Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, est l’occasion de s’arrêter sur les inégalités femmes-hommes en France. La libération de la parole des femmes a ainsi permis aux premières concernées de revendiquer leurs droits de manière puissante. Mais faute d’un soutien politique effectif, les progrès réels sont très lents. Ils pourraient pourtant être accompagnés et accélérés par des politiques appropriées. Elles ne sont malheureusement pas prévues. Pourtant, sur de nombreux fronts, les progrès sont presque inexistants, comme le montre ce chronomètre des inégalités (qui explique, au rythme actuel, en quelle année les situations des femmes et des hommes seront égalisées) :
- Le travail domestique ? Hourra, en 2054 ! Entre 1999 et 2010, on a assisté à une évolution du temps consacré chaque jour par les femmes et les hommes au travail domestique. Mais cette évolution est frappante : les femmes ont travaillé 22 minutes de moins… et les hommes 1 minute de plus ! Avant l’égalisation du temps de travail domestique, 40 ans d’attente. Ici non plus, les progrès ne sont pas rapides, et ils ont notamment été permis par la baisse du temps de travail à 35 heures hebdomadaires. Quoiqu’il en soit, si personne ne se bouge, deux générations de femmes connaîtront encore l’exploitation à domicile.
- L’égalité des revenus : pour 2087. La différence de revenus entre femmes et hommes dépasse 15% en France (si l’on compare par heure, en annulant l’effet du temps partiel féminin). Depuis 2008, elle ne s’est résorbée que de 10%. A cette vitesse, nous aurons l’égalité des revenus horaires dans 3 générations de travailleuses, et après quatorze mandats de Sarkozy, Hollande, Macron et compagnie.
- L’égalité des salaires : pour 2164. En réalité, les inégalités de revenu par heure minorent le problème. Car les femmes et les hommes ne travaillent toujours pas le même nombre d’heures. Le temps partiel a encore et toujours un visage de femme. Du coup, elles gagnent 25% de moins que les hommes en moyenne ! Un tiers d’entre elles ouvrent moins de 35 heures par semaine, contre seulement 8% des hommes. Certes, l’écart se résorbe progressivement. Mais il est essentiellement réduit par la montée du temps partiel masculin, et pas par la diminution du temps partiel féminin. Surtout, avec la tendance qui est en cours depuis 2003, et face aux bras ballants de nos gouvernements, il faudra attendre 29 quinquennats d’inaction pour égaliser le temps partiel des femmes et des hommes. Mais nous ne pouvons plus attendre : avec des retraites presque deux fois inférieures à celles des hommes (42%), les femmes paient les inégalités qui s’accentuent au long de la carrière. Avec la diminution des pensions de retraite promises aux travailleuses âgées, qui sont aussi matraquées par la hausse CSG, la pauvreté guette.
- L’égalité en politique, vers 2100 : dans l’univers politique, les choses ne sont pas plus brillantes. Depuis la loi sur la parité, l’égalité ne progresse qu’à petits pas. Le nombre de femmes maires ne s’élève que doucement, pour atteindre 16% aujourd’hui. A ce rythme de progression, ce n’est qu’en 2097 que la moitié des mairies seront dirigées par des femmes. Dans les collectivités locales, rebelote, puisque les présidentes de conseils départementaux ne représentent que 8% de l’ensemble.
Vous ne voulez pas condamner encore plusieurs générations de femmes à vivre dans des conditions socioprofessionnelles et politiques moins bonnes que les hommes ? Bonne nouvelle : ce chronomètre se résorbera en fonction de votre implication pour l’égalité !