L’écologie, notre « ardente obligation »

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La semaine dernière avait commencé avec la nomination de François de Rugy pour succéder à Nicolas Hulot. Elle s’est achevée avec de nombreuses marches pour le climat partout en France. Voilà qui en dit long sur la situation. Il faut saisir toute la signification de ce moment.

La première chose à observer : la prise de conscience écologique est quasiment arrivée à maturité dans notre population. Les décideurs devraient en avoir pleine conscience. Les graines ont été semées il y a longtemps déjà. Bien des pionnier·e·s ne sont plus là pour assister à la floraison de leurs efforts, mais nous savons ce que nous leur devons. Devant l’immensité des défis qui se présentent devant nous, il est bon aussi de regarder le chemin parcouru, depuis la dénégation totale, l’indifférence, jusqu’à la prise de conscience d’une grande partie de la population de l’urgence d’agir.

L’action militante, le travail de conviction sont souvent ingrats, peu visibles, car les idées progressent lentement. Il est souvent rageant de constater qu’il faut autant de temps pour diffuser des idées, alors qu’il est si urgent d’agir. Mais cela ne doit jamais faire abandonner le travail de conviction. On l’ignore trop souvent ; les journalistes, notamment, occultent ce fait. Pour faire progresser une idée, il faut la force et le courage de dizaines de milliers de personnes qui consacrent leur temps à la défense de l’intérêt général. Parmi celles et ceux qui ont marché ce dimanche, pour combien était-la première fois ? Les médias, friands d’une jolie histoire, sont souvent revenus sur l’histoire de ce jeune homme qui pris seul l’initiative de la marche parisienne en créant un évènement sur Facebook. Il est emblématique : une nouvelle génération est en train de reprendre le flambeau ; excellente nouvelle !

Le deuxième point découle du premier. Dans les esprits de millions de personnes, l’écologie n’est pas forcément un programme politique ; en revanche, c’est le préalable à toute prise de décision politique. Les gens savent et veulent que désormais toute initiative soit passée au crible de l’écologie. Rien de nouveau ne devrait être fait sans se demander si cela nuira ou non à l’environnement, contribuera ou non au réchauffement climatique, à la destruction de la biodiversité. Même les plus désinvoltes sentent bien que les projets qui ne passent pas ce test ne devraient pas voir le jour. Au minimum, ils devraient être compensés par d’autres projets, positifs pour l’environnement. Voilà une idée simple et concrète qui se résume d’un mot : il faut une planification écologique. Même quand on est réticent à contrôler l’économie, on aboutit à l’idée qu’il faut orienter l’activité du pays en faveur de la transition écologique : idée simple, concrète et imparable. Voilà ce qu’est la planification écologique !

Les conditions climatiques compatibles avec la vie humaine sur terre ne pourront être préservées sans une action méthodique de l’Etat. Le garant de l’intérêt général devra naturellement coordonner la multitude des initiatives qui participeront à la transition. Dans une France détruite par la Deuxième Guerre mondiale, les Français ont réussi le tour de force de la reconstruction, en particulier grâce à la planification. Aujourd’hui, la destruction est d’une nature différente, mais le pays est en miettes et la planète brûle. La planification est plus que jamais, comme de Gaulle l’appelait, une « ardente obligation ». Cette idée de bon sens se heurte pourtant à la logique du capitalisme financier que défendent Emmanuel Macron et son gouvernement. Une part très importante de la population le sait.

C’est la troisième leçon de ces marches pour le climat. Les femmes et les hommes qui ont marché par milliers ce samedi ne font pas confiance au gouvernement pour « gérer » seul cette question. Chacun·e a compris que François de Rugy était mandaté pour céder à tous les lobbies. Il a commencé en validant le projet dévastateur dit de la « montagne d’or » en Guyane. Au nom d’illusoires bienfaits économiques immédiats, les multinationales font accepter n’importe quoi à ce gouvernement qui travaille pour elles. Rien ne changera si le peuple lui-même n’impose pas de rompre avec la doctrine du « business as usual ». C’est pourquoi, pour nous, il vaut mieux mille fois que la société se mobilise dans des rassemblements sans étiquette plutôt qu’un groupe cherche à défendre une écologie « pure et dure » et monopolise l’appellation « écologiste ». Fort heureusement, l’écologie ne peut pas se réduire à un mouvement politique. Tous les partis politiques devraient être écologistes, non comme un chapitre à part, mais ont le devoir d’expliquer en quoi leur programme permettra de préserver les conditions de vie compatibles avec la vie humaine sur terre. Chaque fois qu’un·e citoyen​.ne se pose la question de l’écologie, il ou elle aboutit nécessairement aux idées que j’ai dites : la nécessité de planifier et d’en finir avec les copinages entre décideurs politiques et économiques. Les querelles de chapelle sont sans objet : si nos idées sont les bonnes, notre heure viendra nécessairement. Aujourd’hui, l’urgence est connue. Le grand nombre sait quels sont les obstacles à une politique écologique. De plus en plus de personnes sont prêtes à participer à l’espèce de mobilisation générale que la transformation du pays demande. Elles l’ont fait savoir en marchant samedi. Samedi prochain, la France insoumise partcipera à la journée mondiale de collecte des déchets sauvages Elle ne règlera pas tout les problèmes bien sûr mais il faut plus que jamais faire monter la pression sur les pouvoirs publics et donner à voir l’énergie qui habite des milliers de personnes, bien décidées à changer les choses. Face aux catastrophes il y a quelque chose d’enthousiasmant à sentir cette disponibilité des citoyen·ne·s devant un grand projet au service de l’intérêt général humain.

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