TRIBUNE - De Rugy ou pas, c’est le retour de la vieille politique au ministère de la transition écologique

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Cette tribune rédigée par Mathilde Panot et Loïc Prud’homme a été originellement publiée dans le Huffington Post.

Des dizaines d’associations, de personnalités ont appelé Emmanuel Macron à changer de cap. Quelle est sa réponse ? Continuer en choisissant l’homme du reniement.

Voici quelques jours que Nicolas Hulot a démissionné sur un constat simple : la cohérence générale des politiques gouvernementales est anti-écologique et empêche de répondre correctement aux défis posés par le changement climatique et l’extinction des espèces. Il a affirmé très clairement ce que nous pensons de longue date, à savoir que le libéralisme est incompatible avec l’écologie. Qu’il faut changer de modèle, et non se contenter d’aménagements à la marge ou d’insérer de petites touches vertes pour avoir l’air gentil quand en réalité on défend la finance et on écrase les pauvres.

Cette démission était un événement politique, sans aucun doute. Mais tout a été fait pour escamoter le contenu de ce qu’a dit l’ancien ministre et le faire passer pour une personne instable. L’attention médiatique s’est concentrée sur la succession sans mentionner les enjeux politiques majeurs qui sous-tendent la démission de Nicolas Hulot. Ce dernier n’a pas seulement « entaché la rentrée politique » du gouvernement. Son départ porte un coup à la prétention verte d’un gouvernement qui défend le vieux monde : toujours moins de régulations, toujours plus d’argent pour les riches, toujours moins de moyens pour l’Etat, toujours plus d’inégalités qui défont notre société. En dénonçant les lobbys au cœur même du gouvernement et de l’Elysée, Nicolas Hulot a mis en lumière l’impossibilité de mener une politique écologique à la hauteur des urgences.

Alors, mardi, fin du suspense : François de Rugy remplace Nicolas Hulot. Mais cette résolution du drame sans intérêt mis en scène depuis quelques jours laisse dans le même état la tragédie présente. Notre espèce court à sa perte. Nos dirigeants aggravent les facteurs de sa destruction. Bien que tout le monde ait connaissance de ce fait brut, les gouvernements continuent aveuglément à pédaler dans leur pauvre semoule.

Au lieu de ne cesser de se demander : qui ? La question essentielle aurait dû être : pourquoi faire ?

Des dizaines d’associations, de personnalités ont appelé Emmanuel Macron à changer de cap. Quelle est sa réponse ? Continuer en choisissant l’homme du reniement. Celui qui a soutenu Macron contre toutes ses promesses et qui, depuis un an déjà, a dû oublier jusqu’au souvenir de ses éventuelles convictions écologistes passées. Nicolas Hulot est un homme de bonne volonté. Ce qui tient lieu de volonté à François de Rugy tend vers un seul objectif : aller de poste en poste. Il ne fera pas de vague. Ces sauts de puce ne changeront rien au problème.

Nous continuerons, avec la France insoumise, à avancer nos propositions sérieuses qui reposent sur une conscience aigüe des enjeux écologiques. La règle verte que nous inscrirons dans la Constitution doit fixer un principe d’organisation pour le pays : notre organisation sociale et économique, dans toutes ses dimensions, doit intégrer la dimension écologique. Il ne faut pas prélever à la nature plus qu’elle ne peut renouveler en un an. Nous devons aller vers le 100% d’énergies renouvelables, la rénovation thermique pour lutter contre le gaspillage énergétique et faire en sorte que plus personne ne se chauffe pas en hiver. Tant d’idées sont sur la table, les constats comme les actions nécessaires sont connus. Nous sommes prêt.e.s à les mettre en œuvre.

En matière d’écologie, seuls le courage et la volonté politiques sont nécessaires. François de Rugy, tout comme la majorité présidentielle, ne possèdent ni l’une ni l’autre de ces qualités. Le vieux monde est en marche. Contre lui, nous sommes l’alternative à la faillite écologique et sociale de ce régime en crise.

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