausées. Par mesures de précaution, la récolte des produits agricoles a été interdite par arrêté préfectoral dans certaines communes. Les grands médias n’ont pas transmis immédiatement les informations essentielles concernant l’accident de Lubrizol, ce qui a largement contribué à aggraver les inquiétudes légitimes des habitant·e·s. La communication lacunaire de la préfecture de Seine-Maritime, de l’Agence Régionale de Santé et du Gouvernement a favorisé la diffusion de fausses nouvelles. Les résultats des différentes analyses effectuées ont été communiqués au compte goutte, et la liste exhaustive des produits stockés dans l’usine n’a été rendue publique que la semaine dernière. Bien que les premiers résultats d’analyses fournis par les autorités se veulent plutôt rassurants, en particulier en ce qui concerne la présence potentielle d’amiante et de dioxine dans l’aire, nous savons désormais que sur les 5.253 tonnes de substances présentes dans l’entrepôt qui a brûlé, 856 étaient classées par l’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (Ineris) dans la catégorie H304, qui regroupe les produits qui peuvent être mortels en cas d’ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires. Par ailleurs, des morceaux d’amiantes, éjectés de la toiture du hangar pendant l’incendie, ont été découverts dans certaines propriétés situées dans un rayon de plus de 2 km autour du site. Ces éléments renforcent légitimement le scepticisme d’un grand nombre d’habitants concernant la véracité des informations communiquées au public. Leur défiance est d’autant plus importante que les autorités ont autorisé l’usine Lubrizol a augmenter ses capacités de stockage de matières dangereuses sans évaluation environnementales préalables. L’absence d’évaluation a été rendue possible par la loi ESSOC votée en août 2018 par la majorité En Marche. Pourtant de nombreux dysfonctionnements avaient été relevés sur le site depuis 2013. Les services de l’état avaient pris plusieurs fois la société en flagrant délit d’insuffisances, de pollution et de manquements à la sécurité. Malgré ses apparences de mauvais élève, Lubrizol « est une maison sérieuse. Ils ne se sont pas amusés à faire des choses contraires à la réglementation. » C’est en tout cas ce qu’affirme Patrick Berge, le directeur régional de la DREAL, chargée des contrôles. Circulez, il n’y a rien à voir !

A l’Assemblée Nationale, nous étudions actuellement le projet de loi relatif à la bioéthique qui, outre l’extension de la Procréation Médicalement Assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes non mariées, traite aussi du don d’organes, du traitement automatisé des données médicales personnelles, ou encore de l’utilisation des cellules souches embryonnaires. Il s’agit d’un débat important qui relève du domaine de la philosophie et de la morale, et ne laisse une place plus limitée aux élucubrations technocratiques auxquelles nous ont habitué les député·e·s de la majorité.La séquence suivante sera consacrée à l’étude du Projet de Loi de Finance (PLF) 2020 et du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2020. En dépit des écrans de fumée savamment déployés par monsieur Macron et ses marcheurs, les perspectives offertes par le budget 2020 sont tout sauf reluisantes. En effet les baisses de la fiscalité annoncées sont financées principalement par une baisse du budget alloué aux services publics. Cette année encore, les prestations sociales seront presque gelées avec une revalorisation de seulement 0,3% pour les APL, les allocations familiales, la prime d’activité et l’allocation adulte handicapé, pour une inflation prévue à 1,2%. Les moyens des chambres consulaires (CCI, CMA, Chambre d’Agriculture) sont amputés. Ce sont plus de 1700 postes qui seront supprimés au Ministère de la Transition écologique et solidaire, en dépit de l’augmentation globale du budget, et 1653 au Ministère de l’Action et des Comptes Publics. La Ministre Agnès Buzyn a annoncé 210 millions d’euros en plus pour les EHPAD, cela sonne plutôt bien. Mais rapporté au nombre d’établissements dans le pays, cela équivaut seulement à 0,6 équivalent temps plein d’aide soignant·e par EHPAD, alors que les besoins sont bien plus importants. Pour terminer, si la suppression des recettes liées à la taxe d’habitation seront bien compensées, les dotations aux collectivités ne vont pas augmenter, et la politique de restriction budgétaire va se poursuivre.Sous couvert de vouloir assainir les finances publiques, le gouvernement maintient sa politique d’austérité dont les conséquences se font ressentir d’abord sur les plus démunis et sur les services publics. Tandis que les 500.000 foyers les plus aisés ont bénéficié de plus de 4,5 milliards d’euros de suppression de taxes et autres exonérations, le reste de la population s’est partagé un peu moins de 7 milliards d’euros, du fait de la suppression de la taxe d’habitation, de la baisse des cotisations salariales, et de la revalorisation de certains minima sociaux. A la France insoumise, nous défendons l’idée qu’une autre répartition des richesses est indispensable. Une réelle contribution de la portion la plus riche de la population nous permettrait de redonner un peu de couleurs à nos services publics et de tendre vers plus d’équité entre les êtres humains. Nous défendrons notre vision de la solidarité dans l’hémicycle lors de l’étude du PLF et du PLFSS 2020.

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